Efficacité vaccinale : le lieu et la profondeur de l’injection ont leur importance
Les vaccins actuels sont, dans leur majorité, administrés par injection. Le site de cette injection est choisi pour permettre la diffusion contrôlée de la préparation et l’intervention des cellules qui conduit à la constitution d’un état d’immunité généralisé, censé protéger contre des infections, quelles que soient leurs voies d’entrée et leurs cibles. Le choix du site d’injection, validé tout au long des essais effectués, peut être déterminant pour le niveau et la durée de la protection qui résultera de la vaccination. Il l’est également pour la tolérance au vaccin et l’apparition d’effets indésirables, plus ou moins sévères et qu’il est important de limiter. Pour la plupart des vaccins, la voie d’injection retenue est intramusculaire, et elle est en général réalisée dans le muscle deltoïde.
En relation avec ces considérations, deux études récentes appellent à porter attention à des aspects parfois négligés lors de la vaccination. La première s’est intéressée à la longueur des aiguilles permettant de réaliser l’injection dans le deltoïde et non pas dans le tissu sous-cutané adipeux qui le recouvre dans une population d’adultes souvent obèses (1). Les auteurs néo-zélandais ont considéré que chez près de 45% des personnes obèses, des aiguilles de 25 mm pouvaient se révéler trop courtes pour permettre l’injection d’un vaccin dans l’épaisseur du deltoïde. Utilisant des mesures par échographie et des valeurs seuil d’indice de masse corporelle, ils ont déterminé qu’une aiguille de 38 mm doit être utilisée dès que la circonférence du bras atteint 35 cm chez l’homme ou 30 cm chez la femme. La recommandation pourrait toutefois ne pas s’appliquer dans des populations aux caractéristiques morphologiques différentes, et les études doivent donc être étendues.
La deuxième étude a évalué la réponse à une deuxième dose de vaccin à ARN contre la covid 19, selon qu’elle était inoculée dans le même bras que la première dose ou dans le bras controlatéral, dans un échantillon de 947 personnes initialement séronégatives (2). Elle montre que les taux d’anticorps anti-protéine S s’élèvent à des niveaux supérieurs chez les personnes vaccinées dans les deux bras, la différence augmentant avec le temps écoulé depuis la deuxième injection. Les taux d’anticorps neutralisants, qui sont de meilleurs indicateurs de la protection conférée par le vaccin, sont également plus élevés dans ce groupe de personnes. L’explication du phénomène, encore peu étudié, pourrait tenir dans l’élargissement de la population de lymphocytes impliqués dans la réponse immune lorsque les sites d’introduction de l’antigène sont diversifiés. Des investigations restent nécessaires pour confirmer qu’il s’agit d’un phénomène reproductible, capable de concerner tous les vaccins et tous les groupes de population, en particulier les enfants.
Références :