Le point sur l'épidémie de botulisme liée à des injections de neurotoxine botulique dans l'estomac pratiquée en Turquie

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Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a publié le 3 avril 2023 une mise à jour sur les cas de botulisme iatrogène lié à l'injection intra-gastrique de la neurotoxine botulique survenus en Europe (voir la nouvelle 20557 du 10 mars 2023).

Depuis fin février 2023 et jusqu'au 30 mars 2023, 87 cas de botulisme liés à une injection intragastrique de neurotoxine botulique (BoNT) ont été rapportés en Allemagne (30), en Autriche (1), en France (1), en Suisse (2) et en Turquie (53).

Les informations actuellement disponibles indiquent que tous les cas ont fait l'objet d'interventions médicales visant à les aider à perdre du poids (La toxine inhibe principalement les contractions musculaires des muscles lisses et striés en diminuant la libération d'acétylcholine à la jonction neuromusculaire. Le mécanisme d'action est lié au retard de la vidange gastrique et à la satiété précoce, ce qui entraîne une perte de poids). Ces interventions ont eu lieu entre le 3 février et le 1er mars 2023 en Turquie. Les cas auraient reçu des injections intra-gastriques de neurotoxine botulique (BoNT) pour le traitement de l'obésité dans deux hôpitaux privés : l'un à Istanbul et l'autre à Izmir. L'Allemagne a rapporté que pour les patients allemands, les doses injectées se situaient entre 1 000 et 2 500 unités de BoNT. Les symptômes allaient de légers à graves et plusieurs cas ont été hospitalisés. Parmi les personnes hospitalisées, certaines ont été admises dans des unités de soins intensifs et ont reçu un traitement à base d'antitoxine botulique.

Les personnes qui se sont rendues à Istanbul et Izmir pour recevoir un traitement BoNT intragastrique entre le 3 février et le 1er mars 2023 sont invitées à consulter un médecin , en particulier si elles ressentent des symptômes tels qu'une faiblesse, des difficultés à respirer et/ou à avaler. L'ECDC encourage vivement les citoyens de l'UE/EEE à éviter les traitements intra-gastriques au BoNT pour l'obésité en Turquie, car ils sont actuellement associés à un risque important de développer le botulisme.

Des enquêtes menées par les autorités turques ont révélé que des produits BoNT autorisés ont été administrés sans indication pour le traitement de l'obésité par des injections intra-gastriques. En conséquence, les services concernés des deux hôpitaux ont vu leurs activités suspendues et des enquêtes ont été ouvertes à l'encontre des parties impliquées.

Source : ProMED, Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC)