La consommation modérée d'alcool améliore la réponse immunitaire à une vaccination

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Les méfaits d'une consommation chronique excessive d'alcool sont connus. De nombreux systèmes se trouvent altérés, et le système immunitaire ne fait pas exception : il devient moins performant, entrainant une plus grande sensibilité aux infections et une perte d'efficacité des vaccins. Les sujets alcooliques chroniques font 3 à 7 fois plus de pneumonies bactériennes et présentent une plus grande incidence d'hépatite B que les sujets ne consommant pas ou très peu d'alcool. Après une vaccination, on observe fréquemment chez eux une absence de séroconversion. Des études faites chez l'homme et chez l'animal ont montré que la réponse cellulaire T était altérée et perdait son efficacité chez les individus dont l'alcoolémie se maintenait en permanence au dessus de 0,8 g/L.

L'effet de niveaux d'imprégnation moins élevés n'avait pas été étudié. Plusieurs études montrent cependant que l'espérance de vie de sujets ayant une consommation modérée d'alcool est supérieure à celle des gros buveurs, mais aussi à celle des sujets ne consommant pas d'alcool du tout. L'équipe américaine de I. Messaoudi a permis à des singes Rhésus de consommer librement de l'alcool (une solution à 4 % dans l'eau) pendant 9 mois. Un autre groupe de singes n'a eu accès qu'à de l'eau. Tout au long de l'étude, la consommation et le niveau d'alcoolémie des singes ont été mesurés. D'autre part, tous les singes ont reçu une vaccination antivariolique au début de l'étude puis au bout de 7 mois de consommation d'alcool. Des prélèvements de sang ont été effectués à distance de ces vaccinations pour analyser la réponse immunitaire des animaux.

L'étude a montré que les singes dont l'alcoolémie s'était maintenue au dessus de 0,8 g/L (entre 0,9 et 1,26 g/L) ont moins bien répondu à la deuxième injection de vaccin que les non buveurs du groupe contrôle. Les premiers présentaient des réponses prolifératives CD4 et CD8 et des concentrations d'IgG spécifiques plus faibles. Au contraire, les singes ayant consommé de l'alcool plus modérément (alcoolémie maintenue entre 0,22 et 0,49 g/L) ont présenté des réponses IgG et CD8 plus fortes que celles des sujets contrôles. Ils présentaient par ailleurs des taux plus élevés de cytokines antivirales circulantes et des profils d'expression de micro-ARN corrélés à la différenciation des lymphocytes CD8.

Les auteurs concluent que la consommation régulière mais modérée d'alcool rend plus efficace la réponse immunitaire à une vaccination de rappel. Leur étude montre bien par ailleurs qu'une consommation excessive inhibe très fortement cette réponse. Tout est donc, là aussi, question de dosage !

Source : Messaoudi I, Asquith M, Engelmann F, Park B, Brown M, Rau A, Shaw J, Grant KA. Moderate alcohol consumption enhances vaccine-induced responses in rhesus macaques. Vaccine. 2013 Dec 17;32(1):54-61.

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