Les médecins généralistes vaccinent mieux leurs enfants que leurs patients

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La méfiance vis-à-vis des vaccins n'est pas un phénomène purement français. Pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le concept de « vaccine hesitancy » n'est pas seulement le refus des vaccins, mais un processus plus complexe : « Par hésitation à l'égard des vaccins, on entend le retard dans l'acceptation ou le refus des vaccins, malgré la disponibilité de services de vaccination. C'est un phénomène complexe, spécifique au contexte et variant selon le moment, le lieu et les vaccins. Il inclut différents facteurs. »

Le phénomène peut aussi toucher les professionnels de la santé, comme le prouve une enquête réalisée dans la région Rhône-Alpes (devenue depuis la région Auvergne-Rhône-Alpes), à laquelle ont accepté de participer 693 médecins généralistes libéraux entre octobre 2013 et janvier 2014.

Selon les recommandations vaccinales de 2012, 88 % seulement des médecins interrogés sont correctement vaccinés contre la diphtérie, le tétanos et la polio, 72 % contre la coqueluche et 79,1 % contre la grippe saisonnière. Leur couverture vaccinale contre l'hépatite B n'a pas été évaluée, mais trois quarts des médecins déclarent qu'ils accepteraient un rappel s'il s'avérait que leur taux d'anticorps anti-HBs était insuffisant.

Les auteurs ont ensuite comparé l'attitude des médecins concernant la vaccination de leurs patients et celles de leurs propres enfants. Force est de constater qu'il existe quelques différences. En effet, si les recommandations sont suivies à égalité dans les deux cas pour les vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole et la méningite C, les médecins déclarent qu'ils recommandent plus souvent la vaccination contre le pneumocoque (90 % versus 84 %) et le vaccin contre les papillomavirus (83 % versus 74 %) à leurs patients qu'ils ne vaccinent leurs enfants. L'inverse se produit pour l'hépatite B, avec un taux de couverture de 100 % pour les enfants de médecins contre 87 % pour les patients. Des divergences sont constatées dans la pratique de près d'un médecin sur deux.

L'enquête ne permet pas d'expliquer ces divergences. Notons toutefois qu'elles sont les plus grandes pour les vaccins les plus récents et les plus controversés, notamment pour le vaccin contre les papillomavirus. Notons aussi que la divergence en ce qui concerne l'hépatite B révèle que les médecins sont plus confiants dans cette vaccination qu'il y a quelques années : une enquête réalisée en 2008 montrait en effet qu'à cette date 10 % des généralistes n'avaient pas vacciné leurs enfants. L'écart constaté avec la vaccination contre l'hépatite B des patients tient sans doute aux réticences de ces derniers. Les raisons de ces attitudes divergentes ne sont toutefois pas encore claires et devraient faire l'objet d'autres travaux.

Source : Killian M et al. : Vaccine hesitancy among general practitioners: evaluation and comparison of their immunisation practice for themselves, their patients and their children. Eur J Clin Microbiol Infect Dis., 2016; 35(11): 1837-1843.

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