Situation des foyers épidémiques à virus Chikungunya et à virus dengue en octobre 2019 Médecine des voyages

Publié le 19 oct. 2019 à 15h32

Biographie

Médecin retraité, spécialisé en médecine des voyages. Membre de la Société de médecine des voyages (depuis 2000) Formateur en vaccinologie et médecine des voyages (depuis 2000)

Liens d'intérêt

Absence de lien d’intérêt avec les firmes pharmaceutiques

La maladie à virus Chikungunya et la dengue sont des maladies à transmission vectorielle qui touchent environ un million de personnes chaque année. 

En 2018 et 2019, la France et l'Espagne ont notifié  les cas autochtones de dengue. 

Pour ces deux infection sur surveillance épidémiologique mondiale a été mise en place depuis le 27 janvier 2017.

A) Maladie à virus Chikungunya 

Le virus est largement répandu dans la région des Amériques, plusieurs pays ayant notifié cas en 2019. Des cas de maladie à virus Chikungunya ont également été signalés en Asie et en Afrique au cours de cette période.

1. EUROPE

Aucun cas autochtone du virus Chikungunya n'a été détecté dans les pays de l'UE / EEE continentaux en 2019.

2. AMÉRIQUES et CARAÏBES

Le 17 août 2019, les autorités sanitaires ont notifié des cas biologiquement confirmés.Pendant la même période en 2018, aucun cas n'a été signalé.

Le 1er octobre, les autorités sanitaires ont notifié 64 cas, contre 83 cas pour la même période en 2018. 

Le 22 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 119 176 cas suspects de maladie à virus Chikungunya, biologiquement confirmés, dont 72 décès liés.

Le 16 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 441 cas, dont 43 biologiquement confirmés. Cela suit la même tendance qu'en 2018, où 546 cas avaient été notifiés pour la même période.

Le 5 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 99 cas. Au cours de la même période en 2018, 114 cas ont été notifiés.

Le 15 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 580 cas suspects. Au cours de la même période en 2018, 303 cas ont été notifiés.

Le 5 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 5 cas suspects. Au cours de la même période en 2018, 20 cas ont été notifiés.

Le 7 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 123 cas suspects. Parmi ces cas, aucun n'est biologiquement confirmé.

Le 29 septembre, les autorités sanitaires ont notifié, 51 cas probables. Au cours de la même période en 2018, 1 231 cas ont été signalés.

Le 6 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 137 cas;

Le 31 août, les autorités sanitaires ont notifié 105 cas, dont 6 biologiquement confirmés.

3. ASIE

Selon le Centre national de contrôle des maladies, du 28 juillet au 11 août 2019, plusieurs cas de chikungunya ont été signalés dans l'État d'Arunachal Pradesh (77 cas), au Tamil Nadu (34 cas) et au Karnataka (9 cas). Les médias locaux signalent 164 cas à Pune et 46 cas à Hyderabad.

Le 7 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 477 cas à travers le pays. Selon le ministère de la Santé, la plupart des cas sont notifiés dans les régions de Selangor et Perak. de Malaisie.

Le 4 Septembre, selon l'Agence de protection de la santé des Maldives, es autorités sanitaires ont notifié 1 411 cas dans le pays. 

Le 13 Octobre, le pays a notifié 21 cas de chikungunya. À la même période en 2018, aucun cas de chikungunya autochtone n'a été notifié.

Le 6 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 8 104 cas sans décès lié dans 52 provinces. Les provinces présentant les incidences les plus élevées se situent dans le sud du pays.

4. AFRIQUE

Selon l'OMS, depuis le début de l'épidémie en juillet 2019 et le 29 septembre, 49 616 cas sans décès associé ont été notifiés à l'administration de la ville de Dire Dawa

5. AUSTRALIE et PACIFIQUE

Aucun de Maladie à virus Chikungunya, n'a été notifié.

6. Rappel sur le virus Chikungunya :

Le chikungunya est une maladie virale transmise par des moustiques décrite pour la première fois à l'occasion d'une flambée dans le sud de la Tanzanie en 1952. Le virus responsable est arbovirus ((virus transmis par les arthropodes), un Alphavirus de la famille des Togaviridae. Il est transmis d'un être humain à l'autre par les piqûres de moustiques femelles infectées. Les moustiques incriminés sont le plus souvent Aedes aegypti et Aedes albopictus, susceptibles de piquer pendant la journée, bien que leur activité maximale se situe surtout tôt le matin et en fin d'après-midi. Les deux espèces piquent à l'extérieur, mais Ae. aegypti le fait aussi volontiers à l'intérieur des bâtiments.

