Les experts réunis par l’OMS approuvent les recherches sur le "supervirus" H5N1, avec restriction

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Il y a quelques semaines, deux équipes annonçaient avoir obtenu, en laboratoire, des virus A(H5N1) (virus de la grippe aviaire responsables d'une létalité élevée, mais peu transmissibles à l'homme) capables de se transmettre efficacement de mammifère à mammifère. L'animal choisi pour les essais était le furet, considéré comme un modèle très proche de l'homme dans le cas de la grippe. Les virus mis au point ont été présentés comme étant (potentiellement) les plus dangereux connus pour l'espèce humaine. Avant même d'être publiés en détail, ces travaux ont suscité de nombreuses réactions, venues en particulier de ceux qui craignent que la méthodologie utilisée ne soit maintenant mise à profit par des individus malintentionnés. Une agence de sécurité américaine (NSABB : National Science Advisory Board for Biosecurity) a également considéré que les travaux ne devaient pas être publiés, et un moratoire a été décidé. Les auteurs des recherches et les deux journaux qui devaient les publier (Nature et Science) ont accepté ce moratoire de 60 jours, s'interdisant de poursuivre leurs travaux et d'en publier la méthodologie. La fin du moratoire approchant, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a réuni un groupe d'experts les 16 et 17 février 2012 afin de définir les suites à donner. Ce groupe, dont la composition est indiquée sur le site de l'OMS, vient de remettre ses conclusions (également disponibles sur le site). Celles-ci sont mitigées. En effet, les experts ont considéré que les travaux réalisés étaient justifiés car ils améliorent nos connaissances sur la transmissibilité et le pouvoir pathogène d'un virus redoutable, et qu'ils contribuent ainsi de façon importante à la prise en compte du virus A(H5N1). Ils considèrent que les travaux devraient être publiés dans leur intégralité. Dans le même temps, ils proposent que le moratoire sur les recherches menées avec les virus modifiés et sur l'augmentation de la transmissibilité du virus A(H5N1) soit prolongé. Ils indiquent que des réglementations et des procédures de sécurité doivent être renforcées pour permettre ces travaux. D'autres réunions et consultations devront avoir lieu.

Il reste que de sérieux mais hypothétique, le risque d'apparition d'un virus A(H5N1) transmissible chez l'homme a changé de nature. Aujourd'hui, non seulement les virus créés pourraient s'échapper de leurs laboratoires, justifiant leur confinement strict et l'arrêt des recherches, mais la preuve est donnée que la modification peut être obtenue et donc reproduite ailleurs, pour peu qu'on y mette quelques moyens. En face de ces risques, les bénéfices de ces approches restent à prouver : mettre au point un vaccin contre un virus dont on ne sait pas s'il circulera un jour n'est pas justifié, et la recherche d'antiviraux actifs sur les virus de la grippe peut parfaitement s'envisager avec d'autres virus.

Source : Organisation mondiale de la santé.