Fièvre de Lassa sur le continent africain

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Depuis le début de l'année 2024, 2 008 cas de fièvre de Lassa ont été enregistrés sur le continent africain dont 70 décès (20,8%) en Guinée (2 cas, 1 décès), au Liberia (11 cas, aucun décès) et au Nigéria (1 995 cas, 69 décès).

Guinée : au 12 février, le ministère de la santé de la Guinée a confirmé deux cas de fièvre de Lassa dans deux districts. Le cas index concerne une femme de 27 ans du district de Central Dandou qui présentait une toux, une asthénie et des saignements vaginaux et du nez. Son état est stable. Le second cas concerne un homme de 40 ans du district d'Angola qui est décédé. La dernière épidémie de fièvre de Lassa en Guinée remonte à novembre 2023 où 8 cas confirmés avaient été rapportés.

Liberia : Au 14 février 2024, le ministère de la santé du Liberia a rapporté 11 cas (1 confirmé, 10 suspects). Le cas confirmé a été identifié dans le comté de Nomba. Il s'agit d'une épidémie prolongée qui a débuté en janvier 2022.

Nigeria : Depuis le 9 février, la Nigeria a dénombre 498 nouveaux cas de fièvre de Lassa (70 confirmés, 428 suspects) et 20 nouveaux décès dans 10 des 36 Etats du pays ainsi que dans le Territoire de la capitale fédérale. Ce chiffre représente une diminution de 29% par rapport à la même période de 2023. Au total, en 2024, le Nigeria a signalé 1 995 cas et 68 décès. Parmi les 328 cas confirmés, 15 concernent des professionnels de santé.

Rappels sur la fièvre de Lassa :

La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique causée par un Arénaviridae le virus Lassa. Celui-ci est endémique dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, au Nigeria, en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, où des flambées épidémiques surviennent régulièrement et touche de 100 à 300 000 personnes par an dont 5 à 6 000 succombent.

Le principal réservoir du virus Lassa est un petit rongeur péri-domestique appelé Mastomys natalensis.

Le virus se transmet à l'homme par contact avec des aliments ou des articles ménagers contaminés par les urines ou des matières fécales des rongeurs. Un grand nombre de ces rongeurs vivent à proximité, voire à l'intérieur des habitations, et leur taux d'infection peut aller jusqu'à 80%. Les contacts entre l'homme et le réservoir infecté sont donc très fréquents dans les villages. Le virus peut aussi infecter l'organisme par une coupure ou une plaie ou lorsque des rats infectés sont préparés comme repas qui sont vendus le long des routes. La transmission se fait d'homme à homme par contact direct avec le sang, l'urine, les excréments ou autres sécrétions organiques d'une personne contaminée en particulier en contexte hospitalier. Le contact avec le virus peut aussi se produire par inhalation d'air contaminé par de fines particules en suspension qui contiennent des excrétions. La transmission peut se faire au niveau des laboratoires d'analyses. La transmission par voie sexuelle a été signalée.

Le risque pour le voyageur est extrêmement faible.

Le _ tableau clinique _ de la fièvre de Lassa est variable, depuis l'infection asymptomatique, très fréquente (80% des cas) à une fièvre hémorragique foudroyante. La maladie débute 6 à 21 jours après l'infection par des signes cliniques peu spécifiques : fièvre, vomissements, nausées, douleurs abdominales, céphalées, myalgies, arthralgies, asthénie. Dans les cas sévères, les symptômes s'aggravent ensuite, avec l'apparition d'oedèmes, de signes hémorragiques, d'épanchements péricardiques et pleuraux, et plus rarement d'encéphalites. Le patient décède dans un contexte de choc hypotensif et hypovolémique et de défaillances rénale et hépatique.

La fièvre de Lassa est d'une extrême gravité pour la femme enceinte, conduisant fréquemment au décès de la mère et systématiquement à celui du fœtus.

_ Aucun vaccin _ n'est actuellement disponible. Il n'existe aujourd'hui qu'un seul antiviral, la _ ribavirine _, qui doit être administré très tôt après l'apparition des symptômes et dont l'efficacité reste peu démontrée.

Source : Africa CDC