Méningocoque B

Dernière mise à jour : 01 juin 2023 08:19:57


La maladie

Le 23 août 2022. Foyer d'hyperendémie de méningocoque B à Chambéry et dans l'Est lyonnais : campagne de vaccination des 16-24 ans avec Bexsero ou Trumenba et les enfants de moins de 2 ans avec Bexsero. 

Au 1er février 2023, seule la région de l'Est lyonnais est considérée en hyperendémie (plus de 5 cas en moins de un an). la situation épidémiologique est actualisée sur le site de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes

Le 22 avril 2022. La vaccination contre les infections invasives à méningocoque B est recommandée pour tous les nourrissons avant l'âge de 2 ans.

Le méningocoque est une bactérie présente dans la gorge de certaines personnes appelées "porteurs du méningocoque". Le méningocoque se transmet directement par voie aérienne par l'intermédiaire de sécrétions rhinopharyngées (gouttelettes de salive), d'un porteur à une autre personne. Dans les jours qui suivent son installation dans la gorge, le méningocoque peut traverser la muqueuse et atteindre la circulation sanguine, pouvant alors entraîner une méningite ou une septicémie dont l'évolution peut conduire au décès du malade. Le purpura fulminans est une complication redoutable de l'infection par le méningocoque,  qui se traduit par des plaques hémorragiques cutanées et un choc septique foudroyant mortel une fois sur trois.

Il existe plusieurs sérogroupes, parmi lesquels les six suivants ont une importance particulière : A, B, C, W, X et Y.  Les sérogroupes en cause peuvent être très différents d'une région du monde à l'autre.

L'infection invasive à méningocoque est une maladie à déclaration obligatoire.

Les recommandations vaccinales

La mise au point de vaccins contre les méningocoques du sérogroupe B fut difficile en raison de la nature des antigènes capsulaires B : en effet, ceux-ci sont peu immunogènes et présentent des communautés antigéniques avec des composants du cerveau humain, ce qui a fait rejeter leur emploi. C'est pourquoi les chercheurs ont identifié des protéines de la bactérie capables de susciter une réponse immunitaires protectrice. 

Les premiers vaccins méningococciques B protéiques ont été utilisés dans certains pays ou régions faisant face à une épidémie de méningite B. C'est notamment le cas du MenBVac, utilisé en France lors d'une épidémie de méningite B en Normandie. 

Deux vaccins anti-méningococcique B sont disponibles en France (Europe): Bexsero et Trumenba.

Les recommandations générales

Après une consultation publique, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié la version définitive de sa recommandation vaccinale sur la place du vaccin Bexsero pour la prévention des infections invasives à méningocoques B.

La HAS recommande de vacciner tous les nourrissons (jusqu'à 23 mois) depuis 2022  à partir de l'âge de 3 mois (cf calendrier vaccinal en vigueur). 

Les recommandations particulières

Deux avis du 2 juin 2021 définissent respectivement la place du Bexsero et la place du Trumenba dans la stratégie de vaccination contre les infections invasives à méningocoque B. 

1. Personnes à risque élevé de contracter une infection invasive

  • porteuses d’un déficit en fraction terminale du complément ou qui reçoivent un traitement anti-C5 notamment les personnes qui reçoivent un traitement par eculizumab (SOLIRIS®) ou ravulizumab (ULTOMIRIS®). Les personnes vaccinées dans le cadre d’une affection médiée par le complément doivent faire l’objet d’une surveillance post vaccinale du fait de la survenue possible d’une hémolyse ;
  • porteuses d’un déficit en properdine ;
  • ayant une asplénie anatomique ou fonctionnelle ;
  • ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques ;
  • dans l’entourage familial des personnes à risque élevé d'infection invasive à méningocoque.
Les enfants de plus de 2 ans, les adolescents et les adultes présentant un risque continu d’exposition à une infection méningococcique recevront une injection de rappel tous les 5 ans.

 

Chez ces personnes à risque élevé d'infection invasive à méningocoque pour lesquelles une protection durable est nécessaire vis-à-vis contre tous les sérogroupes en cause, la vaccination méningococcique tétravalente conjuguée ACWY reste recommandée en l’absence de données de protection des vaccins antiméningococciques B contre les sérogroupes non B.  

2. Pour des populations ciblées dans le cadre de situations spécifiques

2.1. La vaccination est recommandée dans les deux situations suivantes

1) Grappes de cas définies par la survenue d’au moins 2 cas d'infection invasive à méninogocoque B (situation épidémique ou d'hyperendémie)

  • dans une même collectivité ou un même groupe social; 
  • dans un délai ≤ à 4 semaines ;
  • et survenus et rattachables à des souches identiques couvertes par le vaccin anti-méningococcique B ou ne pouvant être différenciées.

2) Situations épidémiques

  • définies par les critères d’alerte épidémique ;
  • et liées à une souche couverte par le vaccin anti-méningococcique B.

2.2. Deux autres situations doivent faire l’objet d’un avis d’un groupe multidisciplinaire d’experts du niveau national ou régional quant à la pertinence et aux modalités éventuelles d’une action locale de vaccination anti-méningococcique B

1) Grappes de cas définies par la survenue d’au moins 2 cas d'infection invasive à méningocoque B

  • dans une même collectivité ou un même groupe social ; 
  • dans un intervalle de temps > à 4 semaines et ≤ à 3 mois ;
  • survenus et rattachables à des souches identiques couvertes par le vaccin anti-méningococcique B ou ne pouvant être différenciées. 

2) Situations d’hyperendémie, correspondant à l’installation progressive et potentiellement durable d’un clone dans une zone géographique, le plus souvent infra-départementale : des critères d’alerte ont été proposés par Santé publique France et devront faire l’objet d’une validation par la Direction générale de la santé, puis d’une intégration dans une version actualisée de l’instruction de la Direction générale de la santé.

