Le point sur la sarcocystose musculaire
La plus importante épidémie de sarcocystose aigüe musculaire rapportée à ce jour a été décrite par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains en collaboration avec les réseaux de surveillance GeoSentinel, EuroTravNet et TropNet chez des voyageurs européens au retour de l'Ile de Tioman en Malaisie, au cours des étés 2011 et 2012.
L'agent pathogène de la sarcocystose est un parasite protozoaire intra-cellulaire du genre Sarcocystis, qui comprend plus de 130 espèces. Ces parasites appartenant à la classe des coccidies sont responsables de deux formes cliniques : la sarcocystose intestinale et la sarcocystose musculaire.
Dans la forme intestinale, l'homme qui est l'hôte définitif s'infeste en mangeant de la viande insuffisamment cuite de bœuf ou de porc, hôtes intermédiaires respectifs de Sarcosystis hominis et de Sarcocystis suihominis. Le développement de formes parasitaires sexuées dans l'intestin est généralement asymptomatique mais cette parasitose peut se traduire par une gastro-entérite.
Dans la forme musculaire, l'homme constitue cette fois-ci l'hôte intermédiaire en ingérant accidentellement des oocystes ou des sporocystes présents dans de l'eau ou des aliments souillés par les fèces d'un hôte définitif infecté (homme ou mammifère carnivore). La migration tissulaire des formes asexuées se termine généralement dans les muscles squelettiques et cardiaques. Cette impasse parasitaire peut se traduire par une inflammation ou une destruction des cellules musculaires avoisinantes. La présentation clinique est marquée par des douleurs musculaires et articulaires associées ou non à une fièvre, une asthénie, des maux de tête, une toux ou une diarrhée. Une éruption cutanée, un prurit ou un œdème du visage ou d'une extrémité sont également possibles.
Les examens biologiques retrouvent une hyperéosinophilie (élévation du nombre de polynucléaires éosinophiles) et une augmentation des CPK (créatinine phosphokinases, enzymes contenues dans les muscles) apparaissant un mois après le retour de la zone d'endémie. La négativité de la sérologie anti-Trichinella spiralis doit faire évoquer le diagnostic de sarcocystose musculaire.
Le diagnostic de confirmation est du ressort des laboratoires spécialisés des CDC et est basé sur l'examen histologique et la recherche par amplification génomique sur les biopsies musculaires, en attendant la mise au point d'une sérologie spécifique du genre Sarcocystis de type Western blot. Le traitement ne fait pas l'objet d'un consensus et relève également d'un avis spécialisé.
La prévention repose sur les mesures hygiéno-diététiques usuelles : cuisson à point des viandes, nettoyage et épluchage des légumes et fruits, consommation d'eau embouteillée.
Source : Esposito DH et al. Ongoing outbreak of an acute muscular Sarcocystis-like illness among travellers returning from Tioman Island, Malaysia, 2011-2012. Euro Surveillance. Novembre 2012.