Exposition à la rage des voyageurs : un risque à ne pas négliger Médecine des voyages

Publié le 2 sept. 2017 à 15h28

Biographie

- Médecin responsable du centre de vaccinations internationales et du centre antirabique de Strasbourg.
- Médecin spécialisé en vaccinologie, en médecine des voyages et en léprologie. Formateur en vaccinologie et médecine des voyages pour la SMV.
- Membre de la Société de Médecine des Voyages (2006) et secrétaire général de la SMV (2015).

Liens d'intérêt

- Participation à divers EPU organisés par des associations de Médecins, Pharmaciens et/ou l’industrie pharmaceutique ; rémunération à la prestation. Activité uniquement pédagogique, en toute liberté avec garanties d'indépendance, impartialité et déontologie.
- Aucun investissement financier personnel ou familial dans une firme pharmaceutique.
- Aucune participation à des études cliniques de vaccins.
- Déclaration mise à jour le 14 novembre 2016.

L'histoire suivante montre que l'exposition à la rage est une réalité dans certains pays. Les voyageurs doivent être informés de ce risque, et les médecins doivent savoir l'évaluer pour proposer éventuellement une vaccination à titre préventif.

Une touriste de 54 ans, dans le cadre d'un voyage semi-organisé en Israël d'une quinzaine de jours, a été mordue par un chacal alors qu'elle se promenait dans le parc naturel de Tel Dan, au nord de la Galilée.

La morsure était située à la face interne du genou droit ; l'effraction cutanée qu'elle avait entrainée était peu importante.

La patiente a été prise en charge immédiatement dans un premier centre de soins pour un traitement curatif antirabique post-exposition avec le protocole ESSEN (l'un des deux protocoles utilisés dans ce cadre et validés par l'Organisation mondiale de la santé [OMS], qui nécessite cinq injections à J0, J3, J7, J14 et J28). Les injections vaccinales antirabiques à J0 et J3 (premier jour et trois jours plus tard) ont été effectuées sur place. La personne mordue s'est rendue au centre antirabique au retour de voyage pour recevoir les injections de J7 et J14, l'injection de J28 devant être effectuée le 11 septembre. Un dosage d'anticorps antirabiques est prévu 15 jours après la fin du traitement.

Des immunoglobulines humaines ont été injectées en intramusculaire dans chaque fesse au service des urgences de l'hôpital local, à J0. En raison d'un poids de 78 kg, elle a reçu quatre flacons d'immunoglobulines, pour une valeur de 1.500 €.

L'animal, qui avait mordu le même jour deux autres personnes, a été capturé et abattu. L'analyse de son cerveau a révélé la présence du virus rabique.

Cette observation, banale pour un centre antirabique, rappelle aux centres de médecine des voyages et de vaccinations internationales l'intérêt de proposer au voyageurs, dans certaines conditions, une vaccination antirabique à titre prophylactique (vaccination dite de pré-exposition), notamment pour les voyages aventureux ou semi-aventureux en zone à risque.

Pour vacciner en pré-exposition, la primovaccination comporte trois doses de vaccin (Vaccin rabique Pasteur ou Rabipur) administrées à J0, J7 et J28. La dose prévue à J28 pourra éventuellement être administrée à J21. Ce schéma d'administration suit les recommandations de l'OMS.

Si la vaccination de pré-exposition a été effectuée, elle ne dispense pas en cas d'exposition avérée ou suspectée de la mise en œuvre le plus tôt possible d'un traitement curatif. Mais ce traitement est simplifié (deux doses de vaccin à titre de rappel sont administrées à J0 et J3) et dispense du recours aux immunoglobulines, qui ne sont pas toujours disponibles ou de bonne qualité dans certains pays et sont généralement très couteuses.

Source : Centre antirabique du CHRU de Strasbourg.