L’avancée des connaissances en immunologie pourrait rendre l’utilisation des vaccins plus efficace

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Avec l’amélioration de l’hygiène et de l’alimentation, les vaccins sont responsables de l’essentiel des immenses progrès effectués dans la protection contre les maladies infectieuses au siècle dernier. Ils ont permis d’éradiquer la variole, de faire reculer la poliomyélite, le tétanos et la diphtérie, et ils peuvent à présent prévenir de nombreuses maladies de l’enfant ou de l’adulte. Cependant, si les enfants de moins de 5 ans ont bénéficié des progrès accomplis, la mortalité infantile reste élevée dans de nombreux pays, particulièrement dans le premier mois de la vie. Alors que 20 % de la mortalité néonatale seraient imputables à des causes infectieuses, les vaccins actuels sont peu efficaces dans cette tranche d’âge, en raison de l’état immunitaire particulier qui la caractérise.

Durant la grossesse, le fœtus est protégé par le système immunitaire de sa mère, qui doit être capable d’assurer une protection contre toutes les agressions tout en développant une tolérance vis-à-vis du fœtus lui-même. Après la naissance, le nouveau-né ne peut pas produire de réponse immunitaire efficace avant plusieurs mois, mais il reste protégé durant cette période par certains anticorps de sa mère qui ont filtré à travers le placenta. Cependant, cette protection ne vaut que pour les maladies contre lesquelles la mère était elle-même immunisée ; elle peut être de faible niveau et elle diminue rapidement pour disparaitre quasiment vers le 6ème mois, ce délai étant toutefois variable d’une maladie à une autre. Améliorer la protection du nouveau-né pendant ces 6 premiers mois se heurte ainsi à plusieurs difficultés. Deux mécanismes peuvent se conjuguer pour rendre la vaccination inefficace : l’immaturité du système immunitaire et l’inhibition de la réponse immunitaire par les anticorps maternels. Certains vaccins vivants, capables de provoquer une infection qui ne serait pas contrôlée, sont même contre-indiqués. Des recherches visent aujourd’hui à comprendre de quelle façon les anticorps maternels interfèrent avec l’acquisition de l’immunité par le nouveau-né. Ces anticorps pourraient éliminer ou neutraliser les antigènes vaccinaux, mais il semble qu’ils interagissent surtout avec les lymphocytes B pour empêcher leur maturation. Comprendre ces mécanismes permettra peut-être de concevoir des vaccins adaptés au tout jeune enfant, comportant des antigènes non reconnus par les anticorps développés par la mère. Alternativement, cela pourrait permettre d’optimiser l’utilisation des vaccins chez la future mère ou la femme enceinte, afin de rendre le transfert d’anticorps au fœtus plus efficace. S’ils sont un jour disponibles, les vaccins contre le virus respiratoire syncytial, le cytomegalovirus ou les streptocoques du groupe B pourraient ainsi s’adresser particulièrement aux femmes ayant un projet de grossesse.

Un autre phénomène pourrait avoir des applications intéressantes, c’est celui de l’immunité hétérologue (immunité étendue à des antigènes qui n’ont pas servi à immuniser) induite par certains vaccins (ou certaines infections), particulièrement des vaccins vivants comme le BCG ou le vaccin rougeoleux. On a en effet observé en quelques occasions que des enfants vaccinés dès leur naissance par le BCG étaient moins affectés par d’autres infections et souffraient en tout cas d’une mortalité moindre. D’autres observations sont toutefois contradictoires, et il apparait nécessaire d’identifier les vaccins capables d’induire une immunité hétérologue et de préciser si cette immunité est bénéfique (et peut alors être recherchée avec de nouveaux vaccins) ou si elle peut au contraire représenter un handicap (par exemple, en gênant l’établissement d’une immunité spécifique avec d’autres vaccins).

Source : Frontiers in Immunology, 16 février 2015.

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