Le vaccin anti-grippal 2012-2013 moins efficace qu’attendu contre le virus A(H3N2)

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La saison de la grippe se termine à peine dans nos pays de l'hémisphère nord, et déjà plusieurs études ont analysé l'efficacité des campagnes de vaccination. Elles constatent que le vaccin s'est montré moins efficace qu'attendu sur l'un des trois virus contre lesquels il était censé protéger, le virus A(H3N2).

En effet, la composition du vaccin grippal est fixée chaque année par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle comprend les antigènes spécifiques de trois virus qui, d'après les données de la surveillance épidémiologique, sont les plus susceptibles de circuler lors de la saison hivernale. Pour la saison 2012-2013, les vaccins produits par tous les fabricants devaient contenir un virus de type B et deux virus de type A, A(H1N1) et A(H3N2), devenus prépondérants dans les épidémies depuis 2009 et 2010 respectivement. Alors que la vaccination s'est montrée protectrice chez plus de 75 % des sujets pour le virus B, plus de 60 % pour A(H1N1), cette efficacité n'a été globalement que de 40 % pour A(H3N2) (moins de 11 % dans une étude danoise). On a toutefois observé des variations importantes de cette efficacité selon le pays, et deux explications sont envisagées à ce jour. Certains pays, comme le Danemark, ont été touchés par un virus A(H3N2) différent de celui qui avait été incorporé dans le vaccin (K Bragstad et coll.), et d'autre part, une analyse qui vient d'être effectuée montre que le virus incorporé dans le vaccin s'était lui-même quelque peu modifié. Ainsi, le vaccin ne pouvait plus assurer une protection optimale contre le virus en circulation, auquel il était censé correspondre. Des pays comme les Etats-Unis ou l'Allemagne, où le virus A(H3N2) a été très actif pendant la saison 2012-2013 (ce ne fut pas le cas en France), ont ainsi observé un nombre anormalement élevé de grippes chez des sujets vaccinés.

L'information sur la modification du vaccin vient d'être rendue publique sur le site du Nouvel Observateur (pourquoi-docteur.nouvelobs.com), qui a interrogé le Pr. Bruno Lina, directeur du centre national de référence de la grippe. Une mutation s'est produite lors de la multiplication du virus nécessaire pour la préparation des lots de vaccins, et elle a modifié un antigène important. Les vaccins produits ont ainsi perdu une partie de leur efficacité, mais ont conservé une partie de leur pouvoir protecteur. Ce phénomène est imprévisible et difficile à contrôler, mais des mesures ont d'ores et déjà été prises pour éviter qu'il se reproduise. L'évolution possible des virus en circulation ou des virus des vaccins était déjà présentée comme une cause possible de perte d'efficacité des vaccins dans notre nouvelle du 1er avril. En tout état de cause, l'observation de ces mutations, propres aux êtres biologiques et très fréquentes chez les virus, ne remet pas en cause l'intérêt des vaccins.

Références :

  • M Valenciano, E Kissling, I-MOVE case–control study team. Early estimates of seasonal influenza vaccine effectiveness in Europe: results from the I-MOVE multicentre case–control study, 2012/13. Euro Surveill. 2013;18(7) Rapid communications.
  • DM Skowronski, NZ Januja, G De Serres, JA Dickinson, A-L Winter, SM Mahmud, et al. Interim estimates of influenza vaccine effectiveness in 2012/13 from Canada's sentinel surveillance network, January 2013. Euro Surveill. 2013;18(5):pii=20394. Available from: http://www.eurosurveillance.org/ViewArticle.aspx?ArticleId=20394.
  • Centers for Diseases Control and Prevention (CDC). Early estimates of seasonal influenza vaccine effectiveness – United States, January 2013. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2013;62(02):32-5. Available from: http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6202a4.htm?s\_cid=mm6202a4\_w.
  • K Bragstad, H D Emborg, T K Fischer, M Voldstedlund, S Gubbels, B Andersen, K Mølbak, T G Krause. Low vaccine effectiveness against influenza A(H3N2) virus among elderly people in Denmark in 2012/13 – a rapid epidemiological and virological assessment. Euro Surveill., 2013, 18(6) Rapid communications.