La maladie se manifeste généralement entre quatre et huit jours après la piqure par un moustique infecté. Elle est fortement invalidante et se caractérise par l'apparition brutale de fièvre souvent accompagnée de douleurs articulaires intenses  concernant principalement les petites ceintures articulaires (poignets, doigts, chevilles, pieds), de douleurs musculaires et de céphalées. La plupart des patients se rétablissent complètement, mais dans certains cas l'arthralgie peut persister pendant plusieurs mois ou même plusieurs années. On a signalé des cas occasionnels de complications oculaires, neurologiques et cardiaques, ainsi que des douleurs gastro-intestinales. Les personnes les plus à risque sont les malades chroniques, les enfants en bas âge et les femmes enceintes. Rarement, surtout chez les enfants, elle peut causer une méningite. 

La prise en charge médicale est purement symptomatique, reposant sur des traitements antidouleurs et anti-inflammatoires.

B) Maladie à virus Dengue :

1. EUROPE

En septembre 2019, l'Espagne et la France ont signalé des cas de dengue autochtones sans lien épidémiologique entre les événements. 

Le 16 septembre 2019, les autorités sanitaires locales espagnoles ont notifié un cas autochtone biologiquement confirmé en laboratoire à Barcelone. Il s'agit d'un patient résident sans antécédent de voyage récent hors d'Espagne. Selon les autorités sanitaires locales, le risque de transmission secondaire est très faible en raison de la baisse des températures saisonniéres.

le 20 septembre 2019, l'agence régionale de santé publique de région Provence-Alpes-Côte a notifié un cas confirmé de dengue survenu localement chez un habitant de Vallauris dans le département des Alpes Maritimes

L'apparition des symptômes a débuté le 30 août et n'a révélé aucun voyage récent en dehors des frontières. Ce cas a été confirmé en laboratoire par le Centre national de référence des arbovirus. La recherche active de cas secondaires a été mise en œuvre autour du domicile du cas autochtone.
Le 19 septembre. Quatre autres cas dans les environs immédiats ont été identifiés.

En outre, l'Agence régionale de santé publique d'Auvergne-Rhône-Alpes a notifié un cas probable autochtone. Il s'agit d'un résident de Caluire-et-Cuire, une banlieue de la ville de Lyon, dans le Rhône. L'apparition des symptômes a lieu le 14 juillet 2019. Le sujet ne fait état d'aucun voyage récent en dehors de la France métropolitaine.

2. AMÉRIQUES et CARAÏBES

L'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) a notifié 2 563 698 cas suspects et confirmés de dengue, 1 082 décès, dans la région des Amériques en 2019 à partir des données disponibles le 14 octobre 2019. 

Le Brésil est représentant 78% des cas (1 993 271 cas), enregistrant une multiplication par dix par rapport à la même période
en 2018, lorsque 203 200 cas ont été signalés. 

Les quatre sérotypes du virus de la dengue circulent dans le pays. Plus haut
Les taux d'incidence dans la Région des Amériques sont rapportés par le Nicaragua, le Belize, le Brésil et le Honduras.
Les quatre sérotypes du virus de la dengue (DENV 1, DENV 2, DENV 3 et DENV 4) circulent actuellement simultanément dans la Région des Amériques, ce qui augmente le risque de cas graves. 

Les chiffres pour chaque pays de la région des Amériques se trouvent sur le site d'information sur la santé de l'Organisation panaméricaine de la santé.

3. ASIE

Dengue: par rapport à la même période en 2018, les données sur les infections par la dengue jusqu'ici en 2019 montrent
des augmentations substantielles. Brésil, les Philippines, le Mexique, le Nicaragua, le Bangladesh, la Thaïlande, le Honduras, la Colombie,
La Malaisie et le Sri Lanka ont signalé la plupart des cas (89% sur 960 000) au cours des trois derniers mois. 

Cette année, la plupart des pays d'Asie et d'Asie du Sud-Est observent une hausse du nombre de cas.

Le 29 septembre, les autorités sanitaires ont notifié environ 56 000 cas, ce qui représente 8 fois plus de cas que  pour la même période en 2018.

Le 9 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 371 cas sans décès lié dans 52 provinces. Les provinces présentant les incidences les plus élevées se situent dans le sud du pays.

