Situation du paludisme au Cambodge avec l'augmentation de la résistance de Plasmodium falciparum à l'artémisinine

Les autorités cambodgiennes ont annoncé que la prévalence du paludisme a de nouveau diminué dans le pays en 2015.

Avec 51 200 cas recensés et 10 décès, la diminution constatée en 2015 est en effet de 9% par rapport à 2014 où 18 décès avait été notifiés (pour mémoire, en 2011 il était rapporté 61 770 cas). Toutefois, l'extension de la résistance de Plasmodium falciparum à l'artémisinine est préoccupante. Elle a été découverte pour la première fois en 2006 dans le territoire de Pailin , zone frontalière avec la Thaïlande à l'ouest du Pays.

En 2013 elle touchait 6 provinces, actuellement trois nouvelles provinces du nord et nord-est sont également touchées : Stoeng Treng ,Rotanah Kiri et Mondol Kiri et elle s'étend progressivement à toute la zone de la sous-région du Grand Mékong conduisant à revoir la stratégie d'utilisation de cette molécule et de privilégier les combinaisons d'antipaludiques associant un dérivé de l'artémisinine à un autre antipaludique de principe actif différent (ACT Artemisinin-based combination therapy).

Les observations récentes de l'extension de la résistance à l'artémisinine et des échecs de la combinaison dihydroartémisinine–pipéraquine (30% d'échec fin 2014) a conduit à la réintroduction en thérapeutique de l'association artésunate-méfloquine initialement utilisée en 2008.

Lesupport génétique de la résistance à l'artémesinine a été clairement identifié. Contenir l'extension de cette résistance paraît difficile. L'Organisation mondiale de la santé a adopté un programme évalué à 3 milliard de dollar US pour atteindre l'objectif d'éradication du paludisme dans la sous-région du Grand-Mékong d'ici 2030.

Les autorités cambodgiennes ont rappelé que l'objectif national était d'arriver à l'objectif de préélimnation du paludisme en 2020 avec aucun mort lié au paludisme (en 2015 la létalité du paludisme était de 0.85 pour 100 000 habitants) et une maîtrise de l'extension de la résistance de Plasmodium falciparum à l'artémisinine. Pour ce faire, les efforts portent sur :

• Assurer le diagnostic et le traitement du paludisme
• Prévenir l'impaludation et diminuer le contact homme-vecteur par l'utilisation des moustiquaires
• Lutter contre les contrefaçons des antipaludiques
• Favoriser l'éducation à la santé des populations au niveau local en ce qui concerne le paludisme

Selon le rapport de l'Organisation mondiale de la santé sur le paludisme 2015, au Cambodge, 48% de la population vit dans une zone ou la transmission est considérée comme élevée (> 1 cas pour 1000 habitants).

Pour le voyageur, les recommandations françaises précisent l'usage d'une chimioprophylaxie sauf à Phnom Penh, autour du Tonlé Sap et si le passage à Angkor et limité à une visite diurne, elle doit s'accompagner d'une protection personnelle antivectorielle et de la nécessité d'une consultation en urgence en cas de fièvre.

Pour le voyageur, des informations détaillées sont disponibles sur les sites Mesvaccins.net ou Medecinedesvoyages.net.

Source : Promed.