Epidémie de leishmaniose au Kenya

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Selon les médias, au moins 19 cas de leishmaniose viscérale, ou kala-azar, maladie parasitaire, ont été signalés à Mandera, dans le nord-est du Kenya. Les patients avaient été envoyés pour soins à Wajir pour traiter la maladie.

Rappel sur la leishmaniose viscérale :

Les leishmanioses sont un groupe de maladies causées par des parasites protozoaires du genre Leishmania de la famille des Trypanosomatidae. Il existe quatre principales formes cliniques de leishmaniose :

  • la forme viscérale, souvent appelée kala-azar et forme la plus grave de la maladie (VL) ;
  • la forme cutanée, la plus courante qui peut être localisée (CL) ou diffuse (DCL) ;
  • la forme cutanéo-muqueuse (MCL) ;
  • une quatrième forme clinique, la leishmaniose dermique post-kala-azar, est une séquelle de la leishmaniose viscérale.

La taxinomiedes Leishmania est complexe. Environ 53 espèces de Leishmania ont été décrites (sans tenir compte des synonymes et comprenant les cinq sous-genres et complexes : Leishmania, Viannia, Sauroleishmania, _L. enriettii_complex et Paraleishmania) ; parmi celles-ci, 31 espèces sont connues pour être des parasites de mammifères et 20 espèces sont pathogènes pour les êtres humains. Parmi ces espèces, 3 sont associées à des formes viscérales de l’infection :

  • L. donovani isolée en Afrique centrale, Asie du Sud, Moyen-Orient, Inde, et Chine
  • L. infantum isolée en Afrique du Nord, pays méditerranéens (Europe et Afrique du Nord), Europe du Sud-Est, Moyen-Orient, Asie centrale, Amérique du Nord, centrale et du Sud (Brésil, Venezuela, Bolivie, Mexique)
  • et plus rarement L. tropica isolée en Afrique centrale et du Nord, Moyen-Orient, Asie centrale, Inde.

La transmission de la leishmaniose se fait par la piqûre de phlébotomes (ou mouche des sables) femelles infectées : le genre Phlebotomus est actif dans l’Ancien Monde et le genre Lutzomyia dans le Nouveau Monde. Le risque de transmission est le plus élevé du crépuscule à l'aube. Bien que les phlébotomes soient moins actifs pendant la période la plus chaude de la journée, ils peuvent piquer si ils sont dérangés dans leurs zones de repos (troncs d'arbre, murets de pierre sèches …).

On distingue deux types de LV en fonction du réservoir de parasites :

  • la forme zoonotique liée à L. infantum, avec le chien comme principal réservoir de parasites,
  • la forme anthroponotique liée à L. donovani et L. tropica, où l’homme est la seule source d’infection pour le vecteur.

Selon les estimations, il y aurait chaque année entre 50 000 et 90 000 nouveaux cas /an de LV dans le monde et 20 000 à 30 000 décès. En janvier 2021, 54 pays sur 79 où la LV est endémique ont communiqué des données au programme mondial de l'OMS sur la leishmaniose pour 2019. En 2019, 13 809 cas ont été signalés (17 036 en 2018). En 2019, plus de 90 % des cas de LV ont été signalés dans huit pays : Brésil (2 529 cas), Érythrée (514 cas), Éthiopie (1 360 cas), Inde (2 822 cas), Kenya (1 247 cas), Somalie (293 cas), Soudan du Sud (1 013 cas) et Soudan (2 563 cas). En 2018, la France avait signalé 17 cas autochtones de LV et 5 cas importés.

Dans sa forme classique la LV est une infection de l’enfant. Le délai d’incubation est variable, classiquement de 3 à 6 mois. Une fièvre irrégulière (37,8-38,5 °C) va ensuite s’installer en 2 à 3 semaines. Progressivement vont apparaître une augmentation de volume du foie et de la rate, une anémie et une altération de l’état général avec amaigrissement. L’évolution spontanée se fait vers le décès au bout de plusieurs mois, voire années.Chez l’adulte, la forme est moins typique pouvant se limiter à une anémie et une augmentation modérée du volume de la rate. Si l’infection touche des personnes infectées par le VIH, elle peut comporter des localisations inhabituelles traduisant la diffusion du parasite dans l’organisme en l’absence de contrôle de l’immunité.

Plusieurs schémas thérapeutiques sont proposés et leur mise en œuvre relève d’équipes médicales spécialisées. Les molécules suivantes sont utilisées comme traitement : amphotéricine B, miltéfosine, paramomycine, antimoniés.

Recommandations pour les voyageurs :

Les voyageurs qui ont des activités à l’extérieur, plus particulièrement la nuit ou au crépuscule, peuvent présenter un risque accru de leishmaniose. Il n’existe pas de vaccin ou de traitement préventif de la leishmaniose. La prévention pour le voyageur repose sur la protection personnelle anti-vectorielle. Il s’agit :

  • D’éviter autant que possible les activités de plein air, en particulier du crépuscule à l'aube, lorsque les phlébotomes sont généralement les plus actifs.
  • De porter de vêtements couvrants imprégnés de produits insecticides vêtements (pyréthrinoïdes).
  • D’utiliser des répulsifs cutanés autorisés sur la marché sur les parties découvertes du corps en respectant leurs règles d’utilisation qui tient compte de la molécule utilisée, de sa concentration et de l’âge (DEET)
  • De dormir sous une moustiquaire à mailles serrées (les phlébotomes peuvent passer à travers un maillage de 2 à 3 mm), imprégnée de pyréthrinoïdes.

Source : Outbreak News Today.

 

 

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