Les nouvelles recommandations sanitaires pour les voyageurs en 2017
L'édition 2017 des nouvelles recommandations sanitaires pour les voyageurs vient d'être publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.
Le Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d'importation s'est appuyé sur les recommandations internationales émises par l'Organisation mondiale de la santé et sur les avis du Haut Conseil de la santé publique pour actualiser ces recommandations.
Cette édition comporte peu de changements importants. En voici une revue, classée selon les différentes rubriques qu'elle comporte.
1. Préambule
Il décrit l'inquiétude générale face à la recrudescence de cas de fièvre jaune dans plusieurs pays du monde dans un contexte de pénurie générale de vaccins. Ceci d'autant plus que le moustique vecteur est déjà présent dans plusieurs territoires français. Il s'agit des genres Aedes et Haemogogus.
La fin de l'épidémie à virus Zika en Amérique du Sud a été décrétée, mais il est nécessaire de maintenir une surveillance soutenue des grossesses dans les territoires français d'Amérique. En effet, la fin de l'épidémie ne signifiant pas l'absence totale de circulation du virus mais plutôt un passage à l'endémicité.
2. Vaccinations
Il est fortement souligné que s'assurer de la mise à jour des vaccinations recommandées en France, pour les enfants comme pour les adultes, est la première étape de la mise en condition immunitaire du voyageur, car les infections visées peuvent être endémiques ou épidémiques dans le pays de destination. Cette mise à jour est particulièrement importante pour les vaccinations contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, la rougeole, la méningite et la tuberculose.
Pour la vaccination contre la fièvre jaune, compte tenu de l'actualité au Brésil, la carte de l'endémie en Amérique du Sud (données de 2013) est complétée par une carte spécifique actualisée pour le Brésil.
Les antécédents de dysfonctionnements du thymus (incluant myasthenia gravis, thymome et thymectomie) représentent une contre-indication définitive à la vaccination contre la fièvre jaune. En revanche, les personnes dont le thymus a été irradié indirectement lors du traitement d'une autre maladie (en particulier cancer du sein), peuvent être vaccinées contre la fièvre jaune.
Concernant la vaccination contre les infections invasives à méningocoques A, C W et Y, le vaccin Nimenrix peut maintenant être administré dès l'âge de six semaines.
Les schémas vaccinaux contre l'hépatite A et l'hépatite B ont été actualisés pour tenir compte de la situation de tension d'approvisionnement en vaccins ([avis du Haut Conseil de la santé publique du 2 mars 2017](avis du haut conseil de la santã© publique du 2 mars 2017.)).
Pour l'hépatite B, dans ce contexte, les voyageurs ne sont pas prioritaires pour la vaccination, à l'inverse des futurs expatriés et des personnes qui doivent séjourner de manière prolongée dans les pays à forte ou moyenne prévalence du portage chronique du virus.
La vaccination contre la tuberculose par le BCG est recommandée pour les enfants en cas de séjours fréquents ou supérieurs à un mois dans les pays à forte incidence tuberculeuse. Si le continent africain reste concerné dans son ensemble, plusieurs pays ont été exclus de la liste des pays à forte incidence tuberculeuse : le Japon et la Turquie dans le continent asiatique, Cuba et le Costa Rica en Amérique centrale et du Sud ou encore l'Estonie et la Hongrie en Europe. Le schéma vaccinal a été mis à jour car le vaccin utilisé (vaccin Biomed Lublin) est administré à la posologie unique de 0,1 ml par voie intradermique.Les nouvelles modalités de réalisation de l'intradermoréaction à la tuberculine ont également été prises en compte.
3. Paludisme
Le cas particulier de Mayotte fait l'objet d'un paragraphe particulier. En 2016, une recrudescence des cas de paludisme autochtones à Plasmodium falciparum a été observée à Mayotte. Dix huit cas ont été notifiés par l'Agence régionale de santé et la Cire de l'Océan Indien.
