L'espoir d'un vaccin contre le paludisme encore repoussé

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Le paludisme est une infection due à des parasites du genre Plasmodium, dont 5 espèces, P. falciparum, P. malariae, P. ovale, P. vivax et P. knowlesi, sont capables d'infecter l'homme. Toutes sont transmises par la piqûre de moustiques du genre Anophèle, et sont responsables, selon l'OMS, de plus de 200 millions de cas d'infection et de plus de 600 000 décès par an, survenant dans toutes les régions intertropicales du globe. En 2010, 90% des décès sont survenus sur le continent africain, et ils ont concerné essentiellement des enfants de moins de 5 ans. Malgré des décennies de lutte et de recherche, et bien que des résultats encourageants aient pu être observés, on constate peu d'amélioration depuis le début des années 1990. L'extension des résistances des parasites aux traitements préventifs et curatifs, la moindre efficacité des mesures de prévention (lutte et protection contre les moustiques), l'existence de plus en plus fréquente d'infections associées telles que sida ou tuberculose, sont les principaux facteurs de cette stagnation.

Les infections à P. falciparum étant les plus sévères, responsables de la majorité des cas mortels, on a cherché à mettre au point un vaccin. La complexité du parasite, de son cycle (qui comporte plusieurs changements d'état), et des interactions qu'il établit avec l'hôte infecté, ont rendu cette entreprise difficile. Aucune des pistes suivies à ce jour n'a permis d'obtenir une protection satisfaisante. En 1986, le très médiatisé vaccin peptidique mis au point par M. Patarroyo s'est avéré très décevant. Les recherches sont cependant restées très actives, et un candidat vaccin baptisé RTS,S/AS01E mis au point par les laboratoires GlaxoSmithKline Biologicals depuis 1992, a permis, dans une première étude, d'observer une protection très prometteuse de 30 % contre les infections apparentes, et même de 58 % contre les formes sévères. En 2009, une étude d'efficacité de phase III a été lancée, et les investigateurs pensaient qu'elle montrerait une efficacité encore supérieure (Agnandji ST et coll.). Malheureusement, l'étude qui vient de paraitre dans New England Journal of Medicine a douché ces espoirs : la conclusion des auteurs est que l'efficacité, évaluée chez des enfants de 5 à 17 mois sur une période de 4 ans, s'établit à seulement 16,8 %, et qu'elle diminue avec le temps et avec l'exposition au parasite (Olotu A et coll., information reprise par Reuters). Une étude antérieure a montré que l'efficacité de protection était également modeste (de l'ordre de 30 %) chez le nouveau-né, âgé de 6 à 12 semaines (RTS,S Clinical Trials Partnership). Bien qu'une protection partielle puisse constituer un progrès utile dans le cas d'une infection comme le paludisme, le niveau observé pour le vaccin RTS,S/AS01E apparait aujourd'hui insuffisant.

Sources :

 

  • Agnandji ST, Lell B, Soulanoudjingar SS et coll.; RTS,S Clinical Trials Partnership. First results of phase 3 trial of RTS,S/AS01 malaria vaccine in African children. N Engl J Med. 2011 Nov 17;365(20):1863-75.
  • Olotu A, Fegan G, Wambua J, Nyangweso G, Awuondo KO, Leach A, Lievens M, Leboulleux D, Njuguna P, Peshu N, Marsh K, Bejon P. Four-year efficacy of RTS,S/AS01E and its interaction with malaria exposure. N Engl J Med. 2013 Mar 21;368(12):1111-20.
  • http://www.reuters.com/article/2013/03/20/us-malaria-vaccine-gsk-idUSBRE92J1B620130320
  • RTS,S Clinical Trials Partnership, Agnandji ST, Lell B, Fernandes JF et coll. A phase 3 trial of RTS,S/AS01 malaria vaccine in African infants. N Engl J Med. 2012 Dec 13;367(24):2284-95.