La grippe en 2015 : plus de morts, moins de personnes vaccinées

Publié le 23 mai 2015 à 16h52

Biographie

- Professeur agrégé du Val-de-Grâce, professeur invité à l'Université de Bordeaux.

Liens d'intérêt

- Aucune perception de rémunération ou de tout autre avantage de l'industrie pharmaceutique.
- Aucun investissement financier dans une firme pharmaceutique.
- Aucune participation à des études cliniques de vaccins.
- Aucune rémunération ou avantages reçus de l'industrie pharmaceutique.
- Déclaration mise à jour le 12 avril 2023.

L'institut de veille sanitaire (InVS) vient de publier un bilan de la dernière saison grippale 2014-2015 en métropole.

Une forte épidémie

L'épidémie de grippe s'est étendue sur 9 semaines (du 12 janvier au 15 mars 2015) et a atteint une proportion élevée de la population française en métropole. Environ trois millions de consultations pour syndrome grippal ont été comptabilisées. On a toutefois connu pire puisque cette épidémie se classe à la 14ème place parmi les 30 dernières saisons hivernales.

Un impact important, surtout chez les personnes âgées

L'impact sanitaire de la dernière épidémie de grippe a été important :

  • Près de 30 000 passages aux urgences ;
  • 3 133 hospitalisations parmi ces passages, dont 47 % chez les 65 ans et plus ;
  • 1 558 cas graves de grippe admis en réanimation ;
  • Excès de 18 300 décès pendant l'épidémie de grippe, concernant à 90 % les personnes âgées de plus de 65 ans.

L'excès de mortalité observé est le plus élevé depuis l'hiver 2006-2007. L'année dernière, cet excès de mortalité constaté au cours de la saison grippale était à peine supérieur à 1 000. Il a été rapporté dans la plupart des 15 pays participant au projet européen de surveillance de la mortalité et estimé à 90 000 décès tous âges confondus. Il coïncide avec la circulation du virus grippal A(H3N2) mais également avec la survenue d'autres facteurs hivernaux.

Les virus en cause et l'efficacité du vaccin

En médecine générale, 2 709 patients ont été prélevés et 1 513 virus grippaux identifiés. Parmi eux, les virus en cause étaient répartis comme suit :

  • 75 % étaient des virus grippaux de type A :
    - 19 % de virus A(H1N1)pdm09
    - 55 % de virus A(H3N2)
    - 1 % de virus A non sous-typés
  • 25 % étaient des virus grippaux de type B 

Il a été rapporté une baisse de l'efficacité du vaccin au cours de cette saison, en raison de la circulation d'une souche de virus A(H3N2) appelée A/Switzerland, différente de la souche vaccinale. Toutefois, l'étude de la répartition des souches montre qu'une proportion élevée de virus grippaux circulants (probablement plus de la moitié) étaient couverts par le vaccin. 

La circulation de la souche A/Switzerland a été prise en compte. Celle-ci est maintenant intégrée dans le nouveau vaccin pour l'hémisphère Sud, qui est actuellement utilisé dans la campagne de vaccination contre la grippe à la Réunion et à Mayotte

Une couverture vaccinale encore à la baisse

Les premières estimations de couverture vaccinale, calculées à partir des données de l'assurance maladie, sont de 47 % pour la population à risque, en baisse par rapport à la saison dernière (49 %). Cette baisse affecte surtout les personnes âgées de 65 ans et plus (48 % versus 52 % en 2013-2014), alors qu'elle se maintient à 38 % pour les personnes à risque de moins de 65 ans. 

Dans les collectivités de personnes âgées, la couverture vaccinale des résidents était de 83 %, valeur comparable à celles observées depuis la saison 2010-2011. Cette valeur élevée peut expliquer que les proportions de malades, d'hospitalisés et de décès parmi les résidents soient comparables à celles observées les années précédentes. La mise en place de mesures barrière (renforcement des mesures d'hygiène, isolement des malades, limitation des visites) a pu également contribuer à cette protection. 

Enfin, la couverture vaccinale du personnel des collectivités de personnes âgées reste faible (23 %) et stable par rapport aux années précédentes.

Source : Institut de veille sanitaire.