Le 9 octobre 2019, le Japon a notifié 371 cas. Le 16 octobre, les médias ont notifié deux cas autochtones de dengue à Tokyo avec une histoire de voyage à Nara et Kyoto au Japon.

Le 15 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 30 662 cas dont 59 décès liés, contre 100 pour la même période en 2018.
La tendance du nombre de cas rapportés chaque semaine est à la baisse et l'activité de la dengue est nettement supérieure à celle dde la même période en 2018 (4 400 cas).

Le 13 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 104 950 cas dont 204 décès liés, contre 56 608 dont 98 décès pour la même période en 2018.

Le 4 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 3 706 cas.

Le 10 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 5 095 cas. C'est une augmentation de 3 500 cas au cours des deux derniers mois.

Le 21 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 322 693 cas dont 1 272 décès liés, contre 149 849 dont 774 décès liés, pour la même période en 2018.

Le 5 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 12 615 cas, contre 1 200 pour la même période en 2018. Le nombre de cas hebdomadaires a diminué, passant d'un maximum de 664 la deuxième semaine de juillet à 249 la semaine se terminant le 5 octobre.

Le 15 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 98 714 cas, contre 42 000 pour la même période en 2018. Les provinces les plus touchées sont Chiang Rai, Chiang Mai, Mae Hong Son, Nakhon Phanom, Phra Nakhon Si Ayutthaya, Phetchabun, Lamphun et Phatthalung.

Le 12 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 516 cas, contre 533 cas pour la même période en 2018.

En octobre 2019, les autorités sanitaires ont notifié le premier cas confirmé de dengue chez une personne ayant voyagé en Inde pendant la période d'incubation.

Le 14 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 54 725 cas, contre 42 000 pour la même période en 2018.
L' épidémie suit la même tendance qu'en 2018,  Colombo, Gampaha,Kalutara et le district de Galle sont les zones les plus touchées.

Pour le Bangladesh, le Pakistan et le Népal, aucune tendance annuelle spécifique ne peut être observée, en raison de l'absence de données solides pour 2018.

Le 16 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 81 839 cas. Il s'agit d'une augmentation d'environ 30 000 cas au cours du dernier mois.

Le 1 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 3 855 cas.

Il n'y a pas de mise à jour pour la Chine, le Viêt Nam, l'Inde.

4. AFRIQUE

Selon l'OMS, le Sénégal, le Soudan et la Côte d'Ivoire et la Tanzanie ont notifié des cas.

Le Sénégal a notifié un cas de dengue confirmé le 13 septembre. Le cas vient de Kaolack avec apparition des symptômes signalée le 15 août 2019.

Le 15 octobre, le Soudan a notifié 135 cas.

La Côte d'Ivoire a notifié 281 cas confirmés et 2 920 cas suspects, dont deux décès (létalité : 0,1 %). Les sérotypes 1 et 2 co-circulent.

Le 29 septembre, la Tanzanie a notifié 6 916 cas confirmés, dont 13 décès liés (létalité : 0,2 %). Depuis le début de l'épidémie, les 11 régions ont été touchées.

Le 15 octobre, La Réunion a notifié 17 981 cas biologiquement confirmés dont 14 décès. Les autorités régionales continuent d'enregistrer une tendance à la baisse avec environ 10 cas par semaine. Les zones les plus touchées se trouvent au sud et à l'ouest de l'île.

Il n'y a pas de mise à jour pour le Bénin, Mayotte et Maurice. 

5. AUSTRALIE et PACIFIQUE :

Des cas de dengue sont signalés en Australie, en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie; et les îles Marshall ont signalé une épidémie de dengue.

Les autorités sanitaires ont notifié 1 107 cas, contre 631 cas pour la même période de l'année en 2018.

Le 14 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 1 488 cas depuis le début de l'année. DENV-1 et DENV-2 circulent.
Les cas sont rapportés sur les îles de Tahiti, Bora-Bora, Moorea, Nuku-Hiva, Raiatea, Huahine, Rangiroa, Ua Pou, Tahaa et Ua Huka. 

Le 13 octobre, les autorités sanitaires ont notifié 715 cas dont 207 cas biologiquement confirmés. Les cas ont été notifiés en raison d'une épidémie qui a débuté le 25 juin de cette année.

Le 26 septembre, les autorités sanitaires ont notifié 3 898 cas dont deux décès liés, en tendance à la baisse depuis avril.

