Guyane : augmentation de 25% du nombre de cas de paludisme en 2024 par rapport à 2023, P. vivax étant la seul espèce responsable des cas autochtones, un tiers des contamination se faisant en zone urbaine ou périurbaine
Santé publique France vient de publier le bilan de la surveillance épidémiologique du paludisme en Guyane pour l'année 2024.
Evolution : En Guyane, la hausse du nombre d’accès palustres observée en 2023 s’est poursuivie en 2024 avec 425 accès diagnostiqués dans le système de soins contre 340 en 2023 (+25%). L’incidence annuelle était de 1,5‰ habitants, niveau inégalé depuis 2018. En 2024, la situation s’est cependant progressivement améliorée en cours d’année, passant 126 accès mensuels en janvier à 17 en décembre. En outre, le nombre d’accès recensés au cours des cinq premiers mois de l’année 2025 est lui aussi encourageant même si les niveaux historiquement bas de 2022 (51 accès) ont d’ores-et-déjà été dépassés.
Distribution des accès par structure de diagnostic : En 2024, la majorité des 425 accès palustres recensés a été diagnostiquée dans un laboratoire de biologie médicale (60% vs 51% en 2023), environ le quart en CDPS ou hôpitaux de proximité (26% vs 27% en 2023) et 15% parmi les militaires (vs 22% en 2023). Cette répartition est liée à la modification de la cartographie du risque de transmission depuis 2023, correspondant à la transposition des foyers de contamination depuis l’Intérieur du territoire dont l’offre de soins est principalement constituée des CDPS, vers le Littoral où sont implantés les LBM.
Espèces plasmodiales : En 2024, les accès palustres étaient quasi-exclusivement dus à Plasmodium vivax (97%, n=411). La part des accès à P. falciparum (3%), était en diminution (vs 7% en 2023).
Reviviscence : La part de reviviscences concernait 38% des accès à P. vivax (n=157 parmi 411 accès à P. vivax).
Zones présumées de contamination : Au total, 268 accès palustres hors reviviscences ont été recensés en 2024. Parmi eux, 66% étaient autochtones (n=176), 8% importés (n=22) et 26% non classés (n=70). Tous les accès à P. falciparum correspondaient à des cas importés. En 2024, les 176 accès autochtones était à P. vivax et avaient pour lieu présumé de contamination :
- des zones urbaines ou périurbaines (34%), correspondant en particulier aux foyers de transmission localisés sur les communes de St Georges et Roura ;
- des zones d’orpaillage (26%) ;
- des zones rurales ou pistes (26%) et (26%) ;
- la forêt (hors orpaillage), fleuve/crique et les zones de culture (champs/abattis) (1 à 8%).
Recommandations pour les voyageurs
Ces données ne remettent pas en question les recommandations concernant la prévention du paludisme pour les voyageurs se rendant en Guyane. Le risque reste faible pour la majorité des voyageurs et ne justifie pas la prescription d’une chimioprophylaxie dans la majorité des cas, à l’exception de personnes s’y rendant pour travailler dans l’extraction aurifère en forêt, ou des forces armées envoyées dans le cadre d’opération anti-orpaillage.
Note :
Si le nombre total de cas en 2024 est supérieur à celui de 2023, il correspond la fin de la bouffée épidémique de P. vivax de fin 2023 début 2024, comme le montre la courbe épidémique des cas avec une vingtaine des cas par mois depuis juin 2024 contre plus de 100 par mois en janvier et février. Les accès palustres en Guyane, presque essentiellement dus à P. vivax, ont donc considérablement diminué. Ils concernent pour la plupart des cas les personnes en rapport avec l’orpaillage. On note également quelques cas isolés, notamment proche de la frontière brésilienne, et plutôt chez les populations locales, et enfin des cas importés.
Figure : Distribution géographique des foyers de transmission actifs de paludisme en Guyane en 2024 présentée sur la carte du risque paludisme mise à jour en septembre 2023.