Hong Kong signale le quatrième cas de mélioïdose en 2023
A Hong Kong, le Centre de protection de la santé (CHP) du ministère de la Santé (DH) a signalé qu'un nouveau cas confirmé de mélioïdose avait été enregistré au cours de la semaine écoulée (18 au 24 mars).
Le cas concerne un homme de 76 ans souffrant de diabète et vivant à Sham Shui Po. Il a développé de la fièvre, de la toux et une faiblesse généralisée le 25 février et s'est rendu au service des accidents et des urgences du centre médical Caritas le 1er mars, où il a été admis le même jour. Il a développé une rétention aiguë d'urine et a été mis sous cathéter urinaire. Il a été traité avec des antibiotiques et est sorti de l'hôpital le 19 mars. Sa sonde urinaire s'est bouchée le 20 mars et il a été réadmis le même jour. L'analyse de son échantillon d'urine a confirmé la présence de Burkholderia pseudomallei. Son état est maintenant stable. Une enquête épidémiologique sur ce cas est en cours.
Au total, quatre cas d'infection par la mélioïdose ont été enregistrés à Hong Kong depuis le début de l'année. En 2022, 46 cas d'infection par la mélioïdose ont été enregistrés, dont 30 cas vivant à Sham Shui Po depuis le mois d'août de cette année-là.
Rappel sur la mélioïdose :
La mélioïdose (appelée également maladie de Whitmore) est une infection due à Burkholderia pseudomallei (ou bacille de Whitmore) une bactérie de l'environnement retrouvée dans les eaux de surface, la boue, les sols argileux humides, notamment lors de l'inondation des rizières et de la plantation du riz au début de la saison de la mousson.
La mélioïdose est considérée comme endémique ou potentiellement endémique en Australie, en Asie, sur le continent américain et dans les Caraïbes, en Afrique et au Moyen Orient. On estime le nombre de cas annuel à 165 000, dont 89.000 décès. La maladie peut survenir en zone d'endémie sur un mode épidémique et son incidence est directement liée à la saison des pluies et aux inondations.
Elle touche préférentiellement les personnes travaillant dans l'agriculture, les mines et la construction. En dehors des zones d'endémie, des cas d'importation sont régulièrement rapportés chez des touristes et des migrants. Les écotouristes et les voyageurs en condition aventureuse sont plus exposés.
La mélioïdose peut être contractée de trois manières :
- par voie transcutanées lorsque qu'une plaie ou des abrasions cutanées sont au contact du sol ou de l'eau contaminés,
- par voie aériennes par des aérosols contaminés,
- par voie digestive lors de l'ingestion d'eau contaminée non traitée.
La transmission interhumaine a été décrite mais est exceptionnelle. Outre l'homme, de nombreuses espèces animales peuvent être infectées.
On estime la période d'incubation moyenne à neuf jours (1-21 jours), mais les symptômes peuvent débuter plus rapidement (<24 heures) après une inhalation.
- La plupart des patients développent une mélioïdose aiguë après une infection récente (85% des cas). La bactérie est présente dans le sang dans 50% des cas et 20% des patients développent un choc septique. L'infection peut se présenter sous la forme d'une infection pulmonaire (50% des adultes, 20% des enfants) ou cutanée (60% des enfants contre 13% des adultes), sous la forme d'abcès au niveau de différents organes (foie, rein, rate, prostate), d'une atteinte du système nerveux central ou d'une infection osseuse ou articulaire. D'autres localisations sont plus rares (anévrisme mycotique, péricardite, médiastinite).
- Dans environ 10% des cas se développe une mélioïdose chronique se traduisant par une atteinte pulmonaire ou cutanée symptomatique pendant plus de 2 mois, généralement associée à des signes généraux.
- Environ 4 % des cas développent une réactivation pulmonaire de la maladie restée latente, parfois des décennies après l'infection initiale.
- Une rechute de l'infection primaire peut également se produire (1 à 2% à 1 an en cas de traitement bien conduit, environ 10% des cas à 10 ans).
La mortalité due à la mélioïdose aiguë varie de 10 à 50 %, mais peut être supérieure quand les ressources médicales sont limitées ou quand le malade présente des facteurs de risque (diabète, maladie chronique du foie ou du rein, thalassémie, immunodépression, maladies pulmonaires chroniques). Les taux seraient plus bas pour ce qui concerne les cas importés (6% dans une série européenne).
Le traitement repose sur des antibiotiques administrés pendant plusieurs mois.
Prévention pour le voyageur :
Le risque de contracter une mélioïdose est faible sauf à être impliqué dans des travaux agricoles ou des interventions humanitaires lors d'inondation. Les mesures suivantes permettent de réduire le risque d'exposition :
- Éviter de se baigner en eau douce et d'entrer en contact avec le sol ou la boue pendant la saison des pluies dans les zones endémiques, en particulier si l'on présente des plaies ou des abrasions cutanées.
- Nettoyer et désinfecter toute lésion cutanée.
- Lors des déplacements en zone humide, porter des chaussures fermées et protéger les éventuelles lésions cutanées par des pansements.
- Les voyageurs souffrant de diabète ou d'une maladie rénale chronique sont plus exposées à la mélioïdose et doivent éviter tout contact avec le sol et l'eau stagnante.
- Les personnes qui effectuent des travaux agricoles devraient porter des bottes.
Les personnes à haut risque devraient envisager de reporter leur voyage si il est prévu en période d'hyperendémie, comme pendant les pluies de mousson.
Source : Outbreak News Today.