Discussion autour de cas de rage humaine traités par protocole de Milwaukee

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Le 11 janvier 2018, selon des médias locaux (Mail Oneline), relayé par Promed, un adolescent de 14 ans, brésilien, a été mordu par une chauve-souris vampire et a contracté la rage.

L'adolescent a subi le protocole de Milwaukee. Il serait la cinquième personne au monde et le deuxième au Brésil à être guéri de la rage, selon des responsables de la santé brésiliens.

Mateus dos Santos da Silva, 14 ans, était l'un des trois enfants de la même famille qui ont contracté la maladie en novembre 2017 après avoir été mordu par une chauve-souris vampire. Ses deux frères et sœurs sont décédés.

Le protocole de Milwaukee, rendu célèbre il y a plus d'une décennie quand Jeanna Giese, du Wisconsin, alors âgée de 15 ans, a survécu à l'infection virale.

Le traitement consiste à mettre le patient dans un coma chimiquement induit et à administrer des médicaments antiviraux comme la ribavirine et l'amantadine. Les anesthésiques sont ensuite réduits après un certain temps après que l'on a démontré que l'infection est jugulée.

À ce jour, cinq cas de rage humaine auraient été guéris, deux aux États-Unis (2004 et 2011), deux au Brésil (2008 et le cas actuel) et un en Colombie en 2008.

Dans les années 1970, on décrit le cas d'une personne qui a survécu de la rage comme le note un rapport, "la première personne enregistrée pour survivre à la rage".

Aux Etas-Unis, le 15 janvier 2018, les autorités sanitaires de Floride notifiaient à l'inverse un cas d'échec du protocole de Milwaukee. Il s'agit d'un enfant de 6 ans qui a été mordu par une chauve souris malade. Selon un média local, les parents de l'enfant n'ont pas cherché à obtenir une prophylaxie post-exposition et n'ont pas consulté un médecin avant le début des symptômes.

Discussion sur ces cas

  • Il est clairement établi qu'il n'y a jamais eu de survie rapportée après exposition à un chien, quel que soit le traitement post-exposition utilisé (Milwaukee ou autre protocole)
  • En revanche la survie est extrêmement rare mais possible chez un sujet jeune immunocompétent, exposé à un virus de chauve-souris (virus moins bien adapté à l'homme).
  • La survie de ce jeune garçon n'a probablement aucun rapport avec le protocole de Milwaukee et ce patient d'après l'article en portugais risque d'avoir des séquelles lourdes si le diagnostic rage était confirmé.
  • Les Centers for Disease Control and Prevention n'ont pas confirmé ce cas et il n'y a pas de description de la méthode diagnostique (pas de PCR positive ?), pas de description d'un traitement prophylactique ou non.
  • Par ailleurs cet article mélange les notions : le premier survivant dans les années 70 avait probablement plutôt une encéphalite post-vaccinale après vaccination antirabique qu'une rage.
  • Comme quoi la vaccination préventive en cas de risque d'exposition est toujours d'actualité surtout chez les jeunes enfants voyageurs. Et le traitement post-exposition est toujours une urgence associant vaccins et immunoglobulines selon le type de morsure (protocole de l'Organisation mondiale de la santé) en cas d'exposition à un animal (morsure, griffure ou léchage sur une plaie) en pays à risque de transmission de la rage.

Arguments de discussion confirmés par :

  • Docteur Perrine Parize, Centre National de Référence de la Rage, Institut Pasteur Paris.
  • Docteur Christophe Hommel, Centre antirabique, Strasbourg.

Source : Médias locaux ; Outbreak News Today ; Promed.