Covid 19 et grossesse : il n'y a pas lieu de trop s'inquiéter

Publié le 11 oct. 2020 à 22h20

Biographie

MD, PhD, ancien directeur scientifique de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA), Brétigny sur Orge, France.

Habilitation à diriger les recherches.

Enseignant à l’Ecole du Val-de-Grâce, à l’université d’Aix-Marseille, à l’Institut de formation en soins infirmiers Saint Joseph, Marseille.

Expert auprès de Santé publique France, de la Haute autorité de santé (HAS) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC).

Membre du Comité de protection des personnes (CPP) Sud-Ouest et Outre-mer II.

Liens d'intérêt

Absence de lien avec l’industrie pharmaceutique.

Aucune participation à des études cliniques de médicaments ou vaccins.

Déclaration établie le 2 janvier 2012, mise à jour le 21 septembre 2021.

Plusieurs infections virales sont responsables de répercussions sur le déroulement des grossesses, se manifestant par des atteintes particulières chez la mère ou surtout par des anomalies de développement du fœtus. Il existe donc des inquiétudes légitimes sur les risques particuliers que peut faire courir une infection par le SARS-CoV-2 (coronavirus responsable de la covid 19) aux femmes enceintes, aux fœtus et aux nouveau-nés.

L'étude de M. Ahlberg et coll. est plutôt rassurante. Elle a porté sur des femmes vues au moment de l'accouchement à l'hôpital Karolinska de Stockholm entre le 25 mars et le 24 juillet 2020, pour lesquelles un diagnostic d'infection par le SARS-CoV-2 a été effectué par RT-PCR, soit à l'accouchement, soit lors d'une visite antérieure. Cent cinquante six femmes ont été déclarées exposées à l'infection (dont 65 % n'ont pas présenté de symptômes) et comparées, avec appariement sur plusieurs critères, à 604 femmes restées négatives. Les auteurs se sont intéressés à plusieurs critères, concernant la date et le déroulement de l'accouchement, le bilan de santé du nouveau-né. Les seules différences significatives observées entre les deux groupes ont été une fréquence de pré-éclampsie plus élevée (7,7 % contre 4,3 %) et un besoin de déclenchement artificiel du travail moins élevé (18,7 % contre 29,6 %) chez les femmes exposées au covid 19 que chez celles qui ne l'avaient pas été. Les scores d'Apgar et les poids de naissance des bébés étaient comparables.

L'étude est monocentrique et porte sur un effectif limité. Elle complète une étude américaine qui montrait que les femmes ayant été infectées par le SARS-CoV-2 nécessitaient plus souvent une césarienne et avaient plus de complications en post-partum (fièvre, hypoxie) que les non infectées, mais qu'aucun des bébés nés de femmes infectées n'était porteur du virus dans les 24 heures suivant l'accouchement.

Si la grossesse ne semble pas constituer un risque particulier, l'évolution de la covid 19 reste imprévisible et justifie une surveillance.

Références.

  1. Ahlberg M, Neovius M, Saltvedt S, Söderling J, Pettersson K, Brandkvist C, Stephansson O. Association of SARS-CoV-2 Test Status and Pregnancy Outcomes. 2020 Sep 23 [Epub ahead of print]. doi: 10.1001/jama.2020.19124.
  2. Prabhu M, Cagino K, Matthews KC, Friedlander RL, Glynn SM, Kubiak JM, Yang YJ, Zhao Z, Baergen RN, DiPace JI, Razavi AS, Skupski DW, Snyder JR, Singh HK, Kalish RB, Oxford CM, Riley LE. Pregnancy and postpartum outcomes in a universally tested population for SARS-CoV-2 in New York City: a prospective cohort study. BJOG. 2020 Jul 07 [Epub ahead of print]. doi: 10.1111/1471-0528.16403. PMID: 32633022.