La vaccination pourrait être également proposée dans d’autres situations inhabituelles (par exemple de par la gravité des cas) ne rentrant pas dans les critères ci-dessus, et après analyse par le groupe multidisciplinaire d’experts du niveau national et régional.

La vaccination par un vaccin anti-méningococcique B pour les sujets contacts autour des cas sporadiques d'infection invasive à méninogocoque B n’est pas recommandée en sus de la chimioprophylaxie antibiotique, qui représente le moyen le plus efficace de prévention des cas secondaires. En revanche, cette mesure pourrait être justifiée et recommandée dans les zones où la vaccination par un vaccin anti-méningococcique B serait éventuellement recommandée (épidémie et hyperendémie).

L' instruction du 27 juillet 2018 explique les modalités de la prophylaxie des infections invasives à méningocoque.

Les recommandations professionnelles

  • Les personnels des laboratoires de recherche travaillant spécifiquement sur le méningocoque. 

Les recommandations pour les voyageurs

Il n'existe pas de recommandation vaccinale contre les infections invasives à méningocoque B pour les voyageurs à ce jour. 

Le schéma vaccinal

La posologie comprend la primovaccination et le rappel.

1. Vaccin Bexsero

1.1 Nourrissons de 2 à 5 mois 1

Primovaccination

  • 2 doses de 0,5 mL chacune à 2 mois d'intervalle minimum.

Rappel

  • Oui, une dose entre l’âge de 12 et 15 mois avec un intervalle d’au moins 6 mois entre la primovaccination et la dose de rappel 2, 3.

1.2. Nourrissons de 6 à 11 mois

Primovaccination 

  • 2 doses de 0,5 mL chacune avec un intervalle de deux mois minimum.

Rappel

  • Oui, une dose au cours de la deuxième année avec un intervalle d'au moins deux mois entre la primovaccination et la dose de rappel 3.

1.3. Enfants de 12 à 23 mois

Primovaccination.

  • 2 doses de 0,5 mL chacune avec un intervalle de deux mois minimum.

Rappel

  • Oui, une dose avec un intervalle de 12 à 23 mois entre la primovaccination et la dose de rappel 3.

1.4. Enfants de 2 à 10 ans

Primovaccination

  • 2 doses de 0,5 mL chacune à un mois d'intervalle minimum.

Rappel

  • Selon les recommandations officielles, une dose de rappel peut être envisagée chez les sujets présentant un risque continu d'exposition à infection méningococcique 4.

1.5. Adolescents (à partir de 11 ans) et adultes *

Primovaccination

  • 2 doses de 0,5 mL chacune à un mois d'intervalle minimum.

Rappel

  • Selon les recommandations officielles, une dose de rappel peut être envisagée chez les sujets présentant un risque continu d'exposition à infection méningococcique 4.

1 : la première dose ne doit pas être administrée avant l’âge de 2 mois. La sécurité et l’efficacité de Bexsero chez les nourrissons de moins de 8 semaines n’ont pas encore été établies. Aucune donnée n’est disponible ;
2 : en cas de retard, la dose de rappel ne doit pas être administrée au-delà de 24 mois ;
3 : voir rubrique "Pharmacodynamie". La nécessité et le moment d’administration d’une dose de rappel n’ont pas encore été déterminés ;
4 : voir rubrique "Pharmacodynamie" ;
* : il n'existe aucune donnée chez les adultes de plus de 50 ans.

2. Vaccin Trumenba (à partir de 10 ans)

2.1. Primovaccination

  • 2 doses (de 0,5 mL chacune) administrées à 6 mois d’intervalle (voir rubrique "Pharmacodynamie).
  • OU
  • 3 doses : 2 doses (de 0,5 mL chacune) administrées à au moins 1 mois d’intervalle, suivies d’une troisième dose administrée au moins 4 mois après la deuxième dose.

2.2. Rappel

Une dose de rappel devrait être envisagée à la suite de chacun des deux schémas posologiques chez les sujets présentant un risque continu d'infection invasive à méningocoque.

2.3. Autre population pédiatrique

La sécurité et l’efficacité de Trumenba n’ont pas été établies chez les enfants âgés de moins de 10 ans.

Depuis avril 2022, les pharmaciens, les IDE peuvent administrer ces vaccins sur prescription médicale chez les personnes de 16 ans et plus

Les données épidémiologiques

1. Dans les zones tempérées

La plupart des cas surviennent en hiver. Des flambées localisées se produisent dans des espaces clos bondés (dortoirs, casernes, etc.). Les sérogroupes B et C prédominent dans les Amériques et en Europe où ils sont à l’origine de cas sporadiques et de petites bouffées épidémiques. 

2. En France

En France, la majorité des cas d'infection invasive à méningocoque survient de manière sporadique (cas isolés).

Après 2 années de faible incidence, en lien avec les mesures mises en place avec la pandémie Covid-19, le nombre de cas d'infections invasives à méningocoques (IIM) repart à la hausse depuis octobre 2022.

En 2022, 84 cas d'infections invasives à méningocoque ont été déclarés en France, en grande majorité liées aux sérogroupes B (53% des cas), Y (23% des cas) et W (19% des cas), le séroupe C étant minoritaire (4% des cas). 

En 2022, 10% des décès ont été rapportés parmi les cas d'infections invasives à méningocoque, soit une létalité équivalente à celle observée avant la pandémie. 

Les infections invasives à méningocoques B surviennent plus fréquemment chez les adultes jeunes (15-24 ans) et les nourrissons.

 

Les données de couverture vaccinale

Les références

Vaccins contre cette maladie