Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire de la semaine 25-2023, l’Institut National de la Santé a fait le bilan de la leishmaniose en Colombie depuis le début de cette année.
1. Leishmaniose cutanée
A la semaine épidémiologique (SE) 24-2023, 1 860 cas de leishmaniose cutanée (LC) ont été déclarés, soit une incidence nationale cumulée de 18,88 cas pour 100 000 habitants. Le taux de notification de l'événement a été inférieur à celui des années précédentes. Cependant, il faut tenir compte du fait que l'événement a un délai de notification important en raison de sa chronicité, de sorte que les informations sont mises à jour chaque semaine épidémiologique. Ces cas de LC concernent essentiellement les hommes (71,88%) et dans les zones rurales (80,86%). Les lésions les plus fréquentes concernent les membres inférieurs (43,87 %). La tranche d'âge la plus touchée est celle des 20-29 ans et plus de 70 % des cas correspondent à des personnes de moins de 40 ans. L'incidence s'est révélée supérieure au 75e percentile dans les départements de Guaviare, Santander, Putumayo, Caquetá, Antioquia, Vaupés et Boyacá.
2. Leishmaniose cintanéo-muqueuse
A la SE 24-2023, 32 cas de leishmaniose cutanéo-muqueuses (LCM) ont été rapportés, soit une incidence nationale cumulée de 0,33 cas pour 100 000 habitants.
Comme pour la LC, elle prédominait chez les hommes (71,87 %) et chez les personnes originaires des zones rurales (81,25 %). La muqueuse la plus touchée était la muqueuse nasale (78,13 %), suivie de la cavité buccale (9,38 %) et des lèvres (6,25 %). La tranche d'âge la plus touchée est celle des 30-39 ans, avec 25 % des cas. L'incidence la plus élevée est observée dans les départements de Guaviare, Caquetá, Meta et Cesar.
En Colombie, Leishmania panamensis est l’espèce responsable des formes cutanées de leishmaniose la plus répandue sur le territoire colombien. Dans ce pays, le poids de la LC et de la LCM a diminué régulièrement depuis 2005 (18 043 cas déclarés) pour chuter à 6 172 cas en 2021. Sa transmission est essentiellement selvatique, les infections humaines étant contractées quand les personnes se rendent en forêt ou en jungle, en général pour des activités liées au travail, ce qui explique le pic 20/40 ans et la prédominance masculine. Cependant la description de cas chez les moins de 10 ans pose la question d’une transmission « domestique ».
3. Leishmaniose viscérale
Historiquement, 47 municipalités (dans 10 départements) et un district ont été identifiés comme foyers de leishmaniose viscérale (LV) en Colombie. Le nombre de cas de LV est passé d’un peu plus d’une centaine de cas en 2003 à moins d’une vingtaine par an depuis 2018, et aucun cas n’avait été signalé en 2021.
Au cours de la SE 24-2023, un cas de LV a été rapporté chez un enfant d’un an (qui fait partie du groupe d'âge le plus touché par cet événement dans le pays, les enfants de moins de 5 ans), provenant de la municipalité de Moñitos, qui est décédé. Une enquête entomologique a permis d'identifier la présence de Lutzomyia evansi dans la région, l'un des vecteurs associés à la transmission de la forme viscérale de la maladie. En Colombie, L. infantum est l’espèce responsable de la LV.
Rappels sur la leishmaniose
La leishmaniose est due à des parasites protozoaires appartenant à plus de 20 espèces différentes de Leishmania. La taxinomie des Leishmania est complexe. Environ 53 espèces de Leishmania ont été décrites, dont 20 sont pathogènes pour l’être humain
Il existe trois formes principales de la maladie :
La transmission de la leishmaniose se fait par la piqûre de phlébotomes (ou mouche des sables) femelles infectées : le genre Phlebotomus est actif dans l'Ancien Monde et le genre Lutzomyia dans le Nouveau Monde. Le risque de transmission est le plus élevé du crépuscule à l'aube. Bien que les phlébotomes soient moins actifs pendant la période la plus chaude de la journée, ils peuvent piquer si ils sont dérangés dans leurs zones de repos (troncs d'arbre, murets de pierre sèches …)
Recommandations pour les voyageurs
Les voyageurs qui ont des activités à l'extérieur, plus particulièrement la nuit ou au crépuscule, peuvent présenter un risque accru de leishmaniose. Il n'existe pas de vaccin ou de traitement préventif de la leishmaniose. La prévention pour le voyageur repose sur la protection personnelle anti-vectorielle. Il s'agit :
Source : Instituto Nacional de Salud - Colombia
Référence principale :
Référence principale :