Augmentation inquiétante des cas de syphilis, de gonorrhée et d'infections à chlamydia en Europe en 2022
1. INFECTIONS A CHLAMYDIA TRACHOMATIS
1.1. Infections uro-génitales à Chlamydia
Pour 2022, 216 508 cas confirmés d'infection uro-génitales à chlamydia ont été signalés dans 27 pays de l'UE/EEE, avec un taux brut de notification de 88 cas pour 100 000 habitants. Cela représente une augmentation de 16% du taux brut de notification par rapport à 2021, et une augmentation de 15% par rapport à 2018.
- Après avoir atteint un pic en 2019, les taux de notification des infections à chlamydia ont diminué en 2020 et 2021 pendant la pandémie de COVID-19. De nouveaux taux de notification records ont ensuite été observés chez les femmes et les hommes en 2022.
- En 2022, le rapport hommes/femmes était de 0,9, avec 103 119 cas déclarés chez les hommes, contre 112 831 chez les femmes. La plus grande proportion de cas déclarés en 2022 concernait les 20-24 ans, soit 40 % des cas dont l'âge était connu. Les taux les plus élevés par âge et par sexe ont été observés chez les femmes et les hommes de la tranche d'âge 20-24 ans, avec 968 cas pour 100 000 habitants chez les femmes (+18% du taux dans ce groupe de population par rapport à 2021) et 604 cas pour 100 000 habitants chez les hommes.
- Pour les 14 pays où l'information sur le mode de transmission est disponible, 79 % ont été signalés comme des cas de transmission hétérosexuelle (32 % chez les hommes et 47 % chez les femmes), 20 % chez les HSH (+72% entre 2018 et 2022), 0,04 % comme des cas de transmission de la mère à l'enfant et 0,9 % ont été classés dans la catégorie "autres".
- Les taux de notification nationaux pour les cas d'infection à chlamydia se situaient entre 0,1 et 709 cas pour 100 000 habitants. Les différences dans les politiques de dépistage de la chlamydia, les stratégies de recherche de cas et la notification sont considérées comme ayant une plus grande influence sur les nombres de cas de chlamydia déclarés que les différences réelles dans l'épidémiologie.
1.2. La lymphogranulomatose vénérienne
La lymphogranulomatose vénérienne (LGV) est une infection sexuellement transmissible (IST) systémique causée par les sérovars L1, L2 ou L3 de Chlamydia trachomatis.
En 2022, 2 059 cas de LGV ont été signalés par 23 États membres de l'UE/EEE, soit une augmentation de 58% par rapport à 2021 (où 1302 cas avaient été signalés dans les 23 pays). Quatre pays (Espagne, Pays-Bas, France et Belgique) représentaient 84% de l'ensemble des cas notifiés.
Presque tous les cas notifiés en 2022 l'ont été chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ; parmi les cas dont le statut VIH était connu, 37% étaient séropositifs. Entre 2018 et 2022, la proportion de cas de LGV séronégatifs a augmenté, passant de 47% en 2018 à 69% en 2022. Il s'agit probablement d'une indication de l'évolution des recommandations des lignes directrices cliniques et du dépistage régulier des HSH utilisant une prophylaxie pré-exposition pour le VIH.
2. SYPHILIS
En 2022, 35 391 cas confirmés de syphilis ont été signalés dans 29 États membres de l'UE/EEE, avec un taux de notification brut de 8,5 cas pour 100 000 habitants, ce qui représente une augmentation de 34% du taux de notification brut par rapport à 2021, et une augmentation de 41% par rapport à 2018.
- Les taux de syphilis déclarés étaient huit fois plus élevés chez les hommes que chez les femmes et plus élevés chez les hommes de 25 à 34 ans (40 cas pour 100 000 habitants).
- La majorité (74%) des cas de syphilis avec information sur la catégorie de transmission ont été signalés chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH).
