Epidémie de conjonctivite hémorragique dans la province de Sofala, Mozambique

medecinedesvoyages.net

Au Mozambique, une augmentation alarmante du nombre de cas de conjonctivite hémorragique a frappé la province de Sofala, a rapporté la radio d'Etat vendredi 8 mars 2024. Citant des responsables de la santé, Radio Mozambique a indiqué que le nombre de cas de la maladie a dépassé les 150, la ville de Beira faisant état de 112 patients traités à l'hôpital central de Beira le 5 mars [2024].

Les autorités sanitaires provinciales doivent encore déterminer la cause de l'épidémie, et la directrice clinique de l'hôpital central de Beira, Ana Tambo, a prévenu que la situation pourrait s'aggraver si le public ne respecte pas les mesures de précaution. Elle a exhorté les habitants à demander d'urgence de l'aide s'ils présentent des symptômes de conjonctivite hémorragique.

Commentaires :

La conjonctivite aiguë hémorragique (CAH) est une forme épidémique extrêmement contagieuse de conjonctivite caractérisée cliniquement par l’apparition brutale d’un épanchement sanguin au niveau des conjonctives. La première épidémie de CAH fut décrite en 1969 au Ghana et surnommée Apollo disease, car la rumeur populaire voulait que les atteintes oculaires soient dues au fait que les Ghanéens cherchaient à découvrir dans le ciel la capsule Apollo 11. Cette épidémie était due à l’Enterovirus 70 (EV70) qui constitue avec un variant antigénique du Coxsackievirus A24 (CVA24v), la cause majeure des cas de CAH à travers le monde. Le mode de transmission de cette maladie fait appel aux sécrétions lacrymales des patients infectés par le biais d’une transmission interhumaine directe ou indirecte via du matériel ophtalmologique mal décontaminé ou de l’eau de baignade insuffisamment chlorée. L’hypothèse récente d’une propagation du virus par voie aérienne serait plus à même d’expliquer l’ampleur des épidémies décrites. En l’absence de traitement antiviral spécifique, l’apport d’un diagnostic étiologique rapide est essentiel pour distinguer la CAH d’autres infections oculaires curables ou afin de mettre immédiatement en place les mesures d’hygiène, seule arme susceptible de limiter la propagation de l’épidémie. Le diagnostic virologique reste actuellement long et laborieux, et souvent peu accessible aux pays en voie de développement, pour qui les épidémies de CAH dues aux Enterovirus (EV), sont devenues un problème de santé publique majeur et préoccupant.

Source : African Press Agency