Infections à Candida auris signalées au Brésil

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Au Brésil, l'Agence nationale de surveillance de la santé (Anvisa) a signalé cette semaine la troisième épidémie de Candida auris au Brésil.

Deux cas sont survenus dans un hôpital de l’État de Pernambuco (PE) chez un patient de 38 ans et d'une patiente de 70 ans. Le premier cas a été confirmé le 11 janvier 2022 et le second le 13 janvier par le Laboratoire Central de Santé Publique. Un cas possible a également été signalé dans l’État de Bahia.

Rappels du Candida auris :

Candida auris est un agent pathogène qui figure parmi les nouvelles menaces émergentes résistantes aux médicaments selon les autorités sanitaires.

C. _ auris _ est une levure qui fait partie du complexe Candida haemulonii. Cette levure a été identifiée pour la première fois en 2009 au Japon, mais une étude rétrospective menée en Corée du Sud a permis d’identifier C. auris comme responsable d’infections invasives dès 1996. Le séquençage a montré l’existence de 5 clades de C. auris identifiés par leur origine géographique. L'identification de cette espèce est difficile et nécessite l'utilisation de la spectrométrie de masse ou une identification moléculaire (séquençage des régions ITS (Internal transcribed Spacer) et D1/D2). Outre sa persistance dans l'environnement, C. auris se caractérise par une sensibilité diminuée aux antifongiques, certaines souches présentant des résistances à une ou plusieurs classes d'antifongiques. Vis-à-vis des antiseptiques, la chlorhexidine a montré une efficacité in vitro mais l’efficacité in vivo n’a pas été montrée.

De nombreux pays ont rapporté des cas sporadiques ou des épidémies d'infections ou colonisations à C. auris. C’est en 2013 que les premières épidémies en Inde et au Royaume Uni ont été décrites, puis en 2014 en Afrique du Sud et au Koweït, et en 2016 sur le continent américain et dans d’autres pays d’Europe (Espagne au premier plan). Au 15 février 2021, 47 pays sur les cinq continents avaient rapporté un ou plusieurs cas d’infection à C. auris.

Le _ réservoir _précis de C. auris n’est pas connu. C. auris ne fait pas partie de la flore humaine commensale. Il est acquis en milieu de soins. Cette levure peut persister plusieurs mois dans l'environnement et chez les personnes colonisées ou infectées.

La _ transmission _se fait par contact direct de personne à personne ou par contact indirect via l’environnement (surfaces contaminées humides ou sèches, telles que les montants de lits, les tables, les lavabos, la literie, etc.) et le matériel de soins contaminé (en particulier les dispositifs réutilisables). L’éradication de C. auris d'un patient colonisé ou d'un environnement de soins contaminé est difficile.

Les infections à__C. auris décrites sont principalement des cas de fongémies, mais sont aussi des infections du tractus respiratoire, des voies urinaires, de la sphère ORL, des voies biliaires, de plaies après chirurgie, au niveau de points d’insertion des cathéters, du liquide cérébro-spinal. Les infections invasives sont associées à un taux de létalité élevé, de 18 à 72%. Ces constatations sont liées aux nombreuses comorbidités de ces patients. De nombreux facteurs de risque ont été décrits : séjour en soins intensifs, ventilation mécanique, immunodépression, diabète, atteinte rénale chronique, port d’un cathéter vasculaire ou urinaire, traitements antifongiques et antibiotiques à large spectre.

Sur la base des données limitées disponibles à ce jour, selon les US Centers for Disease Control and Prevention (CDC), le traitement des infections à C. auris repose sur un médicament de la classe des échinocandines, l’amphotéricine B restant le traitement de première intention chez les enfants de moins de 2 mois. Même après le traitement des infections invasives, les patients restent généralement colonisés par C. auris pendant de longues périodes, voire indéfiniment. Par conséquent, toutes les mesures de contrôle de l'infection recommandées doivent être suivies pendant et après le traitement de l'infection à C. auris (gestion des dispositifs invasifs, antisepsie cutanée méticuleuse en cas de chirurgie, gestion des antibiotiques).

Les mesures d'hygiène sont essentielle pour éviter la diffusion de cette levure et reposent sur le respect des précautions standards en particulier sur l’hygiène des mains, la mise en œuvre de précautions complémentaires contact, la désinfection de l’environnement. Ces mesures sont à maintenir en cas de mouvement des patients colonisé ou infecté.

Références : (1) Haut conseil de la santé publique. 2019. Avis relatif aux mesures de prise en charge de patient infecté ou colonisé par Candida auris et au rapport bénéfice-risque d’une prescription d’antifongiques en prophylaxie. (2) US Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Candida auris (dernière mise à jour du 22 juillet 2021) ;

Sources : Outbreak News Today.

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