Philippines : épidémie de bilharziose dans la province de Leyte

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Aux Philippines, le bureau de santé de la ville de Tacloban (CHO) signale des cas (une épidémie dont le nombre est encore inconnu) de schistosomiase dans seize barangays ou villages de la ville, dans la province de Leyte. Les barangays touchés sont les suivants : Barangays 3 et 3-A Nulatula, Barangays 77, 78, 79, 80, 81, 82 de Marasbaras ; Barangay 84 Manlurip San Jose, Barangay 95 et 95-A Caibaan, Barangay 96 Calanipawan, Barangay 100 San Roque, Barangay 103-A Paglaum, Barangay 107 Sta. Elena, et Barangay 108 Tagpuro, ont annoncé les autorités de la ville.

Les habitants sont invités à consulter immédiatement un médecin s'ils présentent des symptômes tels que des maux d'estomac, des maux de tête et des vomissements. Cet appel à l'action n'est pas seulement une précaution, mais une étape nécessaire dans la lutte contre une maladie qui, bien que traitable, représente un risque important pour la santé publique. Les autorités sanitaires ont insisté sur la disponibilité d'un traitement gratuit pour les personnes touchées. En janvier, le bureau régional du ministère de la santé (DOH) dans les Visayas orientales, qui comprennent Leyte, a assuré le public que les stocks de comprimés de praziquantel étaient suffisants pour lutter contre la schistosomiase.

La maladie, également connue sous le nom de fièvre de l'escargot, est endémique dans 897 villages de 63 villes des provinces de Leyte, Samar, Samar oriental et Samar septentrional. Selon un article publié en 2016 par des chercheurs de l'Université des Philippines et d'autres chercheurs, aux Philippines, l'espèce endémique est Schistosoma japonicum, à laquelle 2,5 millions de Philippins sont directement exposés.

Rappels sur la schistosomiase ou bilharziose à Schisosoma japonicum

La schistosomiase est une parasitose aiguë et chronique provoquée par des vers (trématodes) du genre Schistosoma. Cinq espèces principales sont pathogènes pour l’homme : Schistosoma mansoni(Sm), Schistosoma haematobium(Sh), Schistosoma intercalatum (Si), Schistosoma mekongi (Sk) et Schistosoma japonicum (Sj). Cette dernière espèce est responsable d'infection chez l'homme en Chine, en Indonésie, et aux Philippines.

L’homme se contamine lors d’un contact avec de l’eau douce envahie par des furcocercaires, forme infestante du parasite, aux heures chaudes de la journée. Il n’y a pas de transmission interhumaine. Le cycle nécessite un hôte intermédiaire, un mollusque d’eau douce, qui pour S.j est un petit escargot du genre Oncomelania.

Les œufs de schistosome sont émis dans l’eau douce par les selles. Ils vont éclore et libérer un embryon cilié (miracidium) qui va infecter l’hôte intermédiaire. Après 2 mois de maturation en son sein, le mollusque va émettre dans l’eau des furcocercaires qui pénètrent l’hôte définitif (homme) à travers la peau même intacte ( # 5 minutes de contact suffisent

). Dans l’organisme, les larves se développent et passent au stade du schistosome adulte. Les vers adultes vivent dans les vaisseaux sanguins, où les femelles pondent leurs œufs. sont évacués dans les selles, ce qui permet au parasite de poursuivre son cycle de vie. D’autres sont piégés dans les tissus, causant des réactions immunitaires et des lésions organiques progressives.

Les symptômes de la schistosomiase sont principalement causés par la réaction de l’organisme aux œufs du parasite. S.j est responsable d'une schistosomiase intestinale qui peut se manifester par des douleurs abdominales, de la diarrhée et l’apparition de sang dans les selles. L’hépatomégalie est courante à un stade avancé et est fréquemment associée à une accumulation de liquide dans la cavité péritonéale et à une hypertension dans les vaisseaux sanguins de l’abdomen. Dans ce cas, il arrive d’observer aussi une splénomégalie.

La schistosomiase touche essentiellement les communautés pauvres et rurales, en particulier les populations d’agriculteurs (rizières) et de pêcheurs. Le manque d’hygiène et le contact avec de l’eau contaminée rendent les enfants particulièrement vulnérables à l’infection.

Avec l’essor de l’écotourisme et des voyages dans des régions reculées, un nombre croissant de touristes contractent la schistosomiase.

La schistosomiase peut être diagnostiquée en identifiant les œufs caractéristiques dans des échantillons de selles ou des biopsies rectales. Si les œufs ne peuvent être trouvés dans les échantillons de selles, des tests de détection d'anticorps sont disponibles.

Le médicament de choix est le praziquantel pour les infections causées par toutes les espèces de Schistosoma. Il n'existe pas de vaccin ni d'autre prophylaxie pour la prévention de la schistosomiase.

Prévention individuelle pour le voyageur : Celui-ci doit éviter tout contact avec l’eau douce des rivières, lacs, marais, marigots, trous d’eau… L’utilisation de diéthyltoluamide (DEET) en application cutanée avant une exposition à de l’eau infestée a pu montrer une certaine efficacité.

Référence : Organisation mondiale de la Santé. Schistosomiase. (mise à jour le 22 janvier 2022) ; (2) Bilharzioses ou schistosomoses. ePILLY trop 2022 - Maladies infectieuses tropicales. 845-855.

Source : Outbreak News Today