Les animaux venimeux

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Responsables de peu de décès en Europe, les animaux venimeux constituent en revanche un problème de santé publique en zone tropicale.

1- Quels sont les principaux animaux venimeux et quels sont les risques ?

Au premier rang arrivent les serpents qui sont responsables de 20 % des accidents liés aux animaux venimeux mais de 80 % des décès associés. On distingue classiquement le syndrome vipérin, associant troubles de coagulation et signes loco-régionaux (douleur, œdème, nécrose), et le syndrome cobraïque avec signes neurologiques. En pratique, les morsures de serpent sont responsables de tableaux variés pouvant associer également hypotension artérielle, insuffisance rénale, atteinte musculaire ou troubles cardiaques. Toutefois, plus d'un tiers des morsures sont dites sèches, c'est-à-dire sans injection de venin.

Le tableau provoqué par une piqûre de scorpion peut aller de simples réactions locales et douloureuses dans la majorité des cas, à de graves manifestations cardiaques, respiratoires ou neurologiques engageant le pronostic vital dans 2% des cas. Les envenimations dues aux araignées dangereuses pour l'homme (moins d'une dizaine d'espèces dans le monde) sont distinguées entre forme neurologique et forme nécrosante.

Les animaux marins les plus souvent responsables d'envenimations sont les méduses, les poissons et les cônes. Les lésions engendrées par les espèces autochtones touchent seulement le membre piqué (douleur parfois intense, tuméfaction et nécrose locale) mais l'envenimation liée à certaines espèces tropicales peut aboutir à une défaillance d'organe.

2- Quels premiers soins réaliser après un accident lié à un animal venimeux terrestre ?

Il faut calmer et rassurer la victime. La mise au repos en position allongée et l'immobilisation du membre mordu ralentissent la diffusion du venin. Les garrots potentiels (bague, bracelet) sont retirés avant l'installation de l'œdème. La plaie doit être désinfectée à l'aide d'un produit incolore type Dakin ou Chlorexidine afin d'éviter de masquer des signes inflammatoires locaux. La glace a une action antidouleur et anti-œdémateuse mais ne doit pas être appliquée directement contre les lésions. En cas d'atteinte oculaire par projection de venin par cobras africains ou de soies urticantes par mygales sud-américaines, les yeux doivent être lavés abondamment. En cas de défaillance vitale, les gestes de secourisme sont débutés dans l'attente des secours médicalisés.

L'incision, la cautérisation, la succion de la plaie, le garrot artériel sont inutiles et même dangereux pour le patient. Les dispositifs type Aspivenin sont inefficaces. L'injection d'héparine est formellement contre-indiquée.

3- Quels premiers soins en cas d'envenimation marine?

Le décès suite à une envenimation marine reste toutefois exceptionnel et le plus souvent lié à la noyade. C'est pourquoi le retrait de la victime hors de l'eau doit être immédiat.

En cas d'envenimation par méduses, les lésions cutanées sont rincées à l'eau de mer, l'eau douce hypo-osmotique étant contre-indiquée. Les tentacules collés à la peau, invisibles chez certaines espèces, doivent être éliminées au moyen de pincettes ou de gants. L‘application de mousse à raser ou de sable sur les lésions entraîne un décollement "passif"; des tentacules adhérents, qui seront ensuite éliminées au moyen d'un morceau de carton rigide ou d'une lame de couteau.

En cas de piqûre par un poisson ou par un cône, une éventuelle combinaison de plongée est enlevée avant l'apparition d'un œdème rapidement extensif. L'enfant doit être installé au repos en position demi-assise. La plaie est rincée et les débris d'appareil venimeux sont retirés lorsqu'ils sont facilement mobilisables. La désinfection des lésions doit être systématique. La pression-immobilisation précoce de la zone piquée (bandage large comprimant le réseau lymphatique et veineux superficiel tout en respectant les pouls distaux) est efficace tandis que le garrot, l'incision ou la succion sont à proscrire.

La prise en charge de la douleur est une priorité et permet de ralentir la diffusion du venin par application de glace dans une poche ou de cold-packs. Le choc thermique est le traitement antalgique de choix en cas d'envenimation par poissons, du fait du caractère thermolabile de leurs venins : on approche une source de chaleur (sèche-cheveux ou immersion dans un bain chaud à température supportable pour l'enfant), puis on applique un glaçage ou on immerge le membre piqué dans l'eau glacée.

4- Quand faut-il consulter un médecin ?

Un avis médical est toujours préférable en cas de morsure de serpent. Pour les autres animaux venimeux, il est recommandé en cas de signes généraux : cardio-vasculaires, respiratoires, neurologiques ou digestifs par exemple.

5- L'utilisation d'antivenin est-elle systématique ?

La plupart des envenimations ne nécessite pas d'antivenin. En revanche, ce traitement représente la seule thérapeutique efficace dans les envenimations ophidiennes graves. Son indication rationnelle repose sur l'estimation de la gravité du tableau.

Dans le cas des scorpions et des araignées, le traitement symptomatique est d'autant plus important que l'antivenin pas toujours disponible n'est efficace que s'il est administré précocement.

L'envenimation par les animaux marins des littoraux métropolitains ne nécessite pas d'antivenin. En revanche, les piqûres des redoutables poissons-pierre présents à la Réunion ou en Nouvelle-Calédonie sont une indication à l'injection précoce en pré-hospitalier.

Source : Georges Mion, Sébastien Larréché et Max Goyffon. Aspects cliniques et thérapeutiques des envenimations graves. Ganges : Editions Urgence pratique 2010 : 255 p.

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