Virus influenza aviaire A(H7N9) : probable premier cas de transmission interhumaine

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Une récente publication dans la revue scientifique «British Medical Journal» vient de rapporter le probable premier cas de transmission interhumaine du virus influenza aviaire A(H7N9) [1].

Jusqu'à maintenant, la possible transmission interhumaine de ce virus n'avait pas été clairement montrée. L'article en question, publié le 6 août 2013, présente les résultats d'une enquête épidémiologique conduite autour de deux cas d'infection par le virus influenza A(H7N9)confirmés fin mars 2013. Les deux patients, vivant dans l'est de la Chine (province de Kiang Sou), étaient un homme de 60 ans, avec des antécédents d'hypertension artérielle, et sa fille de 32 ans, sans antécédent particulier. L'évolution clinique fut rapidement défavorable avec le décès des deux patients malgré leur prise en charge médicale.

L'analyse épidémiologique a concerné les familles et les sujets contacts (dont les soignants) qui ont été en contact étroit avec ces deux patients. Les sujets contacts ont été suivis pendant une période de 7 jours suivant le dernier contact. D'autres sources d'exposition au virus influenza A(H7N9), dont les marchés de volailles, ont été recherchées.

La détection du virus a porté sur les paires d'échantillons de sang prélevés à 3 semaines d'intervalle chez 43 cas contacts mais aussi sur les selles de volatiles (poulets, canards, pigeons ou cygnes) vivant dans le périmètre résidentiel des deux cas ou encore sur les déjections des cages de volailles vivantes de deux marchés que le cas index visitait régulièrement.

Résultats de l'enquête épidémiologique

La source de contamination du cas index (le père) est probablement liée aux marchés de volailles vivantes où la famille s'approvisionnait tous les jours en denrées alimentaires. La fille, sans protection d'hygiène particulière, s'occupa de son père pendant 7 jours environ. Sans emploi, la fille restait la plupart du temps à la maison et n'a pas été exposée aux volailles vivantes.

L'analyse microbiologique d'aspirations respiratoires du père, de sa fille et de déjections collectées dans une cage de volailles, a permis d'identifier par biologie moléculaire la même souche de virus influenza A(H7N9), et ceci au niveau des 8 segments génétiques qui constituent le génome de tout virus influenza de type A.

L'enquête sérologique n'a as permis de mettre en évidence des anticorps spécifiques contre le virus influenza A(H7N9) chez les 43 cas contacts, incluant 39 soignants et l'époux de la fille malade.

Ce que nous apprend cette étude

Des modèles expérimentaux, dont celui du furet, avaient précédemment montré que le virus influenza A(H7N9) peut se lier aux récepteurs respiratoires de type aviaire et humain et donc être responsable de transmission interhumaine du virus.

La fille s'est probablement contaminée directement à partir des expectorations pulmonaires (crachats) émises par son père alors qu'aucune protection d'hygiène de type respiratoire n'avait été mise en place pour elle et son père. Cependant, les deux patients n'ont pu être interrogés sur d'autres sources de contamination possibles, compte tenu de la gravité de leur état de santé.

Ce virus démontre ainsi sa capacité de transmission interhumaine. Sa facilité de transmission semble limitée à ce jour car l'époux de la fille n'a pas été contaminé alors qu'il s'est occupé pendant quelques jours de sa femme malade et de son beau père. Aussi, de nouvelles données scientifiques doivent être accumulées pour démontrer le potentiel de diffusion pandémique du virus A(H7N9), comme le souligne les éditorialistes, James Rudge et Richard Coker, scientifiques exerçant au bureau régional de Bangkok du Service des maladies transmissibles de l'Ecole anglaise d'Hygiène et de Médecine Tropicale [2].

[1] Probable person to person transmission of novel avian influenza A (H7N9) virus in Eastern China, 2013: epidemiological investigation par Yong Huang et al., BMJ 2013; 347:f4752.

[2] Human to Human transmission of H7N9, par James Rudge et Richard Coker, BMJ 2013; 347: f4730.