- En 2022, dix pays ont déclaré plus de la moitié des cas de syphilis primaire et/ou secondaire, contre cinq en 2021 : Belgique 2191 cas, France 1761, Allemagne 8 301, Hongrie 1 062, Italie 2 540, Pays Bas 1 925, Pologne 1 992, Portugal 1 534, Espagne 7 868, Grèce 864.
- Dans l'ensemble, la tendance des notifications de syphilis a augmenté entre 2013 et 2022, principalement en raison d'une augmentation du nombre de cas chez les HSH. Au cours de la même période, les notifications de syphilis chez les hétérosexuels ont connu de très légères fluctuations au niveau de l'UE/EEE, mais l'année 2022 est la première des dix dernières années à enregistrer des augmentations notables de la syphilis chez les hommes et les femmes hétérosexuels.
- Au cours des cinq années entre 2018 et 2022, le nombre de notifications de syphilis chez les HSH séronégatifs pour le VIH a augmenté de 59 % (dans les sept pays qui ont présenté des rapports cohérents), poursuivant la tendance à la hausse observée depuis 2015.
Concernant la syphilis congénitale :
En 2022, 69 cas confirmés de syphilis congénitale ont été déclarés par 14 pays de l'UE/EEE, tandis que 11 autres pays n'ont déclaré aucun cas. En 2021, 55 cas ont été déclarés par 11 pays sur les 24 qui ont fourni des données.
- Le nombre de cas déclarés en 2022 et 2021 représente une augmentation globale des notifications de syphilis congénitale dans l'UE/EEE qui fait suite à une diminution des notifications en 2020.
- L'augmentation du nombre de cas de syphilis congénitale en 2022 s'est accompagnée d'une augmentation des taux de notification de la syphilis chez les femmes et les hommes hétérosexuels dans plusieurs pays de l'UE/EEE en 2022.
- Les taux nationaux sont restés faibles dans la plupart des pays de l'UE/EEE qui ont fourni des données sur la syphilis congénitale entre 2013 et 2022. Cinq pays n'ont signalé aucun événement de transmission verticale au cours de la période de dix ans.
- Il existe un risque de sous-déclaration : cinq pays pour 2022 et six pour 2021 n'ont pas contribué à la déclaration de la syphilis congénitale et l'un des pays ayant déclaré dispose d'un système de surveillance sentinelle.
Pour 2022, 70 881 cas confirmés de gonorrhée ont été signalés dans 28 pays de l'Union européenne/de l'Espace économique européen (UE/EEE), avec un taux de notification brut de 17,9 cas pour 100 000 habitants, ce qui représente une augmentation de 48 % du taux de notification brut par rapport à 2021 et une augmentation de 59 % par rapport à 2018.
- Le taux de notification de la gonorrhée pour l'UE/EEE en 2022 est le plus élevé enregistré depuis le début de la surveillance européenne des infections sexuellement transmissibles en 2009. Les pays qui ont déclaré le plus grand nombre de cas sont : la Belgique 4 523 cas, République Tchèque 1 965, Danemark 3 928, France 8 704, Hongrie 1 156, Irlande 3 812, Italie 1 943, Pays Bas 10 601, Norvège 1 858, Portugal 2 253, Espagne 22 932, Suède 3 355
- Les taux nationaux d'infection à la gonorrhée déclarée varient considérablement dans l'UE/EEE en 2022, entre moins d'un cas et plus de 75 cas pour 100 000 habitants.
- Les taux par âge étaient les plus élevés chez les 20-24 ans, tant chez les hommes (99,6 cas pour 100 000 habitants) que chez les femmes (48,1 cas pour 100 000 habitants). Les femmes âgées de 20 à 24 ans ont connu la plus forte augmentation du taux de notification en 2022 : 63% par rapport à 2021.
- Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) représentaient plus de la moitié des cas déclarés (60%) en 2022.
Source : Centre européen de prévention et de contrôle des maladies