Rotavirus

Dernière mise à jour : 28 novembre 2022 23:27:42


La maladie

La vaccination contre les rotavirus est recommandée chez l’ensemble des nourrissons âgés de 6 semaines à 6 mois pour les protéger contre les gastroentérites causées par ces virus. Les vaccins contre les rotavirus sont remboursés par l'assurance maladie depuis le 25 novembre 2022.

En France, l’infection à rotavirus serait responsable chaque année de 182 000 épisodes de diarrhée aiguë chez les enfants de moins de 3 ans, dont 97 000 diarrhées sévères. L’estimation du nombre annuel de décès liés à ces infections varie de 7 à 20, soit une moyenne de 13 à 14 décès par an.

1. Le rotavirus

Le rotavirus est l’agent prédominant des gastro-entérites aiguës virales chez le nourrisson et l’enfant de moins de 5 ans dans le monde, à l’origine de 111 millions d’épisodes infectieux annuels. Dans les pays en développement, la gastro-entérite à rotavirus est la principale cause de mortalité infantile, responsable de plus d’un demi-million de morts par an, chez les enfants de moins de 5 ans.

En France, le rotavirus est isolé principalement pendant la période hivernale, évoluant sous forme d’épidémies annuelles au pic entre janvier et avril. La gastro-entérite aiguë se voit avant tout chez les enfants jeunes, de moins de 2 ans, avec un pic maximum de fréquence entre 6 et 12 mois.

2. Clinique

Le rotavirus infecte quasiment tous les enfants avant l’âge de 2 ans, quels que soient leur origine ethnique, le niveau socio-économique de leur entourage ou les conditions sanitaires du pays. Les manifestations cliniques de l’infection varient en fonction de l’âge du sujet et de l’exposition antérieure au virus.

Chez le nouveau-né et le nourrisson âgé de moins de 3 mois

L’expression clinique de l’infection chez le nouveau-né et le prématuré diffère de celle du nourrisson par la rareté de la diarrhée et de la déshydratation, la fréquence de la distension abdominale et la survenue d’entérocolites ulcéro-nécrosantes et de complications neurologiques centrales (convulsions, encéphalopathies).

En revanche, l’infection du jeune nourrisson âgé de 1 à 3 mois est asymptomatique ou pauci-symptomatique.

Chez le nourrisson à partir de 3 mois et l’enfant

Bien que le rotavirus puisse infecter le nouveau-né et l’adulte, c’est le nourrisson de 6 mois à 2 ans qui représente la cible principale du virus.

Presque tous les enfants sont infectés au moins une fois avant l’âge de 2 ans. L’infection est asymptomatique dans près de 50% des cas. La majorité des formes sévères surviennent au cours de la primo-infection et l’expression clinique de la maladie diminue au cours des réinfections. En France, près d’un enfant sur deux étant nourri au lait de vache, il ne bénéficie donc pas de la protection contre l’infection à rotavirus conférée par l’allaitement maternel.

La période d’incubation est de un à trois jours. Pendant cette période, l’excrétion du virus est précoce et précède les premiers symptômes. Chez l’enfant sans pathologie sous-jacente, l’excrétion virale se prolonge après la disparition des symptômes, parfois plus d’un mois, et proportionnellement à la gravité de la maladie.

L’infection peut être asymptomatique, mais se manifeste le plus souvent par une gastro-entérite aiguë. Le début est souvent brutal. Le tableau associe à des degrés divers une diarrhée, des vomissements et de la fièvre. Le tableau peut aussi comprendre des douleurs abdominales, une asthénie ou des malaises. La maladie est généralement modérée, ce qui permet une prise en charge ambulatoire de la majorité des cas.

Environ un enfant infecté sur cinquante développera une maladie sévère compliquée d’une déshydratation aiguë qui nécessitera une prise en charge en milieu hospitalier. Chez l’enfant hospitalisé pour déshydratation, la fièvre et les vomissements persistent deux à trois jours, et la diarrhée, quatre jours en moyenne. La durée moyenne de l’hospitalisation pour gastro-entérite aiguë est d’environ quatre jours. Les formes sévères incluent des syndromes cholériformes et dysentériques.

