France : une femme est décédée de la rage le 9 octobre 2023

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Le CHU de Reims a confirmé le jeudi 12 octobre qu'une femme hospitalisée suite à une contamination par le virus de la rage, était décédée le lundi 9 octobre.

Samedi 7 octobre 2023, un homme et une femme se sont présentés aux urgences du Centre Hospitalier Universitaire de Reims. Tous les deux avaient été blessés par un chat dans un pays du Maghreb quelques semaines auparavant. Dès sa prise en charge, l’équipe médicale a identifié que la patiente présentait les signes cliniques compatibles avec une suspicion de diagnostic de rage. Malgré une prise en charge rapide en réanimation, la patiente est décédée lundi 9 octobre 2023. Le Centre National de Référence de la Rage (CNRR), seul habilité à établir le diagnostic, a confirmé le diagnostic de rage le mercredi 11 octobre 2023. L'homme a été préventivement pris en charge et n'est plus hospitalisé. Ses jours ne sont pas en danger.

En France, depuis 1970, 25 cas de rage avaient été observés chez l’homme :

Cas autochtones : 2 cas

  • Jusqu'en 2019, le dernier cas autochtone chez l’homme remontait à 1924. En 2019, un patient vivant en zone rurale en région Nouvelle Aquitaine est décédé au décours d’une encéphalite d’étiologie indéterminée. Le diagnostic de rage a été établi a posteriori au cours d’une étude investiguant par recherche génomique des patients atteints d’encéphalite décédés sans diagnostic. Ce patient était infecté par un Lyssavirus de type European Bat Lyssavirus 1 (EBLV-1) et n’avait pas effectué de voyage dans une zone à risque de rage.
  • Par ailleurs, en 2008, un cas humain infecté localement a été diagnostiqué en Guyane, probablement lié à une contamination par une chauve-souris.

Cas d'importation : 23 cas

  • Vingt cas d'importation ont été signalés de 1970 à 2003. Ils ont été contractés au Niger (1), Gabon (4), Algérie (5), Maroc (2), Egypte (2 dont un cas après une greffe de cornée), Tunisie (1), Sénégal (1) Mexique (1), Mali (1), Madagascar (1), inde (1).
  • En 2014 , un patient de retour d’un séjour de plusieurs mois au Mali a été diagnostiqué atteint de rage.
  • En 2016 , un patient étranger a présenté une encéphalite fatale lors d’un séjour touristique en France. Le patient avait rapporté une morsure de chien survenue lors d’un séjour au Pakistan en 2015. Le diagnostic de rage a été établi en 2017 lors d’examens complémentaires post-mortem.
  • En 2017 , un diagnostic de rage a été établi chez un enfant contaminé par un chiot lors d’un séjour au Sri Lanka.

Les recommandations pour les voyageurs

Le niveau de risque vis de la rage est variable selon les pays.

La vaccination préventive contre la rage est recommandée pour les voyageurs dont le séjour est prolongé ou aventureux et en situation d’isolement dans des zones à haut risque (Asie, Afrique dont Afrique du Nord, Amérique du Sud). Elle est recommandée en particulier chez les jeunes enfants dès l’âge de la marche. En effet, ceux-ci ont un risque plus élevé d’exposition par morsure ou par contact mineur passé inaperçu (léchage sur peau excoriée, griffure...). La vaccination préventive ne dispense pas d’un traitement curatif (deux injections de rappel), qui doit être mis en œuvre le plus tôt possible en cas d’exposition avérée ou suspectée, mais elle simplifie le traitement et dispense du recours aux immunoglobulines, qui ne sont pas toujours disponibles dans les pays en développement.

Il est en outre recommandé aux voyageurs se rendant en zone d’endémie d’éviter tout contact avec des animaux errants ou au comportement suspect.

La rage peut être prévenue à 100% par la mise en œuvre d’une prophylaxie post-exposition précocement après l’exposition à un animal suspect d’être enragé. Ce traitement préventif comprend le nettoyage de toutes les plaies , juste après la morsure ou griffure (eau et savon pendant 15 min) puis une antisepsie soigneuse (un contrôle de l’immunité antitétanique est également recommandé ainsi qu’une antibioprophylaxie dans certains cas). La prophylaxie post-exposition en elle-même, comprend une vaccination, accompagnée de l’administration d’immunoglobulines antirabique pour les expositions les plus sévères. Le traitement doit être effectué rapidement après l’exposition, avant l’apparition des premiers symptômes qui signe une évolution inexorablement fatale. Chez la personne vaccinée de manière préventive , la prise en charge après exposition est simplifiée, mais des injections de rappel restent indispensables. Pour les voyageurs chez lesquels la vaccination antirabique préventive est recommandée ou ayant déjà reçu une série de vaccination post-exposition, le HCSP (avis du 22 février 2013) recommande de suivre les recommandations de l'OMS de 2010 et ne plus proposer un rappel à 1 an puis tous les 5 ans, sous réserve de la possibilité d'une revaccination rapide avec une première dose délivrée après exposition et une autre dose à J3. L'administration d'immunoglobulines antirabiques n'est pas indiquée dans un tel cas.

Les situations considérées à risque de transmission de rage et qui doivent conduire à une consultation rapide dans un centre antirabique sont :

  • les morsures, griffures, contact de salive sur plaie ou muqueuse dans un autre pays où la rage circule encore chez les chiens, carnivores domestiques ou la faune sauvage ainsi qu’en Guyane
  • les contacts avec les chauves-souris partout dans le monde.

Concernant les animaux :

  • Il est strictement déconseillé de ramener avec soi un animal. Par mesure de précaution, il convient de se renseigner sur les conditions sanitaires d’introduction ou d’importation d’animaux de compagnie en France auprès des autorités françaises (ambassade de France, services vétérinaires départementaux, ministère de l’Agriculture).
  • Pour voyager avec son animal de compagnie, des démarches préalables sont obligatoires (leur non-respect est passible de sanctions pénales). Il convient de prendre contact avec son vétérinaire suffisamment tôt avant le départ (de 1 à 4 mois selon la destination).

Source : france3-region