La lutte contre la résistance aux antipaludéens est une priorité de santé publique en particulier en Afrique
En marge de la Quatre-vingt-huitième Assemblée mondiale de la santé, les responsables de la santé des pays africains où le paludisme est endémique et les partenaires mondiaux ont appelé à une intensification de l'action pour lutter contre la résistance aux antipaludéens, un problème croissant qui menace de saper les progrès acquis dans la lutte contre l'une des maladies les plus meurtrières d'Afrique.
Protéger l'efficacité des médicaments antipaludiques à base d'artémisinine est désormais une course contre la montre.
La lutte contre la résistance aux antipaludéens est une priorité de santé publique, en particulier dans la région africaine, qui représente 95 % de la charge mondiale du paludisme.
Selon le dernier rapport mondial de l'OMS sur le paludisme, quatre pays d'Afrique de l'Est - l'Érythrée, le Rwanda, l'Ouganda et la République-Unie de Tanzanie - ont confirmé la présence d'une résistance partielle à l'artémisinine, le composé principal des traitements les plus efficaces contre le paludisme à P. falciparum. Cette résistance est également soupçonnée dans d'autres pays, dont l'Éthiopie, la Namibie, le Soudan et la Zambie.
La résistance aux médicaments est due à plusieurs facteurs, tels que l'utilisation de médicaments de qualité inférieure ou de contrefaçon et des schémas thérapeutiques qui ne sont pas suivis jusqu'au bout.
Compte tenu de la forte dépendance de l'Afrique à l'égard des combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (ACT), l'échec total du traitement pourrait avoir des conséquences très graves.
Il est urgent de diversifier les options de traitement du paludisme
Dans la plupart des pays africains où le paludisme est endémique, l'artéméther-luméfantrine (AL) représente plus de 80 % du marché du traitement du paludisme dans le secteur public. Pour protéger l'efficacité de l'AL et des autres thérapies à base d'artémisinine, l'OMS a appelé à la diversification des ACT actuellement utilisées. L'une des approches consiste à utiliser plusieurs thérapies de première ligne, ce qui pourrait réduire la pression médicamenteuse et retarder la résistance. Les thérapies de la prochaine génération pourraient inclure des combinaisons de trois ACT ou des médicaments non basés sur l'artémisinine.
Toutefois, certaines alternatives présentant des profils de sécurité et d'efficacité favorables sont plus chères que les AL, ce qui les met hors de portée de nombreux pays endémiques. L'innovation doit non seulement permettre de fournir des traitements de nouvelle génération, mais aussi de les rendre accessibles et abordables.
En collaboration avec les pays et d'autres partenaires, les bailleurs de fonds mondiaux s'efforcent d'élargir l'accès aux traitements alternatifs et de soutenir les efforts de détection et d'atténuation de la résistance.
Remarque : Combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine recommandées par l'OMS
Les ACT associent un dérivé de l'artémisinine (artésunate, artéméther ou dihydroartémisinine) à un médicament partenaire. Le rôle du composé d'artémisinine est de réduire le nombre de parasites pendant les trois premiers jours du traitement, tandis que le rôle du médicament partenaire est d'éliminer les parasites restants et de guérir l'infection. L'OMS recommande actuellement 6 ACT comme traitement de première et de deuxième intention pour le paludisme non compliqué à P. falciparum :
● artéméther-luméfantrine (AL)
● artésunate-amodiaquine (AS-AQ)
● artésunate-méfloquine (AS-MQ)
● artésunate-pyronaridine (AS-PY)
● artésunate+sulfadoxine-pyriméthamine (AS+SP)
● dihydroartémisinine-pipéraquine (DHA-PPQ)
L'élan se renforce pour une action nationale sur la résistance aux médicaments antipaludiques
Les participants au débat d'aujourd'hui se sont fait l'écho des engagements pris dans la déclaration de Yaoundé 2024 en faveur d'un leadership fort dans les pays où le paludisme est endémique, d'une plus grande collaboration régionale et d'un soutien durable des partenaires mondiaux. Ces actions permettront non seulement d'accélérer la réduction de la mortalité due au paludisme, mais contribueront également à freiner la résistance aux médicaments.
De nombreux intervenants ont reconnu qu'il était urgent de mettre en place des systèmes de surveillance solides et de partager en temps utile les données relatives au paludisme résistant aux médicaments.
Les dirigeants du secteur de la santé ont également appelé à un financement plus prévisible et durable pour combler les lacunes critiques dans les services de santé et la surveillance, notamment par une mobilisation accrue des ressources nationales et un soutien continu des partenaires internationaux.
Intensification de l'action collective, alignée sur les priorités nationales
Pour soutenir les efforts déployés par les pays, il est essentiel que les partenaires mondiaux apportent un soutien coordonné.
Source : Organisation mondiale de la Santé