Au Pérou, urgence sanitaire due à l'augmentation inhabituelle des cas de syndrome de Guillain-Barré au niveau national

medecinedesvoyages.net

Au Pérou, le Centre national d'épidémiologie, de prévention et de contrôle des maladies (CDC PERU) du ministère de la santé (MINSA) a émis le 27 juin 2023 une alerte épidémiologique en raison d'une augmentation des cas de syndrome de Guillain-Barré dans certaines régions du pays afin d'intensifier la surveillance épidémiologique, la prévention et la réponse dans les établissements de santé publics et privés.*

Au Pérou le nombre de cas de SGB signalés au cours des quatre dernières années était le suivant :

  • en 2019, une épidémie sans précédent de SGB avait été signalée, affectant plusieurs régions du pays, avec environ 900 cas rapportés. Il avait été conclu que cette épidémie était associée à la présence du génotype Campylobacter jejuni ST2993 ;
  • en 2020, un total de 448 cas ont été signalés avec une moyenne hebdomadaire de 11 cas ;
  • en 2021, un total de 210 cas ont été signalés avec une moyenne hebdomadaire de 4 cas ;
  • en 2022, un total de 225 cas ont été signalés avec une moyenne hebdomadaire de 4 cas.

En 2023 , jusqu’au 26 juin, 108 cas de SGB ont été enregistrés par le CDC Pérou. Les départements ayant rapporté le plus grand nombre de cas en 2023 sont Lima (26 cas), La Libertad (20), Piura (12), Cajamarca (11), Junín (8), Cusco (7) et Callao (5). Le nombre moyen de cas mensuels était inférieur à 20 cas au niveau national, un taux inférieur à celui signalé au cours des années précédant l'épidémie de SGB de 2019. La tendance hebdomadaire observée jusqu'à la semaine épidémiologique (SE) 23 est restée similaire à celle rapportée au cours des années 2021 et 2022. Cependant, pour la SE 26 (au 26 juin), une légère augmentation des cas (n=20) a été rapportée par rapport à la moyenne observée au cours des semaines précédentes où entre 2 et 8 cas ont été rapportés. Les 20 cas rapportés dans le SE 26 proviennent des départements de Piura (6), La Libertad (4), Lima (3) Cajamarca (2), Callao (2), Junín (2) et Lambayeque (1).

Samedi 8 juillet , le gouvernement péruvien a déclaré une urgence sanitaire nationale pour une période de 90 jours civils. Le décret, publié dans le journal officiel El Peruano, détaille un plan d'action qui a été élaboré avec un budget de 12,12 millions de soles (3,3 millions de dollars américains) dans le but d'améliorer les soins aux patients dans les établissements de santé, de renforcer le contrôle des cas et de préparer du matériel d'information pour la population et le personnel de santé. Au # 8 juillet

, le pays avait enregistré # 182 cas de SGB

, dont 31 patients sont hospitalisés et 147 sont sortis de l'hôpital, et # 4 sont décédés

.

Rappels sur le syndrome de Guillain Barré

Le Syndrome de Guillain Barré, également appelé polyradiculonévrite démyélinisante inflammatoire aiguë (PDIA), est une maladie neurologique auto-immune. Il s’agit de la neuropathie aiguë paralysante la plus fréquente (taux d’incidence de 1,1 / 100 000). Le SGB peut survenir à tout âge, avec deux pics d’incidence concernant d’une part les enfants et les jeunes adultes et d’autre part les sujets de plus de 55 ans.

Le SGB est souvent précédé d’une infection ou d’un autre stimulus du système immunitaire. Il s’agit le plus souvent d’infections virales des voies aériennes supérieures ou du système digestif ou d’agents infectieux plus spécifiques comme la grippe, Campylobacter jejuni, Haemophilus influenzae, Mycoplasma, les virus cytomégalovirus, Epstein-Barr et varicelle-zona, la dengue, l’encéphalite japonaise, le chikungunya, le virus West-Nile, l’hépatite E ou, plus récemment, le
virus Zika et la Covid-19. Néanmoins, l'absence d'infection précédant le SGB n'exclut pas ce diagnostic, car les infections putatives ou d'autres stimuli immunologiques peuvent être infracliniques.

Le diagnostic de SGB doit être suspecté chez les patients qui présentent une faiblesse bilatérale d’évolution rapide des membres inférieurs et/ou des membres supérieurs en l'absence de signes d'atteinte du système nerveux central et d'autres causes évidentes de paralysie. Il s’agit d’une urgence diagnostique et thérapeutique pouvant engager le pronostic vital. L’évolution de la maladie est caractérisée en 3 phases : une phase d’extension des paralysies durant au maximum 1 mois, une phase de plateau de quelques jours à quelques mois, une phase de récupération plus lente sur plusieurs mois. Malgré le taux de mortalité autour de 5% et le risque de séquelles à long terme de 15-20%, le pronostic est globalement bon pour la plupart des patients atteints de SGB.

Le traitement comprend des mesures symptomatiques destinées à lutter contre les conséquences de la paralysie musculaire et nécessitant la proximité d’un service de réanimation (nursing, kinésithérapie, prévention des complications thromboemboliques, nutrition entérale si besoin, etc…), et des mesures spécifiques destinées à lutter contre le processus de démyélinisation et donc à limiter l’importance des paralysies. Ces mesures sont soit les échanges plasmatiques soit des immunoglobulines par voie intraveineuse (IgIV). Elles doivent être utilisées le plus tôt possible, durant la phase d’extension des paralysies.

Source : Outbreak News Today, Centre national d'épidémiologie, de prévention et de contrôle des maladies du Pérou