Pour les données mondiales il est conseillé de se référer au rapport de l'Organisation mondiale de la santé édité en 2016 sur le paludisme. Ce rapport fait le bilan de la période 2010 -2015 :
- Le nombre de nouveaux cas survenus en 2015 dans le monde était de 212 millions. La grande majorité de ces cas a concerné la zone africaine (90 %), suivie de l'Asie du Sud-Est (7 %) et de la région Est de la Méditerranée (2 %).
- En 2015, le nombre estimé de décès par paludisme dans le monde était de 429 000. La plupart de ces décès sont survenus en Afrique (92 %), suivie de l'Asie du Sud-Est (6 %) et de la région Est de la Méditerranée (2 %).
- De 2010 à 2015, le taux d'incidence du paludisme a chuté de 21 % au niveau mondial et en Afrique. La baisse de la mortalité était estimée à 29 % dans le monde et à 31 % en Afrique.
- Les enfants de moins de 5 ans sont particulièrement à risque d'infection et de décès par paludisme. En 2015, le nombre de décès chez les enfants de moins de 5 ans était estimé à 303 000 dans le monde, dont 292 000 en Afrique. Entre 2010 et 2015, la baisse du taux de mortalité par paludisme chez les enfants de moins de 5 ans est estimée à 35 %.
- Malgré la régression du paludisme dans le monde, un enfant de moins de 5 ans décède encore toutes les deux minutes de paludisme.
Pour les schémas prophylactiques contre le paludisme, les interactions médicamenteuses éventuelles avec le traitement habituel des pathologies des voyageurs doivent être vérifiées au préalable à la prescription sur le site sur les médicaments Thériaque ou la base de données publique des médicaments.
Certains antipaludiques peuvent interférer avec les anti-vitamines K (AVK). Faute de données disponibles suffisantes, les interactions possibles entre antipaludiques et les nouveaux anticoagulants oraux ne peuvent être précisées.
Un point est aussi fait sur les molécules utilisables pour le traitement de réserve avec les associations atovaquone-proguanil, artéméther-luméfantrine ou arténimol-pipéraquine, en tenant compte pour cette dernière association du risque d'allongement de l'espace QTc sous traitement.
4. Risque liés aux arthropodes
L'épidémie de Zika est terminée en Amérique Latine et dans les Caraïbes, mais le virus est toujours présent. Les déclarations de cas se poursuivent à un rythme faible mais persistant, ce qui traduit le passage à l'endémicité. Cette situation ne doit pas occulter les risques de complications liées à cette maladie, notamment pour le fœtus. Une vigilance renforcée doit être maintenue chez les femmes enceintes. Le risque d'infection à Zika est également présent dans le sud-est asiatique, les îles du Pacifique et l'Afrique.
La dengue connaît également une extension géographique. Une augmentation des cas est rapportée, notamment dans les zones urbaines et semi-urbaines. Un vaccin contre la dengue (Dengvaxia) a été développé par le laboratoire Sanofi Pasteur. A ce jour, il n'est pas autorisé en Europe et ne peut donc pas être utilisé dans la population européenne, ni dans la population française d'outre-mer.
Les mesures de protection personnelle antivectorielle (PPAV) sont tout à fait d'actualité.
5. Les contre-indications au voyage chez le drépanocytaire sont détaillées
Les principales contre-indications aux voyages prolongés sont une accélération récente de la fréquence des crises vaso-occlusives, un syndrome thoracique aigu dans les mois précédents, des antécédents récents d'accident vasculaire cérébral, un priapisme non contrôlé, l'association de plusieurs complications chroniques, une hypertension artérielle pulmonaire non traitée, une majoration récente de l'anémie avec des signes de mauvaise tolérance, la grossesse et toute déstabilisation récente de la maladie.
6. Autres chapitres des recommandations sanitaires pour les voyageurs
Le chapitre "Retour de voyage et santé publique" a été mis à jour avec les dernières données concernant l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, survenue durant la période 2014-2016. Les autres chapitres (risques liés à l'environnement ou à certains comportements, trousse à pharmacie et aspects administratifs) ne présentent pas de modifications notables depuis l'année dernière
Source : Santé publique France.