Etats-Unis : description d'un cas de peste transmis "hors saison" par un chat
La revue Morbidity and Mortality Weekly Report rapporte le cas d'un homme vivant dans l'Oregon qui a contracté la peste par l'intermédiaire de son chat de compagnie en janvier 2024. Il s'agit du cas de peste le plus précoce jamais enregistré au cours d'une année civile dans l'État où les cas de peste sont le plus souvent confirmés chez l'homme à la fin du printemps ou en été. L'Oregon n'avait pas confirmé de cas de peste humaine depuis 2015, année où il en avait enregistré deux.
Le 19 janvier 2024, le chat de cet homme a commencé à recevoir des soins vétérinaires dans le centre de l'Oregon pour un abcès au cou et des vomissements. Le chat a reçu des antibiotiques par voie orale et un vétérinaire a drainé et excisé l'abcès le 24 janvier.
Le 25 janvier, le propriétaire du chat âgé de 73 ans s'est coupé l'index droit avec un couteau de cuisine et a été soigné dans un centre de soins d'urgence. Les professionnels de santé ont suturé la plaie et renvoyé l'homme chez lui. Plus tard dans la journée, l'homme a eu un contact avec son chat, qui recevait encore des soins vétérinaires.
Le 26 janvier, l'homme a remarqué un nouvel ulcère sensible et surélevé sur son poignet droit.
Le 30 janvier, il s'est rendu dans un service d'urgence local avec des symptômes comprenant une infection cutanée (cellulite) et un gonflement des ganglions lymphatiques s'étendant de la plaie du poignet jusqu'à l'aisselle droite.
Il a été hospitalisé et traité initialement par ceftriaxone et le métronidazole. Les hémocultures effectuées à l'hôpital ont révélé la présence d'Yersinia pestis, et la peste a été confirmée au laboratoire de santé publique de l'État de Washington le 6 février.
L'antibiothérapie de l'homme a été remplacée par de la gentamicine et de la lévofloxacine par voie intraveineuse, et ses symptômes se sont améliorés par la suite. Il est sorti de l'hôpital le 7 février et s'est vu prescrire un traitement de 9 jours de lévofloxacine par voie orale. Le15 février, il semblait s'être complètement rétabli, avec seulement une légère fatigue résiduelle.
Malheureusement, l'homme n'a pas été en mesure d'administrer au chat ses antibiotiques après l'opération, et le chat est mort le 31 janvier. Les CDC ont confirmé la présence d'Y. pestis dans les tissus du chat par PCR et culture tissulaire.
Dans l'Oregon, le cas le plus précoce de peste au cours d'une année civile s'est produit en mai, en 1934. Les 18 autres cas ont été confirmés entre juin et novembre, dans des années allant de 1970 à 2015. Deux des 20 cas recensés dans l'Oregon se sont révélés mortels, l'un d'entre eux concernant un jeune enfant.
Les auteurs évoquent la possibilité que les climats tempérés de la vallée centrale de la Californie et du nord-ouest du Pacifique peuvent être propices à l'émergence des puces tout au long de l'année, et divers facteurs, tels que des températures chaudes non saisonnières pendant l'hiver, peuvent prolonger le cycle de vie des puces et favoriser potentiellement la transmission enzootique [entre animaux]. Les puces peuvent éclore à des températures aussi basses que 10 °C, comme c'était le cas dans le centre de l'Oregon au moment où le chat est tombé malade.
Les auteurs concluent : "Le traitement régulier des animaux domestiques et de leur environnement contre les puces pourrait réduire le risque d'infection par des agents pathogènes transmis par les puces. L'infection par Y. pestis n'a pas été envisagée lors de l'examen vétérinaire du chat. Si tel avait été le cas, le propriétaire de l'animal aurait pu être informé des risques de transmission de la peste de l'animal à l'homme, ce qui aurait permis d'éviter la propagation zoonotique. Les vétérinaires et le personnel médical doivent maintenir un indice de suspicion élevé pour l'infection par Y. pestis."