Évolution de l'épidémie de monkeypox au Nigéria

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Au Nigéria, le 7 juin 2018, les autorités sanitaires de l'État du Plateau ont notifié deux nouveaux cas de monkeypox, biologiquement confirmés, dans la zone de gouvernement local de Shendam.

Un rapport du 25 février sur les cas de monkeypox indiquait un total de 228 cas suspects notifiés dans 24 États et dans le territoire de la capitale fédérale.

  • Quatre-vingt-neuf cas ont été confirmés dans 15 États, dont 6 décès depuis le début de l'épidémie.
  • Quatre des décès étaient des patients immunodéprimés.
  • Un regroupement de cas a été trouvé dans l'État de Bayelsa, l'État de Rivers et l'État d'Imo, mais aucune preuve de lien épidémiologique entre les États n'a été démontré.
  • Le séquençage génétique suggère de multiples sources d'introduction du virus du monkeypox dans la population humaine.

La question demeure sur la source de ces infections récentes au Nigéria et plus récemment en République centrafricaine, au Cameroun.

Au Nigéria, l'infection du cas index de cette flambée a été acquise dans le pays.En l'absence de relation interétatique et le séquençage génétique préliminaire suggére de multiples sources d'introduction du virus monkeypox dans la population humaine, on peut se demander s'il y a une épizootie de monkeypox chez les rongeurs dans une zone géographique relativement étendue au Nigéria.

Les études sur la prévalence du monkeypox dans les populations de rongeurs ne sont pas mentionnées dans ce rapport ou dans les rapports précédents. On pense que les principaux réservoirs du virus sont les rongeurs, y compris les écureuils à cordes (Junisciurus spp), un rongeur arboricole et les rongeurs terrestres dans les genres Cricetomys et Graphiurus.

Rappel sur le monkeypox

Le monkeypox est une maladie largement auto-limitante, c'est-à-dire une maladie qui se résout elle-même. Des éruptions cutanées vésiculaires généralisées, de la fièvre et un gonflement douloureux des mâchoires sont des symptômes caractéristiques associés à une infection. Bien qu'il n'y ait pas de médicament spécifique pour traiter la maladie, lorsque des soins de soutien intensifs sont fournis, pratiquement tous les patients se rétablissent complètement, comme nous l'avons vu avec la flambée actuelle.

Le virusmonkeypox est un membre du genre Orthopoxvirus dans la famille des Poxviridae. Les singes ne sont pas les réservoirs du virus. Les principaux réservoirs suspects sont des rongeurs, comme les écureuils (Funisciurussp. un rongeur arboricole), et des rongeurs terrestres (genres Cricetomys et Graphiurus).

L'infection résulte d'un contact direct avec le sang, les fluides corporels, ou des éruptions cutanées d'animaux infectés (manipulation de macaques infectés, ou de rongeurs).

La transmission secondaire d'humain à humain, résulte d'un contact étroit avec les excrétions des voies respiratoires infectées, avec les lésions de la peau d'une personne infectée ou avec des objets contaminés récemment.

Après une période d'incubation de 6 à 16 jours, la période de l'invasion (0-5 jours), est caractérisée par de la fièvre, des maux de tête intenses, une lymphadénopathie (gonflement des ganglions lymphatiques), des douleurs musculaires. Puis survient une éruption cutanée sur le visage (dans 95% des cas), sur les paumes des mains et la plante des pieds (75%) et presque simultanément sur le corps. L'éruption se manifeste par des maculopapules (lésions avec un fond plat), puis des vésicules (petites cloques remplies de liquide), et des pustules, suivies par des croûtes. Les symptômes de la variole du singe durent habituellement de 14 à 21 jours.

Le virus est transmis par un animal infecté ou par contacts avec des éruptions cutanées, du sang ou les fluides corporels de l'animal. Le virus peut aussi être transmis personne à personne par contact et le contact respiratoire ou direct avec la literie ou les vêtements contaminés.

Il n'y a pas de traitement spécifique pour monkeypox.

Avis de l'Organisation mondiale de la santé

Depuis un peu plus d'un an se propage sur un grand territoire d'Afrique subsaharienne une maladie peu connue qui n'avait pas resurgi depuis des décennies. Cousine de la variole (la petite vérole, smallpox en anglais, la terrible virose éradiquée depuis 1980) l'orthopoxvirose simienne (monkeypox) inquiète l'Organisation mondiale de la santé qui lui a consacré plusieurs pages de son Relevé épidémiologique hebdomadaire.

Depuis 2016, des cas d'orthopoxvirose simienne ont été confirmés au Libéria, au Nigéria, en République Centrafricaine, en République du Congo, en République Démocratique du Congo et en Sierra Leone, ainsi que parmi des chimpanzés en captivité au Cameroun.

Cette zoonose suscite une inquiétude croissante au point de figurer dans la liste des maladies prioritaires 2018 de l'Organisation mondiale de la santé, comme pathologie émergente exigeant une évaluation rapide du potentiel de riposte.

On sait qu'elle se manifeste surtout dans les forêts tropicales humides d'Afrique de l'Ouest et centrale et que la transmission se fait par les gouttelettes respiratoires ou les lésions qui contiennent le virus.

On connait sa clinique, proche de la variole, mais on ne lui connait pas de traitement curatif. Si smallpox avait une transmission exclusivement interhumaine, monkeypox a probablement de multiples réservoirs animaux mais ils ne sont tous identifiés.

La maladie peut être confondue avec la varicelle par les professionnels de santé qui la connaissent très peu ou pas du tout et ne savent pas comment éviter sa propagation.

Source : Promed.

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