Augmentation des cas de leptospirose dans le Territoire du Nord en Australie

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En Australie, dans le Territoire du Nord (NT) le NT's Centre for Disease Control public health signale une augmentation des cas de leptospirose chez les éleveurs de bétail. Il y a déjà eu 9 cas confirmés depuis le début de l'année 2021 contre seulement 4 cas au total sur l'année 2020. La plupart des nouveaux cas concernait des éleveurs de la rivière Daly et de la région rurale de Darwin, avec 2 cas confirmés à Pine Creek.

En Australie, plusieurs sérovars de la bactérie Leptospiraont été identifiés, dont Hardjo, Tarassovi, Pomona et Szwajizak.

Rappels sur la leptospirose :

La leptospirose est une maladie bactérienne présente dans le monde entier. La leptospirose est causée par la bactérie Leptospira interrogans. Celle-ci se maintient assez facilement dans le milieu extérieur (eau douce, sols boueux), ce qui favorise la contamination. La saisonnalité de la maladie est très marquée, avec une recrudescence estivo-automnale liée à la chaleur et aux précipitations.

Les leptospires sont des bactéries susceptibles d'infecter un grand nombre de mammifères sauvages (rongeurs et insectivores : rats, tangues, musaraignes, etc.) et domestiques (bovins, ovins, caprins, porcs, chiens), qui servent de réservoirs et les excrètent dans leur urine. Les bactéries peuvent survivre plusieurs mois dans un milieu humide et chaud.

Remarque : La taxonomie des leptospires est complexe, mais mérite d'être explicitée.

  • La classification traditionnelle est fondée sur les critères sérologiques. Elle subdivise le genre Leptospira en deux groupes : Leptospira biflexa sensu lato, regroupant les leptospires saprophytes, et Leptospira interrogans sensu lato, regroupant les leptospires pathogènes pour l’homme ou l’animal. Le groupe Leptospira interrogans comprend plus de 300 sérovars sur la base de l'hétérogénéité structurelle des lipopolysaccharides exposés en surface, regroupés en 23 sérogroupes. Il existe une certaine correspondance entre sérovars et formes cliniques ou entre sérovars et caractéristiques épidémiologiques. Les sérogroupes les plus fréquents chez l’homme sont Icterohaemorrhagiae, Australis, Grippotyphosa et Canicola. Les règles de dénomination sont les suivantes : _Genus species_serovar nom du sérovar (exemple:Leptospira interrogans serovar Ballum).
  • Une autre classification reposant sur des critères génomiques distingue trois groupes de leptospires en fonction de leur virulence : les leptospires saprophytes, les leptospires pathogènes et les leptospires «intermédiaires ». Les agents de la leptospirose appartiennent au groupe pathogène et intermédiaire. La corrélation entre les sérotypes et les données génomiques n'est pas toujours parfaite. Ainsi des sérovars appartenant au même sérogroupe sont dispersés au sein de plusieurs espèces, et une même espèce peut comporter de nombreux sérogroupes.

Certaines professions (agriculteurs, éleveurs, égoutiers, éboueurs…) et les personnes pratiquant des loisirs nautiques (baignade, canoé, kayak, pêche, chasse, canyonning...) sont particulièrement à risque. Chez l'homme, la bactérie pénètre principalement par la peau lésée ou les muqueuses.

La maladie est souvent bénigne mais des complications sont possibles, notamment une insuffisance rénale qui peut conduire au décès dans 5 à 20 % des cas. L'incubation de la maladie dure de 4 à 14 jours. Dans la forme modérée, la maladie débute par une fièvre élevée avec frissons, maux de tête, douleurs musculaires et douleurs articulaires diffuses. Dans 20 % des cas, elle se complique d'un syndrome hémorragique. Les formes graves (ictéro-hémorragique ou maladie de Weil) associent insuffisance rénale aiguë, atteinte neurologique (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins sévères (pulmonaire, digestive). Les signes cliniques initiaux peu spécifiques (céphalées, fièvre, myalgies) peuvent conduire à un retard diagnostique et thérapeutique par confusion avec des diagnostics différentiels tels que la grippe, le chikungunya ou la dengue.

Mesures de prévention et de protection individuelle contre la leptospirose :

  • Éviter de se baigner en eau douce, particulièrement lorsqu'on est porteur de plaies, et lorsque l'eau est trouble ou boueuse
  • Éviter tout contact avec l'eau, du nez, de la bouche et des yeux
  • Éviter de marcher pieds-nus ou en sandales ouvertes sur un sol boueux, dans les flaques, eaux stagnantes, ravines (en particulier dans les départements ultra marins)
  • Protéger les plaies du contact de l’eau par des pansements étanches
  • Porter des équipements de protection lors:
    • des activités professionnelles à risque (élevage, égoutiers, éboueurs, agriculteur, travail de la terre etc….) incluant bottes, gants, cuissardes, vêtements de protection, voire lunettes anti- projections en cas de risque de projection ;
    • de la pratique de sports en eau vive tels que le canyoning, le kayak, incluant une combinaison protectrice, des bottillons et des gants.
  • Lutter contre les rongeurs, qui sont le réservoir de la maladie ;
  • Après une exposition à risque
    • Laver à l’eau potable et désinfecter les plaies ;
    • Consulter sans délai un médecin en cas d'apparition des symptômes en lui signalant l'activité à risque pratiquée dans les deux semaines précédentes.

Ces mesures sont à renforcer durant la saison des pluies.

Il existe une vaccinationcontre la leptospirose. Son efficacité étant limitée à certaines souches de leptospire, elle est rarement réalisée en pratique, concernant essentiellement les professionnels.

Source : ProMED.