La guérison survient spontanément en quatre à sept jours. Chez le nourrisson eutrophique, les fonctions digestives redeviennent habituellement normales en quatre à cinq jours. Le traitement est essentiellement symptomatique et repose avant tout sur les solutés de réhydratation orale (SRO) administrés précocement pour traiter la déshydratation et en prévenir les formes sévères.

3. Épidémiologie

Aux États-Unis, le nombre d’épisodes annuel est estimé à 2,7 millions, dont 55 000 à 70 000 hospitalisations et 20 à 60 décès.

En Europe, le poids annuel de la maladie a été estimé à 2,8 millions d’épisodes, 87 000 hospitalisations et 231 décès.

En France, l’infection à rotavirus serait responsable chaque année de 182 000 épisodes de diarrhée aiguë chez les enfants de moins de 3 ans, dont 97 000 diarrhées sévères. L’estimation du nombre annuel de décès liés à ces infections varie de 7 à 20, soit une moyenne de 13 à 14 décès par an. Ces infections à rotavirus seraient à l’origine de 138 000 consultations par an. Le nombre d’hospitalisations liées à ces infections est estimé à 18 000. Le coût annuel de l’infection est estimé à 26 millions d’euros pour le système de santé.

Le rotavirus représente à lui seul 30 à 40 % des causes des diarrhées aiguës infectieuses de l’enfant. Les sérotypes les plus prévalents sont les G1, G2, G3, G4 associés à P1A[8] et G2 associé à P1B[4] ; selon le centre national de référence (CNR), parmi les souches de rotavirus qui circulaient en France en 2006-2007, la souche G1P[8] était prédominante (50% ; 13,3-92,1), suivie de G9P[8] (21,8% ; 1,8-46,7), de G2P[4] (8,5% ; 2,6-26,7%), puis de G3P[8] et de G4P[8].

L’incidence élevée des infections à rotavirus s’explique par leur haute contagiosité. La principale transmission pour le rotavirus est interhumaine, par voie féco-orale directe ou indirecte par le biais des aliments ou de surfaces contaminées. La transmission intrafamiliale atteint la moitié des enfants du foyer.

Des taux élevés de portage asymptomatique ont été rapportés chez l’enfant. Une excrétion virale de plus de dix jours est habituelle. Un enfant infecté par le rotavirus excrète 100 milliards de particules virales par gramme de selles. La dose infectante est faible : l’ingestion de 100 particules virales suffit à déclencher une infection.

La transmission du rotavirus est facilitée dans les crèches et les collectivités de petits enfants : le rotavirus est retrouvé au niveau des couches, des jouets, des paillasses et dans les zones de préparation des repas des enfants. Ce virus peut, en effet, survivre plusieurs semaines voire plusieurs mois sur les surfaces à température ambiante. Sur les mains, il reste viable pendant au moins quatre heures.

L’hygiène des mains et le nettoyage des surfaces doivent être effectués avec des produits efficaces (pour les mains : solutés hydro-alcooliques éventuellement précédés d’un lavage au savon doux en cas de souillure visible ; pour les surfaces : produits détergents-désinfectants adaptés.

Au total, le portage présymptomatique, la longue durée d’excrétion du virus dans les selles, la résistance dans le milieu extérieur et la grande fréquence des infections inapparentes sont les facteurs expliquant l’importante propagation du virus.

Le rotavirus est isolé principalement pendant l’épidémie d’hiver, où son taux d’isolement atteint 50 à 70 % au pic de l’épidémie. Des enquêtes hospitalières françaises ont permis d’évaluer la fréquence du rotavirus dans les gastro-entérites aiguës de l’enfant hospitalisé avant l’ère vaccinale de 22 à 51 % des échantillons de selles chez les patients hospitalisés. Les infections virales digestives concomitantes sont courantes (de 8 à 18 % parmi les patients hospitalisés).

L’épidémie d’infections à rotavirus en période hivernale est en général concomitante de celle des bronchiolites à virus respiratoire syncytial (VRS) et de la grippe. Ceci génère un surcroît d’activité mettant en tension les ressources hospitalières et favorisant la transmission nosocomiale croisée de ces différents pathogènes. En Europe, le rotavirus est l'agent étiologique majeur des diarrhées nosocomiales pédiatriques (31 à 87 %). Ces infections nosocomiales sont responsables d’un allongement non négligeable de la durée de séjour des enfants hospitalisés, d’un nombre important de réadmissions et surtout d’un important surcoût hospitalier.

