États-Unis, épidémie multiétatique d'infections à Escherichia coli O157:H7 liée à une chaîne nationale de restauration rapide en 2022
En août 2022, le département de la santé et des services sociaux du Michigan a alerté les CDC d'une multiplication par cinq environ des cas régionaux d'infection à Escherichia coli O157:H7. Le séquençage du génome entier a été utilisé pour caractériser les isolats provenant d'infections confirmées en laboratoire chez des personnes malades. Les premiers entretiens avec les patients ont montré que nombre d'entre eux avaient consommé des repas provenant de la même chaîne nationale de restauration rapide. Les autorités fédérales, étatiques et locales ont lancé une enquête afin d'identifier la source de l'épidémie et de prévenir d'autres cas.
Les CDC ont défini un cas comme une infection à _E. coli_O157:H7 avec un isolat fortement apparenté à la souche de l'épidémie (à 0-2 allèles près) par Multilocus Sequence Typing, la maladie s'étant déclarée entre le 26 juillet et le 24 août 2022. PulseNet, le réseau national de sous-typage moléculaire des CDC pour la surveillance des maladies entériques, a détecté 109 cas dans six États, dont le Michigan (67 ; 61%), l'Ohio (24 ; 22%), l'Indiana (11 ; 10%), la Pennsylvanie (quatre ; 4%), le Kentucky (deux ; 2%) et New York (un ; 1%). L'âge médian des patients était de 22 ans (intervalle = 1-94 ans), et 49 (45%) étaient des femmes. Cinquante-deux (48%) patients ont été hospitalisés et 13 (12%) ont développé un syndrome hémolytique et urémique ; aucun décès n'est survenu.
Des entretiens ont été menés avec 84 patients (77 %) ; parmi eux, 70 (83 %) ont déclaré avoir mangé dans la même chaîne de restauration rapide au cours de la semaine précédant l'apparition de la maladie. L'enquête a permis d'identifier 11 groupes de restaurants. Les personnes malades ont déclaré avoir mangé des ingrédients alimentaires communément servis ensemble dans plusieurs plats du menu. Parmi les 68 patients qui ont fourni des informations détaillées, les expositions les plus fréquemment signalées étaient les galettes de bœuf (53 ; 78%) et la laitue romaine dans les sandwichs (46 ; 68%). Au début de l'enquête, l'exposition à la laitue romaine dépassait 90 %, ce qui a incité la chaîne de restauration rapide à retirer la laitue dans les États où des cas ont été associés à l'épidémie. Les manipulateurs d'aliments infectés par la souche du foyer ont été identifiés, mais il est peu probable qu'ils soient la source de l'épidémie. Bien que les manipulateurs de denrées alimentaires malades aient pu amplifier l'épidémie dans certains endroits, de nombreux groupes de restaurants n'avaient pas de manipulateurs de denrées alimentaires touchés.
Compte tenu des plats proposés au menu signalés par les personnes malades et du fait que les épidémies d'E. coli O157:H7 d'origine alimentaire sont souvent liées aux légumes à feuilles et à la viande de bœuf, la Food and Drug Administration (FDA) a retracé la laitue romaine et le Food Safety and Inspection Service du ministère américain de l'agriculture (USDA-FSIS) a retracé les galettes de bœuf afin d'en déterminer la source. Aucune de ces recherches n'a permis d'identifier un lot de production unique susceptible d'expliquer toutes les maladies associées à l'épidémie. Les États ont testé les aliments provenant des restaurants et la FDA a testé les aliments et les échantillons environnementaux de la chaîne d'approvisionnement ; toutefois, la souche du foyer n'a pas été identifiée dans les échantillons testés.
Cette épidémie met en évidence les difficultés récurrentes associées à l'étude des épidémies liées à une seule chaîne de restaurants. Malgré ces difficultés, une communication claire avec les partenaires des États, la FDA, l'USDA-FSIS et la chaîne de restauration a permis de prendre rapidement des mesures de santé publique pour retirer la laitue romaine suspecte des restaurants identifiés. Aucune maladie associée à l'épidémie n'a été signalée après le retrait de la laitue romaine suspecte.
Source : Morbidity and Mortality Weekly Report