Des mesures précises et détaillées pour lutter contre la fièvre Zika

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Le message d'alerte envoyé aux médecins par la Direction générale de la santé est complété par un avis détaillé du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), qui actualise les recommandations pour la prise en charge des personnes atteintes de fièvre Zika et détaille les mesures de prévention de l'infection à virus Zika chez les femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse, en distinguant la situation des femmes vivant en zone épidémique pour le virus Zika et celle des femmes ayant un projet de voyage vers une telle zone.

Cet avis daté du 20 janvier 2016 a été publié dans un contexte d'extension récente de la maladie due au virus Zika en Amérique du Sud et en Amérique centrale, ainsi que dans les Départements français d'Amérique (Martinique, Guadeloupe, Guyane). Il actualise les recommandations de juillet 2015. Sur la base des données actuellement disponibles et face à une situation de risques de complications graves (microcéphalies, syndromes de Guillain-Barré, autres complications chez le nouveau-né, l'enfant ou l'adulte) qui pourraient être induites lors d'une infection par le virus Zika, le HCSP émet des recommandations précises et détaillées pour lutter contre la fièvre Zika.

L'avis établit notamment un point précis de la circulation du virus zika dans le monde et fait le point sur l'évaluation des risques de complications.

Le HCSP estime que la relation de cause à effet entre la recrudescence de cas de microcéphalies fœtales ou néonatales et une infection par le virus Zika chez la mère en cours de grossesse n'est pas, à ce jour, formellement établie. Toutefois, cette hypothèse étant probable, il convient de prendre dès à présent, et dans l'attente d'une confirmation ou d'une infirmation, un certain nombre de mesures. Ces mesures sont à prendre dans un contexte de gravité des microcéphalies et d'extension de la maladie.

Les dix recommandations du Haut Conseil de la santé publique

1. L'organisation d'une campagne d'information et de formation des professionnels de santé, notamment dans les territoires touchés ou pouvant être touchés par le Zika

avec :

  • Un volet information portant sur :
  • la maladie, notamment son épidémiologie, ses caractéristiques cliniques, les risques potentiels d'embryofoethopathies liés au virus Zika, les moyens diagnostiques, les moyens de lutte, les actions de santé publique ;
  • l'importance de la notification des cas d'infection chez les femmes enceintes.
  • 1.2. Un volet formation des praticiens hospitaliers et libéraux portant sur :
  • la délivrance de messages d'information et de prévention au public et notamment aux femmes enceintes, aux femmes ayant un projet de grossesse ou en âge de procréer ;
  • la prise en charge des patients.

2. L'organisation d'une information, d'un suivi et d'une prise en charge renforcés de toutes les femmes enceintes dans les zones d'épidémie du virus Zika

, que ces femmes soient ou non suspectes d'infection par le virus Zika.

3. L'organisation d'une information destinée à toutes les femmes ayant un projet de grossesse ou en âge de procréer, dans les zones d'épidémie du virus Zika.

4. La mise en place d'une surveillance épidémiologique et clinique

permettant l'identification rapide des premiers cas de Zika dans les territoires français d'outre-mer et en France métropolitaine.

5. La mise en place d'un système de surveillance et d'alerte spécifique à la détection d'anomalies congénitales

, neurologiques ou non, basé sur :

  • l'incitation des femmes enceintes à respecter les examens cliniques et biologiques prévus au cours de la grossesse ;
  • la surveillance médicale et le signalement des cas suspects18 d'infection Zika chez les femmes enceintes ;
  • la réalisation des tests de confirmation biologiques19 y compris, selon les circonstances, sur le liquide amniotique et le placenta, lors d'un cas suspect de Zika chez une femme enceinte ou lors du constat d'une malformation neurologique chez le fœtus et le nouveau-né, en cas de mort-né ou lors d'un avortement spontané, dans les zones d'épidémie au virus Zika. A ce titre, le suivi de la grossesse prévoit des analyses sur un prélèvement sanguin au début de toute grossesse qui pourrait servir ultérieurement de référence en cas de suspicion d'infection par le virus Zika ;
  • o le signalement des malformations et troubles neurologiques chez les fœtus et nouveau-nés (ou mort-nés ou lors d'avortement spontané) et les nourrissons avec enquête clinique et biologique sur les causes possibles, autour des cas rapportés.

6. Pour les femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse ainsi que pour les femmes en âge de procréer, vivant dans les zones touchées par une épidémie Zika

:

  • une information sur les embryofoethopathies et autres complications pouvant survenir lors d'une infection par le virus Zika ;
  • une sensibilisation sur l'intérêt du respect, par l'ensemble de la population des mesures :
  • de lutte antivectorielle ;
  • de prévention personnelle antivectorielle incluant le respect des bonnes pratiques relatives à l'utilisation des produits insecticides et répulsifs ;
  • une incitation à consulter un médecin :
  • afin de définir les mesures de prévention les plus adaptées à leur situation ;
  • en cas de signes cliniques évocateurs d'une infection Zika.

7. Pour les femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse vivant dans des zones indemnes de virus Zika et qui partent dans des zones où sévit le Zika

:

  • de consulter un médecin avant le départ;
  • d'être informées sur les embryofoethopathies et autres complications pouvant survenir lors d'une infection par le virus Zika ;
  • d'envisager un report de leur voyage ;
  • de leur rappeler, si elles ne peuvent ou ne veulent différer leur voyage, l'importance de :
  • respecter les mesures de protection antivectorielles et les bonnes pratiques relatives à l'utilisation des produits insecticides et répulsifs ;
  • consulter un praticien en cas de signes cliniques évocateurs d'une infection Zika, pendant le voyage ou au retour.

8. La mise en œuvre et le contrôle du respect, par les autorités compétentes, des mesures collectives de contrôle antivectoriel.

9. La mise en œuvre d'investigations permettant d'améliorer la connaissance du virus Zika

: épidémiologie, physiopathologie, immunité post-infectieuse, clinique, diagnostic biologique et ses complications ;

10. La mise en place d'études

rétrospectives dans les territoires qui ont déjà connu des épisodes de Zika et prospectives dans les territoires qui pourraient être touchés afin de rechercher une éventuelle relation entre microcéphalie/embryopathies congénitales et le Zika. En cas de survenue d'épidémie Zika dans les territoires français d'outre-mer ou en France métropolitaine, des enquêtes doivent être diligentées en ce sens.

L'avis comporte des annexes avec des précisions (conduite à tenir dans différentes situations, mesures de lutte antivectorielle).

Source : Haut Conseil de la santé publique.

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