Le Japon signale le décès d'une femme due au virus Oz en 2022

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Au Japon, selon les autorités préfectorales et le ministère de la santé, une septuagénaire est décédée dans la préfecture d'Ibaraki, au nord-est de Tokyo, après avoir contracté le virus Oz, faisant de son cas le premier décès au monde dû à cette infection possiblement transmise par les tiques. La malade est décédée d'une myocardite, 26 jours après son hospitalisation..

Elle s'était rendue dans un établissement médical au cours de l'été 2022 après avoir développé des symptômes, notamment de la fièvre et de la fatigue. On lui avait diagnostiqué une pneumonie, mais son état s'étant aggravé, elle a été hospitalisée et une tique avait été trouvée sur la partie supérieure de sa cuisse droite

Rappels sur le virus Oz

Le virus Oz, est un nouveau membre du genre Thogotovirus, famille des Orthomyxoviridae, qui a été isolé pour la première fois à partir d'un groupe de trois nymphes de tiques Amblyomma testudinarium collectées dans la préfecture d'Ehime, au Japon en 2018. A ce jour, il n'a pas été découvert en dehors du Japon. Les analyses phylogénétiques ont révélé que le virus Oz est plus étroitement lié aux virus Dhori, Batken et Bourbon qu'aux autres Thogotovirus. Il a été démontré que le virus Oz provoquait une infection mortelle chez des souris allaitantes soumises à des tests expérimentaux.

Une publication récente dans la revue Emerging Infectious Diseases présente les résultats de deux enquêtes de séroprévalence réalisée au Japon chez des mammifères, y compris des humains.

Étude 1 : Cette étude sérologique a porté sur 24 chasseurs et 240 animaux sauvages (40 macaques japonais [Macaca fuscata], 124 sangliers [Sus scrofa] et 76 cerfs sika [Cervus nippon]) capturés dans la préfecture de Yamaguchi, une préfecture proche de celle d’Ehime et d’environnement similaire. Les taux de séroprévalence d’anticorps neutralisant dans les populations étudiées étaient les suivants : 8,3 % (n=2) chez l’Homme, 47,5 % chez les macaques, 60,5 % chez les sangliers et 73,7 % chez les cerfs sika. Les deux personnes porteuses d’anticorps avaient chassé des sangliers et des cerfs sika.

Étude 2 : Cette deuxième étude qui ciblait plusieurs préfecture, a reposé sur l’utilisation d’un test ELISA qui avait été préalablement corrélé au test de référence (séroneutralisation). Les taux de séroprévalence chez les mammifères autres que l’Homme étaient les suivants :

  • Parmi les 197 macaques capturés entre 2007 et 2019, les taux de séropositivité étaient de 47,5 % dans les préfectures de Yamaguchi, de 33,3 % dans celle de Wakayama et de 6,3 % dans celle de Mie.
  • Parmi 879 sangliers capturés entre 2007 et 2014, les taux de séropositivité étaient de 10,3 % à Oita, 55,8 % à Yamaguchi, 34,8 % à Wakayama, 10,5 % à Gifu et 0 % dans les préfectures de Toyama et Tochigi.
  • Parmi les 450 cerfs sika, les taux de séropositivité étaient de 37,8 % dans les préfectures de Yamaguchi, 11,1 % dans celle de Wakayama, 8,3 % dans celle de Gifu et 30 % dans celle de Chiba.

Les auteurs de cette étude concluent qu'il semble que la distribution des animaux infectés par le virus Oz soit en corrélation avec l'habitat d’A. testudinarium qui est la principale espèce de tique qui infeste les humains dans le sud et l'ouest du Japon, et que la découverte de deux chasseurs de la préfecture de Yamaguchi testés positifs pour les anticorps du virus Oz, doit inciter à des recherches supplémentaires pour déterminer si le virus Oz pourrait être un agent pathogène zoonotique. Par contre, le virus pourrait ne pas être répandu dans les régions du nord et de l'est du Japon.

Il est permis de constater que le cas mortel rapporté dans cette nouvelle est localisé dans une zone considérée comme potentiellement peu à risque.

Source : Outbreak News Today