En Inde, 5 cas d’infection à virus Nipah dont trois décès dans l’Etat du Kerala

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En Inde, le département de la santé du Kerala a lancé le 11 septembre une alerte après le décès de deux personnes causé par le virus Nipah dans le district de Kozhikode.

Par la suite, l'institut de virologie de Pune a informé que la présence du virus Nipah a été confirmée chez trois personnes dans l'État du Kerala, un enfant de 9 ans qui est soigné dans un hôpital privé de Kozhikode, le frère de sa mère âgé de 25 ans et une personne de 40 ans qui est décédée.

À la suite de la confirmation de la présence du Nipah, les districts voisins comme Kannur, Wayanad et Malappuram ont également fait l'objet d'une mise en garde. La disponibilité d'un anticorps monoclonal pour le traitement des personnes touchées par le virus Nipah et soignées dans un hôpital privé a été assurée en liaison avec l'Indian Council of Medical Research (ICMR).

En juillet (nouvelle 21078) plusieurs chauves-souris infectées par le virus Nipah avaient été découvertes dans plusieurs États de l'Inde, dont le Kerala.

Rappels sur le virus Nipah

Le virus Nipah (NiV) est un virus à ARN appartenant à la famille des Paramyxoviridae. Il appartient au genre Henipavirus qui comprend également le virus Hendra (HeV) et le virus Cedar récemment décrit. Les chauves-souris Pteropus, réparties dans le monde entier, constituent le réservoir des hénipavirus. Elles infectent les hôtes amplificateurs comme les porcs qui consommant des fruits mordus par les chauves-souris.

Le virus Nipah (NiV) peut se transmettre à l'homme de trois manière :

  • Par contact direct avec des animaux infectés, tels que des chauves-souris ou des porcs, ou avec leurs fluides corporels (tels que le sang, l'urine ou la salive).
  • Par consommation de produits alimentaires (sève brute de palmier-dattier) contaminés par les fluides corporels d'animaux infectés (tels que la sève de palmier ou les fruits contaminés par une chauve-souris infectée).
  • Par contact étroit avec une personne infectée par le NiV ou ses fluides corporels (y compris les gouttelettes nasales ou respiratoires, l'urine ou le sang). Ce mode de transmission concerne surtout les familles et les soignants.

L'infection humaine par le NiV a été identifiée pour la première fois en Malaisie entre 1998 et 1999 où l'épidémie a provoqué 283 cas symptomatiques et 109 décès. En mars 1999, un foyer (11 cas, un décès) a été signalé à Singapour parmi les travailleurs des abattoirs. Au Bangladesh, depuis 2001, des flambées saisonnières de NiV se sont produites pendant les mois d'hiver, principalement dans 20 districts du centre et du nord-ouest du pays. En Inde, un foyer important (66 cas probables et 45 décès) s'est déclaré à Siliguri, au Bengale occidental, en 2001, et un autre, moins important (cinq cas, 100 % de décès), en 2007, dans le district de Nadia, au Bengale occidental. En mai 2018, un foyer de NiV a été déclaré dans les districts de Kozhikode et de Malappuram au Kerala. Une épidémie s'est produite aux Philippines en 2014. Dix-sept cas ont été confirmés et le taux de létalité était de 82 %

La période d'incubation qui varie de 4 à 21 jours est suivie de symptômes tels qu'une fièvre, des maux de tête et des myalgies. Des signes d’encéphalite se développent en l'espace d'une semaine, les symptômes les plus courants étant une altération de l'état mental, une aréflexie, une hypotonie, une myoclonie, une paralysie du regard et une faiblesse des membres. L’évolution se fait vers le coma et le décès survient dans 40 à 70% des cas en quelques jours. Selon les épidémies, une atteinte respiratoire se traduisant par une toux, une détresse respiratoire et une pneumonie atypique peut survenir (0 à 70% des cas). Un faible pourcentage de personnes infectées est asymptomatique. Les facteurs de risque de mauvais pronostic sont l'âge avancé, les comorbidités, la thrombocytopénie et l'élévation des aminotransférases à l'admission, l'atteinte du tronc cérébral et les crises d'épilepsie.

Différents tests sont disponibles pour diagnostiquer l'infection par le NiV. Au cours des premiers stades de la maladie, des tests de laboratoire peuvent être effectués en utilisant la RT-PCR à partir d'écouvillons de la gorge et du nez, du liquide céphalorachidien, de l'urine et du sang. Plus tard au cours de la maladie et après la guérison, la recherche d'anticorps est effectuée à l'aide d'un test immuno-enzymatique (ELISA)

Il n'existe actuellement aucun traitement homologué pour l'infection par le virus Nipah (NiV). Le traitement se limite à des soins de soutien, notamment le repos, l'hydratation et le traitement des symptômes au fur et à mesure de leur apparition. Il existe cependant des traitements immunothérapeutiques (anticorps monoclonaux) qui sont actuellement en cours de développement et d'évaluation. En outre, le traitement antiviral remdesivir s'est avéré efficace chez les primates non humains lorsqu'il est administré en prophylaxie post-exposition, et peut être complémentaire des traitements immunothérapeutiques. La ribavirine a été utilisée pour traiter un petit nombre de patients lors de l'épidémie initiale de NiV en Malaisie, mais son efficacité chez l'homme n'est pas claire.

La prévention individuelle dans les régions où des foyers du virus Nipah (NiV) se sont déclarés (Bangladesh, Malaisie, Inde et Singapour) repose sur les mesures suivantes :

  • se laver régulièrement les mains à l'eau et au savon
  • éviter tout contact avec des chauves-souris ou des porcs malades
  • éviter les zones où les chauves-souris sont connues pour se reposer
  • éviter de manger ou de boire des produits qui pourraient être contaminés par des chauves-souris, tels que la sève de palmier-dattier crue, les fruits crus ou les fruits trouvés sur le sol.
  • éviter tout contact avec le sang ou les fluides corporels d'une personne connue pour être infectée par le NiV.

Le NiV pouvant se transmettre de personne à personne, en cas d'hospitalisation d'un patient avec une infection confirmée ou suspectée par le NiV, l'applicatrion des précautions standards complétées par les précautions gouttelettes est importante pour prévenir les infections nosocomiales.

Source : Outbreak News Today

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