Le point sur l'épidémie de choléra en Algérie

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En Algérie, le 23 août 2018, le ministère de la Santé (MoH) a notifié une épidémie de choléra dans le nord du pays, dans la capitale algérienne et aux alentours.

Du 7 août au 6 septembre, 217 cas présentant des symptômes évoquant un choléra ont été hospitalisés, deux des patients sont décédés (létalité : 0,9%). Des cas ont été signalés dans sept provinces (Wilayas).

Parmi les 217 patients, 83 ont été biologiquement confirmés infectés par le Vibrio cholerae sérogroupe O1 Ogawa à l'Institut Pasteur d'Alger.

Plus de la moitié des cas confirmés ont été enregistrés dans la province de Blida, suivis par Alger, Tipasa, Bouira, Médéa et Ain Defla.

Au total, 21 sources d'eau, dont trois privées, dans les zones touchées ont été testées pour la contamination bactérienne et 10 d'entre elles ont été jugées inappropriées pour la consommation humaine. L'une des sources d'eau a été testée positive pour le Vibrio cholerae sérogroupe O1 Ogawa et a été condamnée pour la consommation humaine.

Réponse de santé publique

Le ministère de la Santé a indiqué que les hôpitaux disposent de capacités suffisantes pour traiter les patients atteints de choléra. Les patients sont traités dans deux hôpitaux provinciaux des zones touchées. Selon les informations fournies par le ministère de la Santé à la date du 3 septembre, 10 cas restaient hospitalisés.

La surveillance et la recherche active de cas autour des cas identifiés se poursuivent et ont été intensifiées par le ministère de la Santé.

L'approvisionnement public en eau en Algérie est testé quotidiennement; tous les échantillons prélevés ont été testés négatifs pour les pathogènes entériques.

A la demande de l'Institut Pasteur d'Alger, l'Organisation mondiale de la santé a envoyé 5000 tests de diagnostic rapide en Algérie.

Évaluation des risques par l'Organisation mondiale de la santé

Le choléra est une infection entérique aiguë causée par l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par la bactérie V. cholerae . Le choléra est une maladie infectieuse potentiellement grave et peut entraîner des taux élevés de morbidité et de mortalité. Elle peut se propager rapidement en fonction de la fréquence de l'exposition, de la population exposée et du contexte.

Le dernier cas confirmé d' infection à Vibrio cholerae en Algérie a été signalé en 1996.

L'épidémie actuelle s'est développée rapidement avec 41 cas confirmés signalés entre le 7 et le 23 août et une moyenne de quatre cas par jour du 24 au 30 août.

La source de l'épidémie et du véhicule de transmission n'est actuellement pas connue, mais le ministère de la Santé et l'Institut Pasteur Algérie ont signalé que la plupart des cas étaient regroupés au sein d'un groupe familial.

Des cas ont été signalés en milieu urbain où le risque de transmission est accru, d'autant plus que la source de l'épidémie n'a pas été identifiée et que la source peut donc persister en tant que risque dans la communauté. Cependant, les informations les plus récentes publiées par le ministère de la santé suggèrent que l'épidémie est en train de diminuer.

Conseil de l'Organisation mondiale de la santé

Pour cette épidémie, une analyse plus approfondie des spécimens confirmés en laboratoire est recommandée, y compris le séquençage du gène de la toxine du choléra, afin de déterminer si l'épidémie est due à une souche épidémique de Vibrio cholerae.

Pour prévenir et combattre le choléra, l'Organisation mondiale de la santé recommande une gestion adéquate des déchets, la mise en œuvre de pratiques adéquates en matière de sécurité sanitaire des aliments et d'hygiène et la garantie d'un accès à de l'eau potable et à des installations sanitaires.

Les messages clés sur la santé publique devraient être transmis à la population touchée.

Le renforcement de la surveillance est conseillé. Une gestion des cas appropriée devrait être mise en place dans les zones touchées par l'épidémie pour réduire la mortalité. Il faudra s'assurer de la préparation du pays pour détecter rapidement et répondre à l'épidémie de choléra afin d'atténuer le risque de propagation dans de nouvelles zones.

L'Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas imposer de restrictions sur les voyages ou le commerce en Algérie, sur la base des informations actuellement disponibles concernant cette épidémie.

Rappels sur le choléra

Le choléra est une maladie diarrhéique épidémique, strictement humaine, due à des bactéries appartenant aux sérogroupes O1 et O139 de l'espèce Vibrio cholerae.La maladie résulte de l'absorption d'eau ou d'aliments contaminés. Une fois dans l'intestin, les vibrions sécrètent la toxine cholérique, principale responsable de l'importante déshydratation qui caractérise l'infection.

L'incubation, de quelques heures à quelques jours, est suivie de violentes diarrhées et de vomissements, sans fièvre. La période d'incubation courte augmente le caractère potentiellement explosif des épidémies. En l'absence de traitement, la mort survient en 1 à 3 jours, par collapsus cardio-vasculaire dans 25 à 50% des cas. La mortalité est plus élevée chez les enfants, les personnes âgées et chez les individus fragilisés.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, la vaccination devrait être envisagée pour les voyageurs à haut risque tels que les secouristes / secouristes qui sont susceptibles d'être directement exposés. La vaccination n'est généralement pas recommandée pour les autres voyageurs.

Le risque de choléra est très faible pour le voyageur et le vaccin contre la choléra n'est conseillé que dans des cas très spécifiques, pris en compte par le système expert de MesVaccins.net et Medecinedesvoyages.net. Il est conseillé de :

  • se laver fréquemment les mains à l'eau et au savon, en particulier avant toute prise alimentaire ;
  • éviter l'usage des serviettes collectives ;
  • ne manger que des aliments cuits ;
  • éviter la consommation de poissons, coquillages, ou fruits de mer autrement que bien cuits ou frits ;
  • peler soigneusement, à défaut cuire ou désinfecter les fruits et légumes ;
  • ne boire que de l'eau minérale en bouteille capsulée ou de l'eau traitée (par chloration, par Troclosène sodique ou par ébullition) ;
  • ne pas consommer de glaçons, de crèmes glacées ou sorbets en vente publique.

Source : France-Diplomatie-Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.