Vaccin anti-papillomavirus : une réduction de l'incidence du cancer du col de l'utérus est observée

Publié le 7 oct. 2020 à 22h35

Biographie

MD, PhD, ancien directeur scientifique de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA), Brétigny sur Orge, France.

Habilitation à diriger les recherches.

Enseignant à l’Ecole du Val-de-Grâce, à l’université d’Aix-Marseille, à l’Institut de formation en soins infirmiers Saint Joseph, Marseille.

Expert auprès de Santé publique France, de la Haute autorité de santé (HAS) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC).

Membre du Comité de protection des personnes (CPP) Sud-Ouest et Outre-mer II.

Liens d'intérêt

Absence de lien avec l’industrie pharmaceutique.

Aucune participation à des études cliniques de médicaments ou vaccins.

Déclaration établie le 2 janvier 2012, mise à jour le 21 septembre 2021.

Il est démontré qu'une infection par certains types de papillomavirus (HPV) est le facteur principal à l'origine du cancer du col de l'utérus. En conséquence, des vaccins ont été développés contre les types viraux les plus souvent impliqués, particulièrement les types 16 et 18. Ces vaccins, purement préventifs, se sont montrés efficaces contre l'infection à condition d'être administrés avant le premier contact avec le virus, transmis principalement par voie sexuelle. Ils ont ainsi été recommandés initialement chez les jeunes filles avant le premier rapport sexuel.

L'infection par un papillomavirus peut rester inapparente ou se manifester par l'apparition de lésions bénignes, macroscopiques (verrues génitales, condylomes) ou microscopiques (altérations cytologiques des muqueuses génitales). D'autres localisations sont possibles, au niveau de l'anus ou de la sphère ORL. Le cancer du col de l'utérus est une complication inconstante et tardive, qui se manifeste des années ou des décennies après l'infection initiale. De ce fait, alors que l'efficacité du vaccin anti-HPV contre les lésions précoces associées à l'infection, incluant des lésions précancéreuses, a pu être rapidement mise en évidence, on a longtemps manqué de recul pour évaluer l'impact sur le cancer. L'étude menée en Suède sur une période de 11 ans qui vient d'être publiée apporte de premiers résultats. Entre 2006 et 2017, les auteurs ont suivi 1 672 983 jeunes filles et femmes âgées de 10 à 30 ans ; 527 871 d'entre elles avaient reçu au moins une dose du vaccin Gardasil quadrivalent. Dans ce groupe, 19 cancers du col de l'utérus ont été diagnostiqués (incidence 0,004 %) alors que 538 l'ont été chez les non vaccinées (incidence 0,05 %). L'analyse des données, qui prend en compte plusieurs co-variables (âge à l'entrée dans l'étude, lieu de résidence, antécédents familiaux) montre que les femmes vaccinées ont été protégées, et tout particulièrement celles qui ont reçu le vaccin avant l'âge de 17 ans : leur risque de faire un cancer du col de l'utérus est 88 % inférieur à celui des femmes non vaccinées.

L'apparition de cas de cancer malgré la vaccination rappelle cependant que le dépistage doit rester la règle pour toutes les femmes. L'étude confirme l'intérêt d'une vaccination précoce, le vaccin n'ayant pas d'action curative sur des infections HPV déjà existantes.

Le bénéfice de la vaccination anti-HPV en termes de protection contre le cancer du col de l'utérus se confirme, et d'autres études devraient suivre. Elles pourront rendre compte des progrès attendus avec l'introduction d'un vaccin 9-valent qui confère une protection contre 9 types de papillomavirus (Gardasil 9, qui remplacera totalement le Gardasil en France à partir de 2021) et l'extension de l'indication de la vaccination aux garçons. A l'avenir, la mise au point de vaccins curatifs, permettant l'élimination du virus chez des sujets déjà infectés, devraient permettre d'élargir la protection.

Référence

  1. Lei J, Ploner A, Elfström KM, Wang J, Roth A, Fang F, Sundström K, Dillner J, Sparén P. HPV Vaccination and the Risk of Invasive Cervical Cancer. N Engl J Med. 2020 Oct 1;383(14):1340-1348. doi: 10.1056/NEJMoa1917338. PMID: 32997908.