Augmentation des cas d'anaplasmose dans l'Etat de New York aux Etats-Unis

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Aux Etats-Unis, les autorités sanitaires du département de la santé du comté d'Onondaga, dans le centre de l'État de New York, signalent l'émergence d'une maladie transmise par les tiques, l'anaplasmose.
Alors qu'au cours des cinq dernières années, trois cas au total ont été signalés dans le comté d'Onondaga ; depuis le début de l'année, 6 cas ont été signalés.

Rappel sur l'anaplasmose** humaine :**

L’anaplasmose humaine est une zoonose émergente pouvant être transmise à l’homme par morsure de tique. Elle est due aux bactéries du genre Anaplasma connues pour être des agents pathogènes tant humains que vétérinaires. L’espèce A. phagocytophilum est la principale espèce responsable de l’anaplasmose humaine. Cette bactérie Gram négatif, obligatoirement intracellulaires (elle infecte les polynucléaires neutrophiles), appartient à l'ordre des Rickettsiales. Découverte en 1994 , elle avait été initialement rattachée au genre Ehrlichia.

La bactérie est maintenue dans la nature grâce à un cycle impliquant les tiques et de nombreuses espèces d’animaux vertébrés (ruminants et rongeurs, chevaux, animaux carnivores (chiens, chats) ou insectivores). La transmission à l’homme se fait à l’occasion d’une piqûre par une tique infectée appartenant au genre Ixodes : I. scapularis et I. pacificus sont les espèces vectrices les plus fréquentes en Amérique du Nord ; en Europe il s’agit d’_I. ricinus._La distribution géographique d’_A. phagocytophilum_suit celle des tiques et est en expansion en particulier vers le nord, possiblement du fait de l’évolution du climat qui favorise la survie des tiques et de leurs hôtes qui disposent d’une nourriture plus abondantes. A. phagocytophilum est distribué dans de grandes parties de l'Europe et dans certaines parties de l'Asie centrale, avec des cas signalés en Autriche, Croatie, France, Italie, Lettonie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Slovénie, Espagne et Suède ainsi que dans plusieurs pays asiatiques, dont la Russie, la Chine et la Corée du Sud. En Europe, les cas humains restent rares, mais l’anaplasmose entraine de nombreuses pertes dans les élevages bovins et ovins. En Amérique du Nord, _A. phagocytophilum_se trouve sur la côte Est et dans les régions du Midwest des États-Unis. Aux Etats-Unis, l'incidence de la maladie est estimée à 6,1 cas par million d'habitants, alors que les animaux d’élevage semblent peu touchés. En 2017, 5 762 cas avaient été enregistrés par les CDC. Les tiques du genre _Ixodes_sont capable de transmettre d’autres agents infectieux bactériens (Borrelia burgdorferi, Ehrlichia), viraux (virus de l’encéphalite à tique) ou parasitaire (Babesia). Des co-infections sont donc possibles en fonction de la zone géographique. La transmission à l’occasion d’une transfusion a été rapportée, mais elle est exceptionnelle.

L'apparition des symptômes se produit 1 à 2 semaines après l'exposition, et environ 75 % des malades signalent une morsure de tique. Les symptômes peuvent consister en des symptômes généraux de type rhume ou commencer plus brusquement par des symptômes de type grippal. L'atteinte du système nerveux central est possible comme la survenue d’une éruption cutanée généralisée. Des formes graves sont possibles, en particulier chez l’immunodéprimé. La différence entre les études de séroprévalence et les cas déclarés laisse penser que les formes pauci- voire asymptomatiques sont fréquentes. Le taux de létalité a été estimé à 0,3 % aux Etats-Unis. Sur le plan biologique, à la phase aigüe de l’infection, on note une diminution modérée du nombre de globules blancs et de plaquettes sanguines, une augmentation des enzymes hépatiques et un syndrome inflammatoire.

La méthode la plus sensible et la plus spécifique pour faire le diagnostic de l’infection est la PCR sur un échantillon de sang qui doit être prélevé le plus tôt possible par rapport au début des signes de l’infection. L’examen d’un frottis de sang au microscope après coloration peut montrer la présence d’amas de bactéries dans les polynucléaires neutrophiles ; cet examen est cependant difficile. Un diagnostic tardif par la mise en évidence d’anticorps est possible, mais en cas de positivité l’interprétation du résultat doit tenir compte de la fréquence des réactions croisées entre les anticorps dirigés contre A. phagocytophilum et ceux dirigés contre d’autres bactéries transmises également par les tiques (Ehrlichia, Borrelia …).

Le traitement repose sur la doxycycline qui doit être poursuivie pendant au moins trois jours après la disparition de la fièvre. Si une maladie de Lyme concomitante est suspectée, le traitement pourra être prolongé.

Recommandations pour le voyageur :

En l'absence de vaccin, la meilleure méthode pour éviter d'être infecté par A. phagocytophilum est de limiter l'exposition aux tiques. A. phagocytophilum pouvant être transmis dans les quelques heures qui suivent la fixation de la tique, même un retrait rapide peut ne pas empêcher l'infection.

Les zones à risque comprennent les zones boisées, les landes, les parcs et les jardins avec des animaux sauvages ; les tiques sont plus fréquentes d'avril à octobre. Des activités telles que le camping, les pique-niques, la randonnée pédestre et le cyclisme peuvent augmenter les risques.

La prophylaxie de cette maladie à transmission vectorielle repose uniquement sur la prévention des piqûres de tique :

  • Port de vêtements longs, au mieux imprégnés d'un pyréthrinoïde de synthèse ;
  • Utilisation des répulsifs cutanés, principalement à base de DEET à une concentration supérieure à 20% ;
  • Surveillance corporelle systématique au retour de promenade en campagne pour retirer les tiques.

Référence : (1) Madison-Antenucci S et al. Emerging Tick-Borne Diseases. Clin Microbiol Rev. 2020 ; 33(2):e00083-18. (2) ChastagnerA. Etude des cycles épidémiologiques d’Anaplasma phagocytophilum en France : apport des approches de caractérisation génétique. 2015.

Source : Outbreak News Today.

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