Le nombre de cas signalés chaque semaine continue à diminuer. Parmi les échantillons sérotypés en 2019, le DENV-2 est en grande majorité et deux cas de DENV-1 et DENV-4 ont été importés.

5. Rappels sur la dengue :

La dengue, maladie virale due au virus de la Dengue (4 sérotypes) de la famille des Flaviviridae, transmise par une piqûre de moustique, se manifeste le plus souvent par un syndrome grippal (fièvre, douleurs musculaires, parfois éruption cutanée). La dengue peut évoluer en forme grave hémorragique. La prise d'aspirine est formellement déconseillée. Il n'existe pas de traitement médicamenteux préventif disponible contre la dengue.

Il existe :

  • La fièvre dengue caractérisée par l'apparition soudaine d'une forte fièvre, de graves maux de tête, une douleur derrière les yeux et des douleurs dans les muscles et les articulations. Certains peuvent également avoir une éruption cutanée et divers degrés de saignement dans diverses parties du corps (notamment le nez, la bouche et les gencives ou des ecchymoses sur la peau). La dengue a un large spectre d'infection (asymptomatique à symptomatique). La maladie symptomatique peut varier de la dengue (DF) à la dengue plus grave de la dengue (DH).
  • Fièvre hémorragique de la dengue (DHF) - est une forme plus grave, observée seulement chez une faible proportion des personnes infectées. La DHF est une maladie stéréotypée caractérisée par 3 phases; phase fébrile avec forte fièvre continue généralement inférieure à 7 jours; phase critique (fuite de plasma) d'une durée de 1 à 2 jours, généralement apparente lorsque la fièvre baisse, entraînant un choc si elle n'est pas détectée et traitée rapidement; phase de convalescence d'une durée de 2 à 5 jours avec amélioration de l'appétit, bradycardie (fréquence cardiaque lente), éruptions cutanées convalescentes (plaques blanches sur fond rouge), souvent accompagnée de démangeaisons généralisées (plus intense dans les paumes et les plantes des pieds) et de diurèse (augmentation du débit urinaire) .
  • Le syndrome de choc de la dengue (DSS) - Le syndrome de choc est une complication dangereuse de la dengue et est associé à une mortalité élevée. Une dengue grave survient à la suite d'une infection secondaire avec un sérotype viral différent. Une perméabilité vasculaire accrue, associée à un dysfonctionnement du myocarde et à une déshydratation, contribue à la survenue d'un choc entraînant une défaillance multiorganique.

Il n'existe pas de traitement spécifique contre le virus. Pour les touristes européens, la prévention de la dengue passe donc par la lutte contre son vecteur Aedes albopictus. Le moyen le plus efficace pour combattre ce moustique est d'éliminer ses lieux de ponte (soucoupes, petits récipients, déchets, réservoirs, vases, pneus, etc.).

C) Conseils aux voyageurs

Aucun vaccin n'est disponible contre le chikungunya et la dengue. 

Il est conseillé aux voyageurs de se protéger des piqûres de moustique. Il convient de respecter les mesures habituelles de lutte anti-vectorielle :

  • de réduire le temps passé à l'extérieur pendant les heures de pointe du moustique (entre le crépuscule et l'aube) ;
  • de porter des vêtements de couleur claire avec des manches longues, pantalons et chaussettes dans les zones où les moustiques sont présents ;
  • de se protéger des piqûres de moustiques en utilisant un insectifuge contenant du DEET ; 
  • de nettoyer les gouttières et vider régulièrement les bains d'oiseaux et autres objets susceptibles de recueillir de l'eau ;
  • de s'assurer que les barils de pluie sont recouverts de moustiquaires ou qu'ils sont étroitement scellés autour du tuyau de descente des eaux de pluiesd' ;
  • d'améliorer l'aménagement paysager pour empêcher l'eau stagnante autour de la maison.

Les personnes qui utilisent un écran solaire doivent appliquer le répulsif 20 minutes après l'écran solaire.

Afin d'éviter au maximum la dissémination du virus de la dengue, chikungunya et virus Zika sur le territoire métropolitain, devant une fièvre d'apparition brutale et des douleurs articulaires ou musculaires dans les 15 jours qui suivent le retour d'un voyage en zone à risque, il faut consulter son médecin au plus vite en signalant son voyage.

Source : European Centre for Disease Prevention and Control ; Autorités sanitaires des pays cités ; Organisation mondiale de la santé.