L’Argentine rapporte un décès lié à la fièvre hémorragique d’Argentine

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En Argentine, selon les médias, un homme de 42 ans est décédé de la fièvre hémorragique argentine (FHA) après 10 jours d’hospitalisation, malgré un traitement par du plasma de convalescent.

Le malade vivait dans la ville de Funes et travaillait à Cañada de Gómez dans la province de Santa Fe. Avant son infection, il s'était rendu dans la province de Santiago del Estero pour son travail lié à l'activité agricole. De cette province, il était retourné dans sa province d'origine avec une fièvre et une sensation de malaise général, ce qui a conduit à son hospitalisation.

La question est de savoir s'il a été infecté dans la province de Santiago del Estero ou dans un champ de la province de Santa Fe, a déclaré le directeur de l'épidémiologie de Rosario.

Rappels sur la fièvre hémorragique d'Argentine

La fièvre hémorragique d'Argentine (FHA), également connue sous le nom de « mal de los Rastrojos ») est une zoonose provoquée par le virus Junin (JUNV), un _Arenavirus_de la famille des Arenaviridae.

Son vecteur et hôte réservoir est une espèce de rongeur, la souris du maïs (Calomys musculinus et Akodon azarae). La zone d'endémie couvre environ 150 000 km2, ce qui correspond aux provinces de Buenos Aires, de Córdoba, Santa Fe et la Pampa, soit une population exposée d'environ 5 millions de personnes. L'infection est transmise par contact de la peau ou des muqueuses, ou par l'inhalation de particules infectées.

L'infection est quatre fois plus fréquente chez les hommes, qui sont plus susceptibles de travailler dans l'agriculture, que chez les femmes. La maladie se manifeste de manière saisonnière et correspond généralement à la saison des récoltes dans chaque zone d'endémie. La pratique de cultures intensives en Argentine s’étant développée depuis la moitié du 20ème siècle a entrainé la multiplication des populations de C.musculinus qui se nourrissent lors des récoltes. L’utilisation de machines agricoles (moissonneuses batteuses) a entrainé une aérosolisation régulière d’excrétions et de sang de rongeurs broyés lors des récoltes, provoquant des infections chez les travailleurs agricoles.

La durée d'incubation de la maladie varie entre 6 et 14 jours. Après la période d'incubation, apparaissent les premiers symptômes sur une durée de 1 à 5 jours survient, qui se caractérise par de la fièvre, des malaises, des myalgies, de l'anorexie et des maux de tête. À la fin de cette phase, les patients développent généralement des nausées, des vomissements et des douleurs abdominales, ainsi qu'une conjonctivite, des saignements gingivaux et des vertiges. Au cours de la deuxième semaine de la maladie, la déshydratation, l'hypotension et la confusion sont fréquentes. C'est au cours de cette deuxième semaine que moins d'un tiers des patients développera une maladie grave avec des manifestations neurologiques et des manifestations hémorragiques. La mortalité de la fièvre hémorragique d'Argentine atteint 15 à 30 % sans traitement (<1% avec traitement), et environ 80 % des malades se rétablissent dans les deux semaines. La phase de convalescence peut durer jusqu'à 12 semaines. Des infections asymptomatiques ont été décrites. L'AHF, a été décrite comme moins grave chez les enfants et plus sévère chez les femmes enceintes, avec une mortalité pouvant alors atteindre 50 %.

La prise en charge de l’infection repose avant tout sur des soins de support. Le traitement par plasma de convalescent a montré une certaine efficacité. Un étude a rapporté un taux de mortalité de 1,1% chez les patients traités, contre un taux de 16,5 % dans le groupe témoin non traité. Mais avec le développement de la vaccination, les quantités de sérum de convalescence disponibles diminuent en raison de la réduction du nombre de donneurs. Des résultats d’études chez l’animal et chez l’homme seraient en faveur de l’usage de la ribavirine et du favipiravir.

La prévention des cas humains est la même que pour hantavirus : éviter les activités qui résultent des contact avec des aérosols dans les zones où les hôtes rongeurs sont présents.

Il existe une vaccination préventive vis-à-vis de la FHA. Il s’agit du vaccin Candid1, un vaccin vivant atténué, qui a été développé conjointement par le ministère argentin de la santé et de l'action sociale et l'Institut de recherche médicale de l'armée américaine sur les maladies infectieuses. Le vaccin est disponible depuis 1991 et n'est autorisé qu'en Argentine. Le vaccin lyophilisé est stable pendant 30 jours lorsqu'il est conservé entre 2 °C et 8 °C et pendant 9 ans lorsqu'il est conservé entre -18 °C et -20 °C. Une fois reconstitué, le vaccin est stable pendant 12 heures à 2 °C -8 °C. Entre 1991 et 2005, plus de 240 000 personnes ont été vaccinées, avec pour conséquence une importante diminution du nombre de cas signalés (94 cas suspects et 19 confirmés en 2005).

Ce vaccin, dont l'efficacité protectrice contre la FHA a été démontrée à 95 %, a été intégré au plan national d'immunisation argentin en 2007, et des campagnes annuelles sont mises en œuvre pendant la saison inter épidémique, à l'intention d'une population âgée de 15 ans et plus, principalement rurale dans la zone d'endémie de la maladie. Il est administré à raison d’une dose unique qui semble conférer une immunité suffisante.

Le vaccin Junín a également prouvé qu'il conférait une immunité croisée avec le virus Machupo et, à ce titre, est considéré comme un traitement potentiel pour la fièvre hémorragique bolivienne.

Références : (1) Frank MG et al. South American Hemorrhagic Fevers : a summary for clinicians. Int J Infect Dis. 2021. Apr:105:505-515. doi: 10.1016/j.ijid.2021.02.046. (2) Ambrosio A et al. Argetnine hemorrhagic fever vaccines. Human Vaccines. 2011. 6: 1-7.

Source : Journal Rio Negro