Source : Vaccination Info Service.

Les recommandations générales

Dans son avis du 23 juin 2022, la Haute Autorité de santé (HAS), a réévalué la situation et décidé de recommander la vaccination contre les rotavirus de tous les nourrissons âgés de 6 semaines à 6 mois, selon un schéma vaccinal à deux doses (à 2 et 3 mois de vie) pour le vaccin monovalent (Rotarix) et à trois doses (à 2, 3 et 4 mois de vie) pour le vaccin pentavalent (RotaTeq). Le strict respect de ce calendrier vaccinal est primordial afin d’assurer la complétude du schéma vaccinal avant l’âge limite (6 mois pour Rotarix et 8 mois pour RotaTeq).

La HAS recommande que l’information sur le risque d'invagination intestinale soit systématiquement délivrée par les professionnels de santé aux parents des enfants à vacciner.

Le schéma vaccinal

Il existe deux vaccins disponibles, cités ci-dessous dans l'ordre alphabétique. Une vaccination commencée avec un vaccin donné doit être terminée avec le même vaccin. 

1. Rotarix

  • 2 doses à 4 semaines d'intervalle. 
  • La première dose peut être administrée à partir de l'âge de 6 semaines. 
  • Il est préférable que les 2 doses soient administrées avant l'âge de 16 semaines ; elles doivent être administrées avant l'âge de 24 semaines. 
  • Si le nourrisson recrache ou régurgite la majeure partie de la dose administrée de vaccin, une dose unique de remplacement peut être donnée lors de la même consultation.

2. Rotateq

  • 3 doses à 4 semaines d'intervalle.
  • La première dose peut être administrée à partir de l'âge de 6 semaines et au plus tard à l'âge de 12 semaines. 
  • Il est préférable que les 3 doses soient administrées avant l'âge de 20-22 semaines ; elles doivent être administrées avant l'âge de 32 semaines.

Depuis le 25 novembre 2022 (arrêté du 17 novembre 2022), ces deux vaccins sont remboursés avec un taux de 65 % chez tous les nourrissons âgés de 6 semaines à 24 semaines (Rotarix) ou de 6 semaines à 32 semaines (Rotateq) pour la prévention des gastro-entérites dues à une infection à rotavirus, selon les recommandations en vigueur de la HAS datant du 23 juin 2022.

Les données épidémiologiques

Une étude de Santé publique France en population générale réalisée de mai 2009 à avril 2010 en France métropolitaine a estimé que plus de 21 millions d’épisodes de gastro-entérites aiguës virales (GEA) survenaient chaque année en France (Van Cauteren D et al. 2012). Au cours de chaque période hivernale en France, une augmentation des cas de GEA est observée, comme dans tous les pays européens. Les gastro-entérites aiguës hivernales sont principalement d’origine virale, avec une circulation dominante des norovirus et des rotavirus. Les norovirus sont responsables de GEA chez les personnes de tous âges alors que les rotavirus touchent majoritairement les enfants de moins de 5 ans.  L’origine virale est souvent retrouvée parmi les enfants hospitalisés pour gastro-entérite aiguë. Une étude réalisée chez les enfants de moins de 15 ans hospitalisés pour GEA de 1997 à 2000 à l'hôpital Saint-Vincent de Paul a montré que 51 % de ces infections étaient dues à un rotavirus (Moulin F et al. 2001).

Les données du Réseau Sentinelles permettent d’estimer que, chaque hiver, ces GEA sont à l’origine de 1,4 à 4,0 millions de consultations en médecine générale. L’augmentation du nombre de consultations pour GEA habituellement entre décembre et avril. Un pic est souvent observé au cours des deux premières semaines de janvier. Durant ce pic, l’incidence de consultations pour GEA est estimée entre 200 et 600 consultations pour 100 000 personnes par semaine.

Santé publique France, en lien avec ses partenaires (Réseau Sentinelles et Centre National de Référence des virus des gastro-entérites) surveille l’évolution épidémiologique des gastro-entérites aiguë virales et informe le grand public sur les mesures de prévention afin de réduire le risque de contamination.

Source : Santé publique France.

Les références

  • Agence européenne du médicament (EMA)
  • Haut Conseil de la santé publique

Vaccins contre cette maladie