L'intérêt des vaccins contre les papillomavirus humains (HPV) dans la prévention du cancer du col de l'utérus fait régulièrement débat en France, tant auprès du grand public que des professionnels de santé.
Les inquiétudes portent principalement sur :
1. Place des vaccins HPV dans la prévention du cancer du col
Actuellement, deux vaccins sont disponibles en France : les vaccins Gardasil® et Cervarix®. Ces vaccins ne protègent pas contre tous les HPV. Cependant, ils sont destinés à la prévention de maladies dues aux HPV des types 6, 11, 16 et 18 (Gardasil®) ou des types 16 et 18 (Cervarix®), qui représentent près de 75 % des cancers du col de l'utérus.
L'efficacité de ces vaccins a été évaluée dans la prévention des lésions précancéreuses de haut grade du col utérin, c'est-à-dire survenant plusieurs années avant le cancer du col.
L'efficacité vaccinale contre les lésions précancéreuses du col, dans une population cible de la vaccination, c'est-à-dire les jeunes filles âgées de 14 à 23 ans, est de 42,7 % et ceci quel que soit le type d'HPV. L'efficacité vaccinale à 2 ans sur les lésions précancéreuses liées à HPV 16 et 18 atteint 95 % lors de la comparaison de populations de femmes âgés de 16 à 23 ans ayant été vaccinées ou bien ayant reçu des injections de placebo selon le même calendrier.
2. Tolérance des vaccins Gardasil® et Cervarix®
Afin de suivre les données de pharmacovigilance des vaccins Gardasil© et Cervarix©, un plan de gestion des risques européen et national (PGR) a été mis en place.
L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), à la date du 12 juillet 2011, a présenté le 3ème bilan du plan de gestion des risques pour les vaccins Gardasil© et Cervarix©.
a) Définition de Plan de gestion des risques (PGR)
Il s'agit d'un outil mis en place par l'Afssaps et les autorités européennes, permettant d'analyser, pour tout nouveau produit, tout effet indésirable observé par les professionnels de santé dans les conditions réelles d'utilisation. Dans ce cas, une notification (déclaration) est faite auprès des centres de pharmacovigilance en distinguant les effets indésirables bénins des cas hospitalisés (effets indésirables graves).
b) Recueil des données des PGR pour les vaccins Gardasil© et Cervarix©
Il a été réalisé à partir des comptes-rendus de pharmacovigilance européens et nationaux et de surveillance de l'incidence des maladies auto-immunes auprès de jeunes femmes vaccinées et non vaccinées.
c) Analyse des données des PGR
L'analyse des données de surveillance ne remet pas en cause le rapport bénéfices/risques de ces deux vaccins. En termes d'effets indésirables graves et de risque de maladies auto-immunes, l'incidence est inférieure à celle attendue en population générale. S'agissant des deux cas d'effets indésirables rapportés en juillet 2011 en France, l'expertise est en cours auprès de l'Afssaps.
3. Mesures à prendre pour lutter contre le cancer du col
Le dépistage du cancer du col par frottis cervico-vaginaux reste indispensable chez toutes les femmes vaccinées ou non. Ceci repose sur les arguments suivants :
4. Les questions qui restent posées
En l'absence d'essai comparatif entre les deux vaccins et d'études d'interchangeabilité, il n'est pas possible de comparer strictement leurs données d'efficacité. D'où la recommandation d'utiliser le même vaccin au cours de la vaccination.
Par ailleurs, la durée de protection des vaccins et la possible protection croisée contre d'autres virus HPV que ceux inclus dans les vaccins sont en cours d'étude. L'impact de la vaccination sur les comportements de prévention des infections sexuellement transmissibles reste à évaluer.
5. Rappel des recommandations vaccinales contre certains sérotypes oncogènes de HPV
Il s'agit des recommandations du Haut
conseil de la santé publique (HCSP), de janvier 2011, élaborées après avis du
Comité technique des vaccinations.