Au Mexique, augmentation des cas de leishmaniose cutanée dans le Yucatan Médecine des voyages

Publié le 4 juil. 2023 à 21h05

Biographie

Médecin biologiste.

Au Mexique, selon les autorités sanitaires, au 17 juin, 841 cas de leishmaniose cutanée ont été signalés dans l'ensemble du pays. Sur ce nombre, 769 appartiennent aux trois États de la péninsule du Yucatan (Yucatan, Campeche et Quintana Roo), soit 91,4 % du total national.

Bien qu'il s'agisse d'une maladie fréquente dans la péninsule du Yucatan, il s'agit d'une augmentation inhabituelle par rapport aux quatre dernières années.

Rappels sur la leishmaniose

La leishmaniose est due à des parasites protozoaires appartenant à plus de 20 espèces différentes de Leishmania. La taxinomie des Leishmania est complexe. Environ 53 espèces de Leishmania ont été décrites, dont 20 sont pathogènes pour l’être humain

Il existe trois formes principales de la maladie :

  • La leishmaniose viscérale (LV), également appelée kala-azar, est mortelle dans plus de 95 % des cas si elle n’est pas traitée. Elle se caractérise par des poussées irrégulières de fièvre, une perte de poids, une hépatosplénomégalie (augmentation du volume du foie et de la rate) et une anémie. La plupart des cas sont observés au Brésil, en Afrique de l’Est et en Inde. On estime que 50 000 à 90 000 nouveaux cas de LV surviennent chaque année dans le monde et que seuls 25 % à 45 % de ces cas sont notifiés à l’OMS. Cette maladie présente un fort potentiel épidémique et un fort taux de mortalité.
  • La leishmaniose cutanée (LC) est la forme la plus fréquente de la maladie. Elle provoque des lésions cutanées, principalement des ulcères, sur les parties exposées du corps. Ces ulcères peuvent entraîner des cicatrices permanentes sources de stigmatisation et entraînant des handicaps graves. Environ 95 % des cas de LC surviennent dans les Amériques, dans le bassin méditerranéen, au Moyen-Orient et en Asie centrale. On estime qu’il y a entre 600 000 et 1 million de nouveaux cas chaque année dans le monde, mais seuls 200 000 d’entre eux sont notifiés à l’OMS.
  • La leishmaniose cutanéomuqueuse (LCM) qui détruit partiellement ou totalement les muqueuses du nez, de la bouche et de la gorge. Plus de 90 % des cas de leishmaniose cutanéomuqueuse se concentrent au Brésil, dans l’État plurinational de Bolivie, en Éthiopie et au Pérou.

La transmission de la leishmaniose se fait par la piqûre de phlébotomes (ou mouche des sables) femelles infectées : le genre Phlebotomus est actif dans l'Ancien Monde et le genre Lutzomyia dans le Nouveau Monde. Le risque de transmission est le plus élevé du crépuscule à l'aube. Bien que les phlébotomes soient moins actifs pendant la période la plus chaude de la journée, ils peuvent piquer si ils sont dérangés dans leurs zones de repos (troncs d'arbre, murets de pierre sèches …)

Recommandations pour les voyageurs

Les voyageurs qui ont des activités à l'extérieur, plus particulièrement la nuit ou au crépuscule, peuvent présenter un risque accru de leishmaniose. Il n'existe pas de vaccin ou de traitement préventif de la leishmaniose. La prévention pour le voyageur repose sur la protection personnelle anti-vectorielle. Il s'agit :

  • D'éviter autant que possible les activités de plein air, en particulier du crépuscule à l'aube, lorsque les phlébotomes sont généralement les plus actifs.
  • De porter de vêtements couvrants.
  • D'utiliser des répulsifs cutanés autorisés sur le marché sur les parties découvertes du corps en respectant leurs règles d'utilisation qui tient compte de la molécule utilisée, de sa concentration et de l'âge (DEET).
  • De dormir sous une moustiquaire à mailles serrées (les phlébotomes peuvent passer à travers un maillage de 2 à 3 mm), imprégnée de pyréthrinoïdes.

Source : Outbreak News Today