Le pneumocoque : un tueur en série à l'échelle planétaire, toujours en liberté

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Dans un article récemment publié, les auteurs soulignent le lourd tribut payé par la population aux infections invasives à pneumocoques (IIP). Elles constituent un problème majeur de santé publique à l'échelle mondiale, causant environ 1,6 millions de décès annuels (estimation OMS) et atteignant essentiellement les nourrissons, mais aussi les personnes âgées et les immunodéprimés.

En France, le vaccin conjugué à 13 valences (Prevenar 13®, contenant les antigènes spécifiques des 13 sérotypes du pneumocoque) a remplacé cette année le vaccin conjugué à 7 valences, en application des recommandations vaccinales du Haut Conseil de la santé publique. Il permet de couvrir 75 % des souchesresponsables d’IIP (sérotypes 1, 3, 4, 5, 6A, 6B, 7F, 9V, 14, 18C, 19A, 19F, et 23F) contre 16 % pour le vaccin précédent. Le schéma vaccinal reste inchangé chez les enfants de moins de 2 ans sans facteur de risque : deux injections réalisées aux âges de 2 et 4 mois, suivies d'un rappel à l'âge de 12 mois. Ce vaccin est aussi recommandé chez les enfants de 2 à 5 ans, non préalablement vaccinés, présentant une affection les exposant à un risque élevé d’IIP. Le vaccin polyosidique à 23 valences (non conjugué) est recommandé chez les sujets âgés de plus de 2 ans présentant certains facteurs de risque dont la liste est différente selon la tranche d'âge.

Dans de nombreux pays en voie de développement, la réalisation de séances de vaccination collectives chez les enfants avec le Prevenar® a eu pour effet une diminution :

  • du portage naso-pharyngé de pneumocoques chez les personnes vaccinées,
  • de la transmission bactérienne aux personnes non vaccinées, liée à une forte immunité collective,
  • et doncdu taux d’IIP chez les sujets non vaccinés.

Cependant, les 7 valences du vaccin Prevenar sont inappropriées à la lutte contre le pneumocoque dans de nombreux pays en développement. Ainsi, en Afrique, la plupart des souches appartiennent à des sérotypes non vaccinaux ; le sérotype 1 prédomine le plus souvent, représentant environ un tiers des causes d'IIP dans ce continent. La mise à disposition du Prevenar 13 change la donne et pourrait faire chuter l'incidence des IIP dans la plupart des zones géographiques (NDLR).

Ces observations soulignent l’importance du développement par les fabricants de nouveaux vaccins dirigés contre les principaux sérotypes responsables d’IIP ou résistant aux antibiotiques. Un suivi épidémiologique régulier des sérotypes circulants majoritaires au sein de la population est indispensable.

Source : Why it is still important that countries know the burden of pneumococcal disease. Human vaccines, 2010.