France : premier bilan de la surveillance par la déclaration obligatoire des cas d’encéphalite à tiques

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Face à l’augmentation de l’incidence de l'encéphalite à tiques dans toute l’Europe et l’extension de la zone et la période où le virus circule habituellement, les infections par le virus de l’encéphalite à tique (virus TBE) ont été inscrites sur la liste des maladies à déclaration obligatoire (MDO) en mai 2021. Santé publique France a mis en ligne le 7 juillet le premier bilan des cas recensés par la DO entre mai 2021 et mai 2023.

1. Nombre de cas et caractéristiques démographiques

  • 71 cas

ont été notifiés entre mai 2021 et mai 2023, (30 en 2021, 36 en 2022 et 5 en 2023) ;

  • La moitié des cas (37/71) étaient survenus entre mai et juillet ;
  • 4 cas étaient des enfants de moins de 16 ans et 15 étaient âgés de plus de 65 ans.

2. Présentation clinique et diagnostic

  • Tous âges confondus, 26 (37%) ont présenté une méningite, 27 (38%) une encéphalite, 9 (13%) une méningo-encéphalite et 2 (3%) une encéphalomyélite. Sept cas (10%) n’ont présenté aucun signe neurologique ;
  • 94% des cas ont été hospitalisés ;
  • Au moment de la déclaration, aucun n’était décédé, 20 cas étaient considérés comme guéris, 30 présentaient des séquelles ou signes persistants et 19 étaient encore hospitalisés.
  1. Lieu probable de contamination

Soixante et un cas (86%) étaient des cas d’infection « autochtone » :

  • 44 cas (62%) avaient été très probablement contaminés dans un département à risque connu : Haute-Savoie (n=14) qui est le département ayant rapporté le plus de cas au cours de ces deux années , alors que la reconnaissance du virus y est beaucoup plus récente qu’en Alsace, Haut-Rhin (n=11), Bas-Rhin (n=10), Loire (n=3), Ain (n=2), Puy de Dôme (n=2), Isère (n=1) et Savoie (n=1)
  • 17 cas avaient été très probablement contaminés dans un département où aucun cas humain n’avait été notifié précédemment : Rhône (n=4 dont 3 cas impliqués dans une toxi-infection alimentaire collective), Ardèche (n=2), Cantal (n=2), Doubs (n=2), Vosges (n=2), Meurthe et Moselle (n=1), Marne (n=1), Moselle (n=1), Haute Saône (n=1), et pour un cas, le lieu de contamination pouvait être la Meurthe-et-Moselle ou les Vosges
  • De manière générale, la région Auvergne-Rhône Alpes est dorénavant une zone importante de circulation du virus , avec des massifs particulièrement à risque, tels que le Forez. La zone de circulation du virus a atteint le sud l’Ardèche, département qui devrait faire l’objet d’une vigilance particulière.

Dix cas (14%) avaient été infectés dans un pays « à risque » : Autriche (n=3), Allemagne (n=3), et Finlande, Lettonie, Slovénie et Suède pour 1 cas chacun

4. Expositions rapportées

  • 36 cas (51%) rapportaient une piqure de tique dans un délai compatible avec leur date de début des signes ;
  • 11 cas (15%) exerçaient des professions les exposant particulièrement à des piqures de tiques : éleveur ou famille d’un éleveur ou ouvrier d’élevage de chevaux ou ruminants (n=7), agent de l’Office National des Forêts (ONF) (n=1), horticulteur (n=1), forestier (n=1), étudiant en lycée agricole (n=1) ;
  • 18 cas rapportaient la consommation de lait cru ou de produits laitiers au lait cru, mais l’information était manquante pour 25.

5## . Prévention de l'encéphalite à tiques

Se protéger des piqûres de tiques :

  • Se couvrir, en portant des vêtements longs qui recouvrent les bras et les jambes, un chapeau et rentrer le bas du pantalon dans les chaussettes ;
  • Rester sur les chemins et éviter les broussailles, les fougères et hautes herbes ;
  • Utiliser des répulsifs cutanés.
  • En rentrant chez soi après une balade en forêt ou après avoir jardiné, il est conseillé de s’examiner et vérifier soigneusement l’ensemble de son corps ; en cas de piqûre, retirer le plus rapidement possible la ou les tiques avec un tire-tique ou à défaut une pince fine.

La vaccination est actuellement recommandée pour les voyageurs devant séjourner en zone rurale ou boisée dans les régions d’endémie (zone tempérée de l’Eurasie) jusqu’à 1 500 mètres d’altitude, du printemps à l’automne.

Concernant la transmission par les produits laitiers crus, on sait que la pasteurisation du lait élimine le virus et que celui-ci ne survit pas dans les fromages ayant un temps d’ affinage de plusieurs mois.

Source : Santé publique France