Le développement de vaccins contre le virus respiratoire syncitial avance à grands pas

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En cette période pré-hivernale, chacun a entendu parler des infections respiratoires et, particulièrement, de la bronchiolite du nourrisson et de son principal responsable, le virus respiratoire syncitial (VRS). Ce virus qui circule activement de l'automne au printemps infecte 90 % des enfants durant les deux premières années de leur vie. Dans quelques cas, les conséquences peuvent être graves : l'infection débute généralement par une rhinite, celle-ci peut évoluer vers la bronchiolite et parfois vers une pneumonie avec détresse respiratoire. L'hospitalisation est alors nécessaire. Mais le VRS n'épargne pas les adultes, surtout passé 60 ans, pour lesquels l'infection peut avoir les mêmes conséquences que la grippe.

Depuis des années, des recherches sont menées pour mettre au point un vaccin, mais l'entreprise s'est heurtée à plusieurs difficultés (1). Elles tiennent entre autres au fait qu'il existe deux types de VRS (A et B), que la protéine F de surface qui porte les principaux antigènes peut se présenter sous plusieurs conformations, et que des phénomènes de facilitation de l'infection peuvent être déclenchés par certaines formules vaccinales. Dans les années 1960, deux décès sont survenus chez des enfants non infectés auparavant, vaccinés avec un vaccin inactivé au formol et qui ont présenté ensuite une infection par le VRS grave. Une difficulté tient aussi au fait qu'il faut protéger des nouveau-nés et des enfants très jeunes, alors que leur système immunitaire est encore immature. Plusieurs approches sont donc utilisées aujourd'hui, basées sur des plateformes différentes : virus entier, sous-unités, adjuvants permettant d'orienter la réponse immunitaire, vaccins vectorisés, et maintenant ARN messager. Les formules sont adaptées en fonction des populations à protéger : jeunes enfants, personnes âgées, femmes enceintes (le but étant alors de protéger l'enfant à naitre par transfert d'anticorps).

Plus de trente candidats vaccins contre le VRS seraient ainsi en développement, et 9 ont atteint les phases III de leurs essais cliniques. Les plus avancés sont sans doute ceux de GSK (un vaccin destiné à l'adulte âgé, composé d'une protéine virale F recombinante et de l'adjuvant « maison » AS01E, dont l'EMA a accepté d'examiner la demande d'AMM) et de Pfizer (un vaccin également protéique, bivalent, administré durant la grossesse, qui se montre très efficace pour protéger les nouveau-nés pendant les premiers mois de vie) (2).

Utilisant de son coté la technologie de l'ARN, Moderna travaille à la mise au point d'un vaccin multivalent contre le SARS-CoV-2, les virus grippaux et le VRS ; les essais sont en cours.

Des progrès dans la connaissance de l'immunité et l'utilisation d'adjuvants permettant d'orienter la réponse vaccinale font espérer dans un avenir proche la mise au point de vaccins efficaces chez les tout jeunes enfants (3).

En novembre 2022, c'est le produit mis au point par Sanofi et AstraZeneca (Beyfortus® ou nirsevimab) qui a reçu l'autorisation de mise sur le marché de la Commission européenne (4). Il ne s'agit pas à proprement parler d'un vaccin, mais d'un anticorps à longue durée de vie, capable de protéger, en une seule administration, les nouveau-nés et nourrissons pendant toute une première saison d'exposition au VRS. Le nirsevimab se différencie ainsi du palivizumab (Synagis®), un autre anticorps actif autorisé depuis 1999, mais qui doit être administré tous les mois en injection intramusculaire durant la période de circulation du virus.

Références

  1. A. Killikelly, M. Tunis et coll. Aperçu de la filière de candidats vaccins contre le virus respiratoire syncytial au Canada.
  2. Press release. Pfizer Announces Positive Top-Line Data of Phase 3 Global Maternal Immunization Trial for its Bivalent Respiratory Syncytial Virus (RSV) Vaccine Candidate.
  3. S.D. van Haren, G.K. Pedersen et coll. CAF08 adjuvant enables single dose protection against respiratory syncytial virus infection in murine newborns.
  4. Communiqué de presse de Sanofi Pasteur. Communiqué de presse: La Commission européenne accorde la première autorisation au monde à Beyfortus® (nirsevimab) pour la prévention des infections par le VRS chez le nourisson.

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