Le vaccin contre le méningocoque B Bexsero® constitue un progrès, mais son efficacité reste à évaluer

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La mise au point de vaccins contre les méningocoques du sérogroupe B s'est avérée difficile en raison de la nature des polyosides de surface des bactéries d'une part (ces molécules, utilisées pour vacciner contre les sérogroupes A, C et W135, présentent, pour le sérogroupe B, des communautés antigéniques avec des composants du cerveau humain), et de la variabilité des souches bactériennes d'autre part. Le laboratoire Novartis a pu développer un vaccin en utilisant une approche nouvelle. Sa formule contient non pas des polyosides mais 3 protéines bactériennes relativement conservées, produites par la technique de vaccinologie inverse à partir du génome de différentes souches de référence. La protéine NadA est impliquée dans l'adhésion et l'internalisation de la bactérie dans les cellules. La protéine NHBA (Neisserial Heparin Binding Protein Antigen) a un rôle inconnu mais suscite la formation d'anticorps liant le complément et bactéricides. Le fHbp (factor H binding Protein) lie le facteur H ; c'est un inhibiteur de la voie alterne du complément, les anticorps synthétisés contre cette protéine bloquent le site, facilitant l'action du complément. La vésicule de membrane externe (OMV) rajoutée est celle de la souche responsable de l'hyperendémie en Nouvelle Zélande, elle est essentiellement composée de la porine PorA P1.4 et a en outre un rôle d'adjuvant (c'est-à-dire celui d'un produit qui favorise la réponse immunitaire).

Ce nouveau vaccin présente des avantages. Il cible les méningocoques du groupe B sans employer de polyosides qui pourraient être responsables d'effets indésirables. D'autre part, le cocktail d'antigènes inclus permet d'élargir le spectre d'activité du vaccin, chaque antigène étant capable isolément d'induire des anticorps bactéricides et donc efficaces pour lutter contre les méningocoques.

Il présente également des inconvénients. Dans des études préliminaires (Toneatto D et al, Human Vaccine 2011), la réponse mesurée 6 mois après la vaccination avec la technique de référence (activité bactéricide du sérum et utilisation du complément humain) contre 15 souches du sérogroupe B montrait une bonne activité bactéricide vis-à-vis de 8 souches, moyenne vis-à-vis de 4, et médiocre vis-à-vis de 3 souches. Selon les estimations du Centre National de Référence des méningocoques de l'Institut Pasteur de Paris, ce nouveau vaccin ne protègera que contre 80 % des souches de méningocoque B en circulation en France. Par ailleurs, en raison de la fréquence des modifications des protéines méningococciques dans le temps, et tout particulièrement celles exposées en surface, la question de l'efficacité à long terme du vaccin se posera.

Pour connaître et suivre l'efficacité de ce vaccin, une surveillance est nécessaire ; celle-ci se fera à deux niveaux :

  1. Au niveau des souches responsables de méningites, les antigènes devront être caractérisés et typés afin de vérifier leur évolution et leur adéquation avec ceux inclus dans le vaccin.
  2. Au niveau des sujets vaccinés, il faudra vérifier :
  • qu'ils élaborent des anticorps efficaces contre les antigènes vaccinaux et connaître la durée de la protection induite.
  • que les anticorps élaborés ciblent la majorité des souches circulantes, cela grâce à des techniques de dosage standardisées, plus simples à utiliser que la technique de référence. La technique MATS, meningococcal antigen typing system (Donnelly J et al., PNAS 2010) donne des résultats qui semblent être bien corrélés à la technique de référence et à la prédiction de protection.
  • La diminution des cas de méningite chez les vaccinés, qui sera le critère indiscutable de l'efficacité vaccinale.