En Pologne, plusieurs chats testés positifs pour le virus de la grippe aviaire hautement pathogène A(H5N1)

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En Pologne, le service de l’Inspection générale vétérinaire a démenti dans un communiqué du 20 juin 2023 des informations apparaissant sur les médias sociaux, au sujet d'infections présumées de chats domestiques par des virus de la grippe aviaire.

Dans un communiqué du 26 juin, le même service précisait qu’à la date du 26 juin, 11 échantillons avaient été testés à l'Institut vétérinaire national de Putawy, dont 9 étaient positifs pour le virus de la grippe aviaire hautement pathogène A(H5N1). Les échantillons positifs provenaient de Poznan , Tricity et Lublin. Des tests plus détaillés du matériel génétique des virus étaient en cours, mais les tests préliminaires permettaient d’écarter l’implication du virus, qui avait provoqué des maladies chez les mouettes ces dernières semaines. Aussi, la source de l’infection féline n’était pas identifiée.

Un nouveau communiqué du service de l’Inspection générale vétérinaire polonais du 28 juin rapporte que 33 échantillons issus de chats provenant de Gdansk, Gdynia, Poznan, Lublin, Pruszcz Gdanski, Nowy Dwor Mazowiecki, Bydgoszcz, Wroclaw et des environs de Zamosc ont été reçus par l'Institut vétérinaire d'État de Pulawy à la date du 28 juin. Sur les 19 échantillons déjà testés, 15 sont revenus positifs pour le virus de la GAHP A(H5N1). Ils proviennent de Gdansk, Gdynia, Pruszcz Gdanski, Lublin, Bydgoszcz et Poznan. Par ailleurs, un échantillon traité à la faculté vétérinaire de Varsovie s’est révélé également positif ce qui porte à 16 le nombre de cas dans le pays.

Commentaires

A ce jour, cet événement soulève un certain nombre de question, d’autant que en dehors du nombre de cas, les informations disponibles sont limitées (aucune hypothèse n’a été émise concernant le mode de contamination, le retentissement clinique des infections n’est pas précisé de même que le mode de vie des animaux (chat domestique ou sauvage) ou le nombre de cas dans chaque foyer …).

La détection de passages ponctuels du virus des oiseaux aux mammifères n’en demeure pas moins inquiétante, dans la mesure où, plus le virus infecte de mammifères, plus il est susceptible d’acquérir des mutations favorisant son adaptation aux humains et sa capacité à devenir contagieux pour l’espèce humaine.

Des cas sporadiques mortels dus aux virus de la grippe aviaire ont été signalée chez diverses espèces de mammifères, y compris des carnivores domestiques et sauvages. Jusqu'à présent, au moins cinq sous-types de virus de la GAHP ont été signalés dans la littérature comme étant à l'origine de maladies respiratoires aiguës chez les chats (H5N1, H1N1, H7N2, H5N6, H3N2).

Concernant le virus de la GAHP A(H5N1), la première infection naturelle chez les chats domestiques a été décrite à Bangkok (Thaïlande) en février 2004 lors d'une épidémie mortelle chez 15 chats domestiques présentant des vomissements et des crachats de sang. L'un des chats avait mangé une carcasse de poulet dans une ferme où sévissait un foyer de virus H5N1. La présence du virus H5N1 a été confirmée chez trois chats à la suite de nécropsies. L'inoculation intratrachéale d'un isolat vietnamien du virus H5N1 et l'alimentation de chats domestiques avec de la viande d'oiseaux infectés ont confirmé leur sensibilité et la possibilité d'une transmission horizontale dans la population féline. Sur le plan histologique, des lésions alvéolaires diffuses ont été observées chez les animaux, semblables aux lésions observées chez les humains infectés par le virus H5N1 de la GAHP. Par la suite, des cas isolés d'infections par le virus H5N1 de la GAHP chez des chats de différentes parties du monde ont été signalés, la plupart associés à des foyers aviaires récents. La première preuve d'une infection par le virus HPAIV H5N1 chez des chats domestiques en Europe a été rapportée en Allemagne en février 2006. Trois chats ont été retrouvés morts en étroite corrélation spatio-temporelle avec un foyer de H5N1 chez les oiseaux sauvages. Dans ces régions, les carcasses de cygnes, de canards et d'oies sauvages étaient accessibles aux charognards aviaires et mammifères. On a donc supposé que les oiseaux sauvages infectés étaient les sources d'infection des chats [130]. La même année, trois chats sans signes cliniques apparents ont été testés positifs au H5N1 dans un refuge pour animaux à Graz (Autriche), après l'introduction dans le refuge d'un cygne infecté. En France, fin décembre 2022, un chat malade a été testé positif au virus H5N1 dans les Deux-Sèvres, un élevage de canards voisin étant à l’origine de la contamination.

La prévalence des anticorps contre la virus de la GAHP H5N1 parmi les différentes populations de chats semble plutôt faible (0,2-2,6 %), ce qui suggère que l'exposition chez les chats est rare et coïncide le plus souvent avec des épidémies chez les oiseaux sauvages et domestiques. (Référence : Palombieri A et al. Emerging respiratory viruses of cats. Viruses. 2022 Apr; 14(4): 663.)

Source : Inspection générale vétérinaire de Pologne

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